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Oïdium : la chasse démarre peu avant la fleur

La vigne - n°120 - avril 2001 - page 0

Même dans le Midi, il suffit de démarrer la protection contre l'oïdium quelques jours avant la floraison. Cependant, tous les produits ne réussissent pas cette entrée en matière tardive.

Depuis 1998, la Protection des végétaux (PV) soutient qu'une protection longue contre l'oïdium est inutile. Il suffit de commencer au stade boutons floraux séparés et de s'arrêter à la fermeture des grappes si la maladie est bien maîtrisée à ce moment-là. Cette préconisation est admise dans les régions atlantiques et septentrionales. En revanche, elle est contestée sur le pourtour méditerranéen, et particulièrement dans le Languedoc-Roussillon. Certains font valoir que la PV a extrapolé des résultats obtenus ailleurs (1), dans des vignobles où la pression de l'oïdium est bien moindre et où les attaques précoces sous forme de drapeaux n'existent pas.N'ayant pas suffisamment d'arguments pour convaincre tout le monde, la PV a dû retourner au charbon. Elle s'est associée à l'ITV et aux chambres d'agriculture des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse pour mettre en place un programme d'envergure : 44 essais entre 1997 et 2000. Tous ont eu lieu dans le Sud-Est, essentiellement sur la rive gauche du Rhône. Ils confirment qu'il est inutile d'assurer une protection continue à partir du stade deux à trois feuilles étalées. Les expérimentateurs distinguent les cépages indemnes de drapeaux de ceux qui en souffrent. Pour les premiers, la fenêtre de tir est la même dans le Sud-Est qu'ailleurs : elle s'ouvre au stade boutons floraux séparés et se ferme en même temps que les grappes. Sur les seconds, il faut intervenir quand deux à trois feuilles sont étalées. Si cela ne suffit pas à réduire les drapeaux, on fait un second traitement. Dans le cas contraire, on s'arrête et on reprend au stade boutons floraux séparés. On obtient les mêmes résultats qu'avec une protection continue, en ayant économisé au moins deux antioïdiums. L'état sanitaire est identique, même avec plus de 90 % d'attaque sur le témoin. Cependant, il n'est pas toujours parfait. Dans ces situations d'échec, ' ce n'est pas en traitant plus au printemps que l'on s'en sort mieux, explique Pierre Speich, de la PV d'Avignon. Il vaut mieux resserrer les cadences en intervenant tous les 8 jours pendant la période sensible, que démarrer tôt et rester tout le temps à un rythme de 10 à 12 jours. ' En plus d'apporter cette confirmation, les auteurs des essais précisent le début de la période de lutte : il suffit de commencer 5 jours avant la floraison ; attendre plus longtemps conduit à des résultats très aléatoires. A ce moment, les pousses portent, en moyenne, douze à treize feuilles étalées.Comme on démarre tard, l'oïdium est déjà parti à l'assaut des feuilles et des grappes, mais de manière souterraine, invisible pour un observateur peu averti. Les produits sont donc appliqués en situation curative, sur un champignon peu développé. Réussissent-ils tous à le maîtriser ? Pour le savoir, les expérimentateurs ont réalisé une autre série d'essais. Ils ont comparé le Corail, le Prosper, l'Elios (ou Legend), le Stroby DF, le Quadris, et un mélange de soufre mouillable et de dinocap, tous deux à la moitié de leur dose homologuée. Chacun de ces fongicides a été appliqué tout au long de la période sensible sur la parcelle qui lui était réservée. Seul le Quadris n'a pas rempli sa mission. Dans quatre cas sur douze, son efficacité fut moyenne ou insuffisante. ' Dès lors qu'il y a un peu d'oïdium, Quadris n'est pas le meilleur produit pour stabiliser la situation, commente Pierre Speich. Dans le Sud-Est, si on démarre en préfloraison avec ce produit, on prend le risque d'être insatisfait une fois sur deux. ' Corail, Prosper et Stroby DF s'en sortent très bien. Elios/Legend aussi, mais il lui faut du temps pour venir à bout de la maladie. Lors des notations réalisées à la nouaison, ses concurrents le dépassent. Par la suite, il rattrape son retard. A la fermeture des grappes, le voilà revenu au niveau des meilleurs. Ce comportement s'explique par le fait qu'il est uniquement mais puissamment préventif. Il ne peut donc pas empêcher l'évolution de l'infection déjà à l'oeuvre quand il entre en scène. Mais il interdit tout repiquage. L'oïdium finit par disparaître faute de se renouveler. A la suite de ces observations, la PV et l'ITV ont testé quelques programmes. Ils ont découvert que la plus mauvaise des solutions était de commencer par deux Quadris pour finir par deux Elios/Legend. Si on démarre dans les jours précédant la floraison, mieux vaut le faire avec un antioïdium doté d'un fort pouvoir curatif : un IBS, le Stroby DF ou le dinocap. On réserve alors pour la fin de la campagne les produits qui n'ont pas cette propriété, à savoir : l'Elios/Legend, le Prosper ou le Quadris. Reste une dernière question : à force d'attaquer un oïdium déjà installé, ne sélectionne-t-on pas des souches résistantes ? Pour les services officiels, le risque est très faible. Ils recommandent d'alterner les molécules, d'une année sur l'autre, afin de le maintenir au plus bas niveau possible. (1) Essais mis en place entre 1995 et 1997 à Bordeaux, en Bourgogne, en Champagne, à Cognac, dans le Diois, à Gaillac et dans le Jura.

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