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DOSSIER - Bonnes nouvelles de nos régions

Savoie-Bugey Place aux jeunes

MARION BAZIREAU - La vigne - n°282 - janvier 2016 - page 56

Des aspirants vignerons s'installent en Savoie et dans le Bugey. Formés et motivés, ils apportent un second souffle à la région. Et l'arrivée du nouveau crémant de Savoie pourrait encore accélérer le phénomène en engendrant des plantations.
JULIEN VIANA, jeune vigneron installé depuis 2014, à Cruet, en Savoie. © DOVEMED

JULIEN VIANA, jeune vigneron installé depuis 2014, à Cruet, en Savoie. © DOVEMED

En trois ans, la Savoie, qui compte 250 exploitations, a accueilli une dizaine de jeunes vignerons en caves particulières. Et « ce chiffre ne comprend que les installations hors cadre familial, avec de vrais projets à la clé », se réjouit Michel Bouche, le directeur du Syndicat régional des vins de Savoie (SRVS).

À 22 ans, Julien Viana est le plus jeune vigneron de la région. Sa famille n'est pas dans le vin, mais il s'est pris de passion pour la viticulture. En 2012, il a intégré un BTS viticulture-oenologie, complété en 2014 par une licence professionnelle « viticulture raisonnée et certification environnementale ». Il a fait toute sa formation en alternance. « Ces trois ans entre cours théoriques et travail en entreprise, toujours chez des vignerons savoyards, m'ont permis de m'enraciner dans le paysage viticole local. »

En 2013, Serge Bouchez, un viticulteur basé à Cruet, qui souhaite partir à la retraite, lui propose de reprendre son exploitation. Julien Viana saisit l'occasion et lui achète 1 ha et du matériel de cave en janvier 2014. Il baptise son domaine le « Cellier de la Baraterie ». À sa grande surprise, les banques lui prêtent très facilement 100 000 euros.

Cette année, il a pris en fermage 4 ha supplémentaires et a acheté des bâtiments. Il cultive de la mondeuse, du gamay, du pinot noir, de la jacquère, de la roussette de Savoie et du pinot gris. Le jeune vigneron a écoulé la totalité des 5 000 bouteilles du millésime 2014 en vente directe et en CHR. Cette année, il devra en vendre 20 000. L'affaire semble bien engagée puisque La Revue du vin de France a très bien noté ses vins et lui a permis d'intéresser des importateurs du Benelux et de Californie.

Les exploitations familiales sont également reprises, y compris dans les coteaux, comme le constate Michel Quenard, le président du SRVS, « avec des jeunes qui ont fait de hautes études et qui regagnent les domaines forts d'expériences à l'extérieur de la région ». De plus, cette nouvelle génération est très motivée par la qualité et les enjeux environnementaux. « Elle est consciente qu'il faut préserver la bonne image de la Savoie. »

Cette petite vague d'installations pourrait être encore amplifiée par le travail conjoint de l'interprofession et du syndicat en vue de développer l'export. Les professionnels misent également sur un succès du crémant de Savoie, reconnu AOP le 11 septembre dernier, qui pourrait entraîner de nouvelles plantations.

Dans le Bugey voisin, les professionnels prennent les devants pour pérenniser les exploitations. En 2012, le syndicat a organisé le premier « Vigne dating », un événement original qui met en relation les cédants avec de potentiels repreneurs. La seconde édition s'est tenue le 30 novembre dernier. Éric Angelot, président du Syndicat des vins du Bugey, en est très satisfait : « Environ dix prétendants, originaires de l'est de la France, se sont montrés très intéressés pour reprendre des exploitations dans la région. Ils ont des profils variés : futurs diplômés ou possédant un BTS viticulture-oenologie, salariés viticoles ou en reconversion professionnelle. » L'enjeu est important car, selon Éric Angelot, dans les cinq prochaines années, un dixième de la surface de l'appellation sera concerné par des départs. « Or, les structures en place ont atteint leur rythme de croisière et ne souhaitent plus s'agrandir. »

En Savoie, Michel Bouche constate que les jeunes qui s'installent ne partent pas. C'est le signe que leurs entreprises fonctionnent. « Il faut maintenant oeuvrer pour qu'ils s'investissent dans les organisations professionnelles et assurent la relève. »

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Une dizaine de jeunes se sont installés en Savoie hors cadre familial depuis 2012.

SOURCE : SRVS

ÇA POURRAIT ALLER MIEUX...

- En 2012, 2013 et 2014, la Savoie a connu trois petites récoltes de l'ordre de 110 000 hl contre 135 000 hl pour une récolte normale. En 2015, le millésime a été un peu plus clément avec 118 000 hl. Il n'empêche, les rendements plafonnent autour de 54 hl/ha, là où les cahiers des charges autorisent entre 60 et 71 hl/ha en blanc et 62 et 67 hl/ha en rouge. Les stocks sont donc au plus bas. Les vignerons ne peuvent satisfaire la demande et doivent vendre très tôt leurs vins, « alors que des cépages comme l'altesse, la roussanne ou la mondeuse gagnent à vieillir un peu », souligne Charles-Henri Gayet, président du CIVS. De plus, ils ne peuvent se lancer dans la production de crémant car « ils doivent d'abord honorer leurs commandes sur leur gamme existante ».

- Dans le Bugey, les négociations pour rebaptiser la centrale nucléaire n'avancent pas assez vite. Ce que regrette Éric Angelot, le président du Syndicat des vins du Bugey.

L'essentiel de l'offre

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