ImprimerPour sa troisième édition en Asie, le salon Vinexpo a eu lieu à Tokyo (Japon), du 4 au 6 juin. Il a reçu 12 500 visiteurs, dont seulement 10 % de non-japonais. Le lieu pour 2004 reste en suspens.
'Sérieux, professionnel et didactique ', disaient les uns, ' calme et convivial ', annonçaient les autres. Il est sûr que l'effervescence qui animait, il y a deux ans, les allées de V & S - Vin et spiritueux, l'ancien nom du salon - n'était plus de mise lors de cette édition 2002 (1). Les deux grands halls du parc d'exposition de la capitale japonaise n'étaient certes pas déserts, les 12 500 visiteurs espérés par les organisateurs français étaient venus à la manifestation, mais l'atrium, au centre du bâtiment, qui grouillait en l'an 2000 n'était plus qu'un lieu de passage furtif. Le coeur du salon ne battait plus ici. Il s'est déplacé vers les stands de l'Espagne, par exemple, qui frappaient par l'unité de leurs couleurs fortes ; les Etats-Unis et l'Australie ont aussi attiré les visiteurs, alors que l'Amérique du Sud se faisait plus discrète qu'il y a deux ans.
Sept cents exposants, venus de 26 pays, étaient répartis sur les 7 000 m² de cette édition. La France occupait un tiers de la surface, suivie de l'Espagne et l'Italie. En fait, la majorité des exposants ont réduit leur surface en raison des prix pratiqués, mais aussi du coût global d'un déplacement dans l'une des villes les plus chères du monde.
La France, premier exportateur de vin au Japon, n'offrait pas de front commun. Il n'y avait pas de stand collectif type Sopexa ou comité interprofessionnel. Par ailleurs, la politique de Vinexpo consistait à privilégier les exposants producteurs de vins et d'eaux-de-vie. Pas de place donc pour des importateurs locaux, même s'ils représentaient de grandes maisons. Les négociants importants ont parfois trouvé une place par le biais de filiales propriétaires de vignes. Cette approche a fait la part belle aux géants et n'encourageait guère l'entreprise originale.
De nombreux Français n'étaient donc pas venus à cause des prix élevés des stands qui, ajoutés aux coûts d'hôtel et d'avion présumés en hausse en raison de la concurrence de la coupe du monde de football, leur semblaient hors de proportion avec la rentabilité directe d'un salon. ' La manifestation sert surtout à serrer des mains et à maintenir des relations existantes ', regrettait un Bordelais. Mais, à défaut de prendre un stand, certains étaient venus en visiteurs actifs, comme cet important opérateur français qui se promenait avec ses échantillons, ou tel autre qui ' squattait ' chez des fournisseurs.
Au-delà du business, la curiosité et la soif d'apprendre des Japonais se manifestaient, comme il y a deux ans, dans les salles de ' l'université '. Ce fut un point fort du salon avec 5 000 auditeurs, inscrits des semaines à l'avance, qui ont écouté et dégusté sagement. Parmi les 34 séminaires offerts, celui de Denis Dubourdieu, propriétaire et professeur à l'université d'oenologie de Bordeaux, a fait un tabac. La conférence de l'association des importateurs japonais sur la taxation a connu aussi un franc succès, mais pas autant que celle de Shinya Tasaki, meilleur sommelier du monde en 1995 et symbole de l'intérêt des Japonais pour le vin. Un nouveau symbole était aussi apparu lors de l'inauguration du salon avec la présence d'une actrice et présentatrice de télévision nippone très connue, qui ne cachait pas sa passion pour le vin. N'oublions pas qu'au Japon, les femmes sont en tête de la consommation de vin, à domicile comme dans les bars spécialisés....
Si ce salon a montré moins d'effervescence que ses prédécesseurs, tous les opérateurs estiment que l'Asie demeure un marché à fort potentiel, même s'il faudra encore beaucoup travailler. Ainsi, les prévisions de consommation de vin affichent + 16 % dans les cinq années à venir. Les Japonais eux-mêmes atteindraient 3,5 l par personne et par an dès 2006, contre 2,43 l aujourd'hui, soit déjà une formidable croissance puisque ce total était de 1,09 l en 1990. Si la France est toujours leader avec 44,5 % des importations du pays, les vins d'Australie et d'Espagne, par exemple, enregistrent une forte poussée.
Vinexpo, société dont le siège est à Bordeaux, prépare maintenant Vinexpo America, une première qui aura lieu à New York du 22 au 24 octobre. Ensuite seulement, un bilan sera fait sur la manifestation asiatique, la date et la ville qui pourrait l'acceuillir. Tokyo semble avoir de nombreux inconvénients, notamment pour attirer des acheteurs non nippons, ce qui est l'un des objectifs de la manifestation.