Patrick Léon, directeur général technique de Baron Philippe de Rothschild SA (Pauillac, Gironde). Chiffres d'affaires du groupe: 965 millions de francs (1999).
Première exportatrice de vins de Bordeaux, la société Baron Philippe de Rothschild réalise 80 % de son chiffre d'affaires à l'exportation. Chaque année, la maison met sur le marché 26,5 millions de bouteilles, dont la moitié dans la gamme Mouton Cadet. Sa stratégie est simple : pour chaque catégorie de produits, elle cherche à présenter une offre ' pyramidale ' avec entrée, milieu et haut de gamme. Pour les bordeaux, cela se traduit par une production de vins de château, destinés aux cavistes et à la restauration de prestige. Les entrées de gamme sont assurées sous les dénominations Berger Baron (en grandes surfaces) et Agneau (en circuit traditionnel). Entre le sommet et la base du triangle, la marque Mouton Cadet couvre l'essentiel des volumes. ' Les cinq produits sous ce nom sont le fruit d'assemblages de vins achetés à des viticulteurs du Bordelais, explique Patrick Léon. Leur production est acquise par Rothschild, soit au stade de la vendange, soit via un contrat annuel d'exclusivité, soit sur la base d'un partenariat ou sur le marché libre de la place de Bordeaux. ' Depuis plusieurs années, le négociant bordelais s'est diversifié, à l'étranger (Californie et Chili), puis en France, avec une gamme de vins de cépages produits dans le Languedoc. Dans ce vignoble, la stratégie ' pyramidale ' se poursuit. Après l'acquisition en 1998 du domaine de Lambert (100 ha près de Limoux, Aude), la société lance Baron'Arques. Ce vin de pays de la haute vallée de l'Aude est le fruit d'un assemblage entre des cépages atlantiques (cabernet sauvignon, cabernet franc et merlot) et méditerranéens (grenache, syrah, malbec). Le lancement du millésime 1998 est en cours dans les épiceries fines et la restauration.Une société a été créée entre le négociant bordelais, qui détient 65 % des parts, et Les vignerons du Sieur d'Arques, cave coopérative des producteurs de blanquette de Limoux. Une quarantaine de producteurs ont passé un contrat avec Baron'Arques et se sont engagés à travailler certaines de leurs parcelles suivant le cahier des charges défini dans l'accord. En contrepartie, Baron'Arques leur verse un revenu fixe à l'hectare, prenant ainsi à sa charge le risque cultural.