Nous allons dans le mur, mais nous avons les moyens de l'éviter

'Depuis 1998, les zones d'ombre se multiplient : une nouvelle OCM, qui n'a fait l'objet d'aucune simulation économique, des interrogations sur les marchés des alcools et eaux-de-vie, le flou autour de la consommation mondiale de vin. Le redressement depuis 1995 est-il un simple arrêt de la baisse observée les décennies précédentes, ou un mouvement durable ?C'est dans l'obscurité que l'Union européenne aborde les virages difficiles et qu'elle se décide tardivement à changer de cap. Mais c'est une politique à contretemps. Ainsi, de nombreux ' débridages ' sont inscrits dans l'OCM : les aides à la restructuration sont très importantes, les plantations nouvelles et les plantations anticipées sont permises et, surtout, la distillation obligatoire, épée de Damoclès pour éviter de produire trop, disparaît. Certains pays auront économiquement intérêt à faire des volumes. D'après nos calculs, la combinaison de l'ensemble peut faire augmenter la production de l'Union de plus de 9 % d'ici à 2007, soit + 15 millions d'hl. En s'appuyant sur des études récentes, une augmentation totale de la production, hors Union européenne, de 20 millions d'hl, toujours d'ici à 2007, reste vraisemblable. Le total est donc à + 35 millions d'hl ! Qui boira ces 15 % de production supplémentaire au plan mondial ? On va droit dans le mur, mais on a les moyens de l'éviter. Notre groupe voit quatre priorités : diffuser largement le message vin et santé, hiérarchiser la masse d'informations dont dispose la filière pour y voir plus clair, un effort accru sur la promotion de nos vins et, enfin, réguler les volumes, y compris au niveau mondial. Espérons qu'il ne faudra pas attendre le plus profond de la crise pour commencer à réfléchir ensemble sur tout ça. ' (1) Le Groupe des Quinze est un groupe informel constitué en 1994, qui rassemble des experts et des praticiens de l'économie du vin, venus de tous les horizons et de toutes les régions. Il vient de sortir une synthèse de 4 pages sur le sujet. Pierre Leclerc est directeur du Comité économique des vins du Sud-Est (Bouches-du-Rhône).