En Bourgogne, du 5 juillet au 22 septembre, une quarantaine de concerts suivis de dégustations de vin ' après-concert ' ont ravi les papilles des amateurs mélomanes.
De Chablis aux monts du Mâconnais, en passant par l'Auxerrois, les Côtes de Beaune et de Nuits, du 5 juillet au 22 septembre, une quarantaine de concerts suivis de dégustations de vin ' après-concert ' ont été donnés. Nous étions dans le cadre de la dix-septième édition du festival musical des grands crus de Bourgogne : De Bach à Bacchus. Créé par le pianiste Yves Henry en 1986, il regroupe en fait cinq festivals : les Rencontres de musiques du Chablisien et de l'Auxerrois, les Rencontres musicales de Noyers-sur-Serein, Musique au chambertin, De Bach à Bacchus à Meursault et les Grandes heures de Cluny. Jazz, variétés, chant lyrique sont représentés. Côté vins, les amateurs s'initient aux diverses appellations de la Bourgogne. Dernière ligne droite de ces manifestations estivales, à la fois musicales et bachiques, Musique au chambertin a démarré vendredi 6 septembre dans la petite église de Chambolle-Musigny en Côte-d'Or. Une première, pour ce village de 315 habitants. L'ambiance était feutrée, recueillie et attentive. Devant une centaine de personnes, la soprano lyrique Rachel Thibault, accompagnée au piano par Sylviane Decologne, interprétait une dizaine d'extraits d'airs célèbres d'opéras français et italiens ( Faust de Charles Gounot, Carmen de Georges Bizet, Madame Butterfly de Giacimo Puccini...).
Après ce récital lyrique, la deuxième étape de la soirée, une dégustation de vin, était prévue dans la salle juste en face. La participation au concert ne conditionne pas l'admission à la dégustation d'après-concert. Ainsi, la liberté de choix est respectée pour chacun, qu'il soit mélomane ou non, amateur de grands crus ou non. Jacky Rigaux, de l'université de Dijon, a présenté la Côte de Nuits et ses vingt-quatre premiers crus à des amateurs impatients de déguster. Une note historique, ce sont les bénédictins qui ont classé les climats entre l'an 600 et 1000, un soupçon de géologie, Chambolle a la chance d'être sur une couche de jurassique moyen, et le tour est joué. Quelques conseils sont prodigués. ' Le vin de Bourgogne, on le regarde, il doit attirer l'oeil, on le hume et on le grume ', explique Jacky Rigaux. Et... chacun prend son verre. ' Ce n'est pas franchement une opération commerciale , confie Christian Amiot, président du syndicat de Chambolle-Musigny, mais c'est pour participer à l'élargissement du festival. ' Et de fait, les vignerons ne sont pas partie prenante de l'organisation. D'ailleurs, le 6 septembre, Christian Amiot était le seul viticulteur. Son bourgogne, ainsi que le chambolle-musigny de Ghislaine Barthod et le chambolle-musigny premier cru, Les sentiers, d'Henri Sigaut, millésime 2000 sont présentés, offerts et dégustés.
Peu de personnes du village se sont déplacées, mais quelques-unes sont venues comme Christelle, car ' on aime la musique et le vin. C'est l'occasion, c'est bien. Et puis c'est à Chambolle . ' ' On le fait parce qu'on est amoureux de la Bourgogne, du terroir, des belles choses et de la culture en général , précise Claude Roynette président de l'office de tourisme de Gevrey-Chambertin qui a repris l'organisation cette année. C'est un concept un peu particulier. C'est un mariage qu'on souhaite heureux entre la finesse de la musique entendue et le vin dégusté . ' Le festival doté d'un budget de 38 000 euros est également un coup de pouce aux jeunes talents de la région. Et pour les vins, ' même si, globalement, ils n'ont pas besoin de promotion, il n'est pas dit que les jours fastes perdurent ', ajoute Claude Roynette, comme l'illustrent les difficultés commerciales du Mâconnais.