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Tenir les becs des oiseaux loin des baies mûres

La vigne - n°123 - juillet 2001 - page 0

Les oiseaux aiment le jus sucré. Ils engendrent dans les vignes des dégâts parfois conséquents. L'imagination des professionnels est fertile lorsqu'il s'agit de les effrayer, mais avec des résultats plus ou moins probants.

Protéger ses raisins de l'appétit des oiseaux n'est pas toujours facile. Certains agriculteurs deviennent très imaginatifs pour éviter que leur récolte soit picorée. Ils attachent un corbeau mort au bord de leur champ, disséminent dans leurs parcelles des morceaux de papier d'aluminium ou des C.D.Rom publicitaires de récupération. Les moins patients sortent le fusil et tirent dans le tas. Mais tout comme les épouvantails, les silhouettes de rapaces, les clinquants métalliques ou les tissus agités par le vent, ces solutions n'ont qu'une efficacité temporaire, et les oiseaux finissent par s'habituer à ces leurres.Technique bien plus efficace, les vignerons alsaciens installent un filet sur leurs vignes pour protéger les raisins destinés aux vendanges tardives. ' Il existe deux types de filet, explique Bernard Streng, consultant basé à Gertwiller, dans le Bas-Rhin. Les latéraux, qui se placent sur le côté des rangs, et les intégraux, qui couvrent plusieurs rangs à la fois, mais qui sont plus difficilement récupérables. ' Le maillage de ces filets a été étudié pour éviter que les oiseaux ou les hérissons ne se prennent dedans. Les protections latérales mesurent 250 mètres de long, sur 0,90 ou 1,20 mètre de haut. Elles prennent en sandwich les rangs. Les filets intégraux couvrent 25 ou 30 ares. Différents systèmes de dérouleurs facilitent leur mise en place. Les distributeurs alsaciens interrogés commercialisent les petits filets autour de 300 F, alors que les grands modèles coûtent cinq fois plus cher. Mais il faut du temps pour poser ou enlever ces protections. L'autre technique largement utilisée se nomme l'effarouchement acoustique. Les canons, pétards ou autres détonateurs n'ont qu'un effet limité. Les oiseaux s'habituent plus vite à ces bruits que les voisins. Depuis de nombreuses années, la société BAP, à Epernay, commercialise les appareils Message Sonor, utilisant une méthode mise au point par l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), fondée sur l'émission de cris de détresse ou d'alerte de différents oiseaux. ' Pour ceux qui ont un comportement de groupe, comme l'étourneau, cette méthode est efficace, les cris évitent qu'un vol s'abatte sur la parcelle. Pour les oiseaux plus solitaires, ou ceux qui vivent en petits groupes, il peut y avoir accoutumance ', explique Olivier Brun, de BAP. En effet, les bandes d'oiseaux sont plus faciles à effaroucher que les petits groupes, mais l'importance des dégâts est aussi directement liée au comportement, solitaire ou grégaire, des oiseaux. Sur le Message Sonor, une cellule photoélectrique commande la mise en route et l'arrêt de l'appareil, et un programmateur permet d'émettre des cris différents, à intervalles irréguliers. Cet appareil est vendu 5 980 F, auxquels s'ajoute l'achat des cassettes (192 F HT). Il permet de protéger jusqu'à un hectare. D'autres modèles, équipés de haut-parleurs plus puissants, tiennent en respect les oiseaux sur une surface plus importante. Lors de Vinitech, à Bordeaux, une société américaine présentait des outils similaires. Les Bird Gard, distribués en France par Fi-Shock, société basée à Noyant, dans le Maine-et-Loire, protègent des surfaces de 1,2 ou 2 hectares pour un investissement de 3 000 à 5 000 F. Ils préviennent les dégâts des corbeaux, des pies, des étourneaux, des geais, des rouges-gorges ou encore des merles. Yann Chave, à Mercurol (Drôme), est l'un des rares vignerons à avoir testé ces appareils. Sur une parcelle proche d'un bois, il subit parfois la gourmandise des étourneaux. ' Il faut d'abord savoir quel oiseau cause les dommages pour programmer les bons cris de détresse, puis penser à recharger la batterie. Mais l'appareil s'est montré efficace l'année dernière. Il a fonctionné pendant trois semaines durant lesquelles les dégâts ont stoppé. Je craignais que des promeneurs le volent, mais ça n'a pas été le cas. Et heureusement que ma parcelle est loin d'une zone habitée, cela fait un tel vacarme ! ', témoigne Yann Chave. Avec le matériel des Constructions de Lombost, dans l'Allier, ce ne sont pas des cris d'effroi qui mettent en fuite les oiseaux, mais la radio ! Le Cerbère, ou le Cerbère Turbo, plus puissant, diffusent, toutes les trois minutes environ, dix secondes d'un programme radio. ' Il n'y a pas d'accoutumance car on peut tomber une fois sur un speaker, une autre fois sur une chanson ', assure le dirigeant de cette société, qui garantit l'efficacité de sa méthode sur les oiseaux, en dehors des dortoirs, mais aussi les sangliers et d'autres gibiers indésirables. Le modèle Cerbère RE20, prêt à fonctionner, est vendu 1 979 F TTC. Pour le Cerbère Turbo, livré sans batterie, il faudra débourser la somme de 2 675 F TTC. Ils permettent de protéger de 2 à 5 ha, voire plus. Mais, comme pour Bird Gard, peu de vignerons l'ont testé en France. Enfin, les Suisses utilisent une méthode efficace sur des oiseaux comme l'étourneau, moins sur les espèces sédentaires. Ils disposent au-dessus de la végétation des bandes de plastique, ou partiellement métallisées, légèrement torsadées, parallèles et équidistantes de huit mètres au plus. Elles forment alors une nappe ondulante à laquelle les oiseaux ont du mal à s'habituer.Enfin, face à l'adaptation rapide des oiseaux à certaines méthodes d'effarouchement, il peut être intéressant d'alterner les techniques.

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