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Vente directe, des efforts payants

La vigne - n°134 - juillet 2002 - page 0

Les clients des vignerons sont les premiers à apprécier les effets de l'amélioration de la conduite du vignoble. Témoignages d'un Bourguignon et d'un Savoyard.

Parmi les domaines qui pratiquent la vente directe, rares sont ceux qui ont fait leurs comptes avant de se lancer. ' Je n'ai jamais chiffré quoi que ce soit. C'est impossible. On constate que le vin se vend mieux parce qu'il est meilleur ', estime Claude Chevalier. A la tête de 11 ha à Ladoix (Côte-d'Or), il reconnaît qu'il y a deux ans encore, il n'était ' pas très motivé ' par le contrôle des rendements. Puis il s'y est mis. ' On a tendance à être plus vigilant sur le nombre de branches et de raisins par cep. '
Ses ouvriers ébourgeonnent en deux passages. Tout d'abord, ils suppriment les doubles bourgeons. Ensuite, ils enlèvent les pousses en surnombre pour n'en laisser que trois à cinq sur la baguette de leurs vignes taillées en guyot. Claude Chevalier évalue entre 60 et 75 h/ha le temps passé à effectuer ce travail. Il est réalisé en une quinzaine de jours par une équipe de cinq à six saisonniers. Tout le domaine y passe, depuis les bourgognes génériques jusqu'aux grands crus. ' On n'a aucun intérêt à dire 'le bourgogne, on s'en fout'. Il est plus facile à vendre s'il est bon que s'il est moyen . '
En pratiquant ainsi, notre vigneron estime avoir augmenté la qualité de ses vins. ' C'est payant, cela se voit au niveau des dégustations ', affirme-t-il. Les commentaires sont plus élogieux, les clients plus satisfaits. Pour l'instant, il ne pense pas aller plus avant dans la réduction de la charge. Il vise les rendements de ses appellations. S'il fallait franchir un nouveau pas, il testerait d'abord l'effeuillage. ' La vendange en vert doit être le dernier recours . '
A Chignin (Savoie), Michel Quénard l'applique depuis six ans. Il a commencé par alléger quelques mondeuses. Des essais menés par l'ITV lui ont montré à quel point ce cépage rouge supporte mal les excès de charge. ' Le raisin ne rougit pas, il reste rose. Le vin est banal, sans intérêt. ' Ces arguments lui ont suffi. Pas plus que son confrère bourguignon, il n'a fait de calcul. Il a été rapidement rassuré sur la rentabilité de son affaire. ' Nous avons eu des répercussions immédiates. Notre clientèle a tout de suite apprécié . ' Progressivement, elle a aussi accepté de payer plus cher. Il y a dix ans, Michel Quénard vendait péniblement sa production à 3,80 euros le col. Aujourd'hui, il facture ses bouteilles entre 6 et 7 euros et il manque de vin.

Encouragé par ses premiers résultats, il a généralisé les travaux en vert. Après la mondeuse, ce fut au gamay de subir l'ébourgeonnage et l'éclaircissage. Il y a deux ans, il a commencé à y soumettre ses cépages blancs. Depuis cette année, il ébourgeonne ses 20 ha, ne laissant que quatre à cinq branches sur les baguettes de ses vignes taillées en guyot. Partout, il enlève les entre-coeurs nés dans la zone des grappes. En plus de toutes ces opérations, durant l'été, il pratique la vendange en vert sur 80 % de son domaine. Malgré les allégements printaniers, les vignes restent généreuses : elles sont plantées entre 8 000 à 9 000 pieds/ha.
Le gamay et la jacquère, un cépage blanc typiquement savoyard, n'ont pas réagi aussi spectaculairement que la mondeuse, dont les vins ont été transfigurés depuis qu'elle porte le rendement de l'appellation. Le gamay mûrit mieux. Michel Quénard ne l'a pas chaptalisé lors des deux dernières années. La jacquère est moins sujette à la pourriture. Les clients les apprécient davantage. Pour autant, ils ne semblent pas prêts à accepter de fortes hausses. Ce n'est d'ailleurs pas l'objectif de notre vigneron. Les efforts qu'il vient d'accomplir lui permettent ' de conserver un bon marché et de satisfaire la clientèle '. Michel Quénard estime cela suffisant.
Il place plus d'espoirs dans le bergeron. Ce cépage blanc, appelé roussanne dans les côtes du Rhône, donne de très grands vins pour peu qu'il soit ramassé en légère surmaturité. Cela suppose, là encore, un contrôle de la charge et de l'éclairement des grappes, opérations auxquelles il faut ajouter un ramassage à la main en plusieurs passages. Michel Quénard va s'y atteler dans l'espoir de renouveler l'opération qu'il a réussie avec la mondeuse.

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