En pleine crise des vins de table du Languedoc, Vinisud affiche une réussite jamais égalée depuis sa création en 1994. Son envergure internationale est désormais assurée, comme le montre l'origine des exposants et des visiteurs.
Le contraste est saisissant. D'un côté, des vignerons mécontents qui clament leurs difficultés face à la crise des vins de table du Languedoc, de l'autre des exposants souriants dont les stands n'ont pas désempli pendant trois jours. Vinisud, qui s'est tenu à Montpellier (Hérault) du 18 au 20 février, met en évidence une fracture viticole. ' Il y a ceux qui tendent la main... et ceux qui se bougent pour trouver de nouveaux clients ', lance un vigneron gardois, visiblement mécontent d'apprendre que la veille de l'ouverture du salon, les locaux de la Direction départemental de l'agriculture ont fait l'objet d'un attentat. ' Quelle est la meilleure publicité pour notre viticulture ? Une bombe artisanale ou la venue de milliers de visiteurs pour cette cinquième édition ? ' interroge le propriétaire d'une exploitation mixte. Une chose est sûre : les participants à Vinisud ne sont pas ceux qui ont le plus de problèmes... Peut-être d'ailleurs parce qu'ils s'investissent commercialement dans ce type de manifestation...
' On voulait un salon qui mette en valeur les vins produits au sud d'une diagonale Trieste-Bordeaux ', explique le Catalan Jean-Pierre Bories. Sept ans après le lancement de l'opération, le président fondateur se félicite des chiffres 2002 : 1 195 exposants (contre 930 en 2000) et 15 492 badges d'entrée délivrés. ' Un visiteur badgé pouvant compter pour deux, voire trois jours de visite, nous estimons qu'il y a eu plus de 20 000 entrées ', explique Catherine Bourguignon, responsable de la communication. Cela représente une augmentation d'affluence de 43 % par rapport à la dernière édition, il y a deux ans.
Signe de la réussite du salon Vinisud, la vocation internationale du salon est désormais incontestable, comme le montre la diversité d'origine des exposants (douze pays représentés) et des visiteurs. Parmi ces derniers, presque un sur quatre était étranger.
Les Anglais, les Allemands et les Belges sont venus en force. Le parc des expositions a également entendu les langues danoise, japonaise, finlandaise... A noter une forte progression des pays scandinaves, jusqu'à maintenant peu présents dans les salons français.
Du côté des exposants, on a assisté à une forte progression de l'Espagne (72 stands) qui, désormais, passe devant l'Italie (58). Son ministre de l'Agriculture, Javier Erro, a d'ailleurs procédé à l'ouverture officielle du salon, aux côtés de Jacques Blanc, président du conseil régional du Languedoc-Roussillon. Très remarqué également, le Portugal (17) et, plus anecdotique, la Turquie, la Macédoine et le Liban (1) étaient présents. Les cavistes et les restaurateurs ont représenté l'essentiel des troupes des acheteurs - surtout le lundi, jour de fermeture des établissements. Mais les gros acheteurs de la grande distribution ont tous fait le déplacement : Auchan, Monoprix, Carrefour, Leclerc... Pour Pierre Duffort, propriétaire du domaine Rimauresq, dans le Var, Vinisud est désormais ' incontournable. C'est le plus professionnel avec Vinexpo '. Ce producteur en cave particulière s'est félicité du lancement d'une nouveauté : le Palais Méditerranéen, une salle de dégustation libre-service située dans le hall 8, où les exposants étaient invités à laisser un échantillon de leur production. ' Cela nous a amené de nouveaux clients ', constate notre vigneron présent pour la troisième édition.
' C'est vraiment une très bonne initiative ', confirme une responsable commerciale de la maison Gabriel Meffre, négociant basé à Gigondas (Vaucluse). ' Ce sont les oenologues de la région qui ont eu l'idée d'organiser un espace de dégustation, où les acheteurs pouvaient découvrir, en toute tranquillité, des vins qu'ils n'auraient peut-être pas eu l'occasion de goûter ', explique Jean-Pierre Bories. De quoi faire des heureux chez les visiteurs, avides de nouveaux produits, et chez les exposants, friands de nouveaux clients.
Seule petite ombre au tableau, l'organisation des stands regroupés dans le hall 6. Autant les autres bénéficiaient d'une organisation par région de production, autant ce dernier était un peu ' fourre-tout ' : côtes du Rhône, Languedoc, côtes de Provence, Corse... ' C'est un peu la rançon de la gloire, estime le président de Vinisud. Plus on est nombreux, plus il est difficile d'organiser les stands . ' C'est d'ailleurs ce qui fait dire à certains que le salon méditerranéen a atteint son apogée et qu'il perdrait sa convivialité à grossir encore... De l'avis des organisateurs, ' Vinisud ne doit surtout pas devenir un Vinexpo bis '.