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La lutte obligatoire contre la flavescence dorée s'étend encore, mais reste efficace

La vigne - n°121 - mai 2001 - page 0

Dans les derniers vignobles contaminés par la flavescence dorée, le périmètre de lutte obligatoire progresse encore. Mais plusieurs signes rassurent : les nouveaux foyers, proches des zones déjà infestées, ne comptent que quelques pieds malades.

En Charentes, la surface en lutte obligatoire contre le vecteur de la flavescence dorée est passée de 7 087 hectares en 1998 à 36 039 ha aujourd'hui, mais cette évolution n'a pas été linéaire. Dans les régions nouvellement contaminées, la maladie passe toujours, après la découverte des premiers foyers, par une phase explosive. En Charentes, le périmètre de lutte a surtout progressé entre 1999 et 2000 : il est passé de 12 946 ha à 31 324 ha. En revanche, son évolution en 2001 reste plus limitée.' Les nouveaux foyers découverts sont peu importants, avec seulement quelques pieds touchés, et aucun d'eux n'est excentré par rapport aux anciens foyers ', souligne Bernard Robert, à la Protection des végétaux de Cognac. Même si les deux périmètres de lutte de l'an dernier fusionnent aujourd'hui pour englober des communes nouvellement contaminées, les observations de Bernard Robert restent encourageantes. Elles traduisent un ralentissement dans la progression de la maladie. ' Les personnes deviennent plus pointues dans la détection. Les fédérations ont réactivé les groupements de défense, ce qui permet une diffusion rapide de l'information. Avant, ces groupements n'existaient pas partout. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas ', poursuit Bernard Robert. En Aquitaine, comme en Charentes, la surface en lutte progresse. ' Il est normal que l'on trouve davantage de pieds malades : on prospecte plus et les professionnels sont plus sensibilisés au problème. Ce qui est rassurant, c'est qu'à quelques exceptions près, les nouveaux foyers correspondent à des pieds isolés. D'ailleurs, la superficie à arracher n'est que de 9 ha cette année, contre près de 20 ha l'an dernier ', explique Marc Coussy, à la Protection des végétaux d'Aquitaine. C'est en Dordogne que la flavescence progresse le plus. ' Le foyer de Saint-Nexans, découvert en 1999, était déjà très avancé. Il a eu le temps de disséminer la maladie ', explique Marc Coussy. L'autre exception concerne les côtes de Duras, où un foyer assez important a été découvert. Cette zone est pourtant dans le périmètre de lutte depuis 1998. Un vigneron n'aurait pas suivi les consignes de traitement et serait responsable de cette nouvelle envolée de l'épidémie dans ce secteur. ' Globalement, on observe une diminution de la maladie dans les anciens foyers lorsque la lutte collective est correctement mise en oeuvre. Toutefois, on trouve encore des parcelles fortement contaminées dans des communes incluses dans le périmètre de lutte obligatoire depuis trois ans, voire cinq ans. C'est l'absence de protection insecticide qui en est principalement la cause ', peut-on lire dans un bulletin d'avertissement agricole. En revanche, dans le Gard, le périmètre de lutte ne sera pas modifié. Les quelques foyers récemment découverts sont proches de ceux trouvés en 1999, et ne concernent que quelques ceps. ' Pour le moment, l'hémorragie semble stoppée, mais il ne faut pas lever le pied ', insiste Gilles Sube, à la chambre d'agriculture du Gard. Dans l'Aude, l'Hérault et les Pyrénées-Orientales, les règles demeurent inchangées : toutes les communes viticoles doivent lutter. ' Le nombre de foyers est stable ou en baisse ; globalement, la population de cicadelles a nettement diminué, mais les trois traitements restent obligatoires. Ceux qui ont lutté sérieusement contre la maladie espèrent une évolution de la lutte. On travaille pour eux dans ce sens ', explique Jean-Michel Trespaillé-Barreau, rapporteur national flavescence à la Protection des végétaux. Il poursuit : ' Le phénomène inquiétant, c'est l'arrachage des souches malades qui demeure insuffisant. ' La Savoie connaît cette année son premier périmètre de lutte obligatoire. A la suite de la découverte de foyers l'an dernier, cinq communes ont été reconnues infestées, quatre produisent du vin de pays d'Allobrogie ; la cinquième, Cruet, est en appellation. L'arrêté préfectoral du 22 février indique que la lutte sera obligatoire sur 21 communes, représentant plus de 400 ha, alors que le vignoble savoyard couvre seulement 2 200 ha ! Ce secteur englobe les cinq communes contaminées, mais aussi les communes voisines. Nadine Muckensturm, à la Protection des végétaux de Lyon, redoute une explosion de la maladie. Les foyers découverts l'an dernier existaient depuis plusieurs années, mais n'avaient pas été identifiés comme tels. Ils ont été découverts dans une zone où cohabitent de petites parcelles, souvent destinées à l'autoconsommation, et de vieilles treilles servant de haies au bord des champs. Avant leur identification tardive, les cicadelles présentes dans la région ont pu disséminer le phytoplasme responsable de la flavescence dorée. A la chambre d'agriculture, on préfère attendre les prochaines prospections avant de se montrer pessimiste ou optimiste : ' Dans tous les vignobles, la maladie explose après la découverte des premiers foyers. Mais la Savoie est un cas particulier, avec des parcelles isolées, l'existence de barrières naturelles. On ne sait pas comment la flavescence va évoluer ici ', indique Sébastien Cortel. Des réunions prévues début mai devaient permettre à la filière d'organiser la lutte.

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