Depuis 1990, Luc Tisserand est adhérent à la cave de l'Union des vignerons de Saint-Pourçain (Allier). Il estime que le vigneron et la cave coopérative ont des devoirs l'un envers l'autre. De ce fait, il s'implique dans l'amélioration de la qualité et la promotion des vins.
Dynamique et passionné, Luc Tisserand, vigneron à Monétay-sur-Allier (Allier), l'est. Et pour cause ! Son exploitation de 19 ha, il l'a montée de toutes pièces avec sa femme Claudine. Et lorsque l'on n'est ni vigneron, ni originaire de la région, c'est un vrai challenge. C'est grâce à la coopérative de l'Union des vignerons de Saint-Pourçain qu'il a pu s'installer en 1990. Dès le départ, il s'implique activement dans les différentes activités car, comme il le souligne, ' je ne veux pas être un simple numéro parmi les 120 adhérents .' Il y a, bien sûr, la grande messe en février qui rassemble tous les adhérents, au cours de laquelle est présenté le bilan financier et moral de l'année. ' L'assemblée générale est vivante et bien organisée. Toutefois, avec ma femme, nous sommes les seuls à poser des questions. Lorsque l'on appartient à une structure, on doit s'y intéresser et s'y impliquer personnellement . ' De 1992 à 1999, il enchaîne deux mandats d'administrateur et participe aux réunions du conseil, qui ont lieu tous les trimestres. ' Mais nous ne faisions qu'entériner les décisions et n'avions pas de part active dans les choix stratégiques ', regrette-t-il. Parallèlement, de 1997 à 1998, il assure une fonction de membre du bureau et se rend aux réunions une fois par mois. Son implication ne s'arrête pas aux tâches administratives. Pendant dix ans, il participe avec sa femme à des foires aux vins afin de promouvoir les vins élaborés par la coopérative. De plus, pendant l'été, ils servent de guides aux touristes désireux de découvrir la cave de l'Union des vignerons de Saint-Pourçain.
' La coopérative implique les adhérents dans la commercialisation. En saison, elle leur demande de collaborer à la vente au caveau le dimanche. Certains vignerons n'ont pas le profil ou manquent de sens de la communication. J'assure au moins un dimanche d'été. Cela me permet de mieux connaître les vins, d'en parler et de communiquer ma passion . ' Dans le même esprit, depuis quatre à cinq ans, il est compagnon de La Ficelle. Il a été intronisé dans cette confrérie des vins de Saint-Pourçain dans le but de les faire connaître.
La coopérative a autant besoin des vignerons qu'ils ont besoin d'elle. Fort de ce constat, Luc Tisserand est partie prenante dans la préservation de son outil de travail. ' Comme chaque adhérent, je me suis engagé à livrer 100 % de ma production à la cave pendant quinze ans. L'adhésion est ensuite reconduite tacitement tous les cinq ans . Pour le moment, tous les adhérents vivent de la coopérative, car la rémunération est correcte . ' Mais la pérennité de la coopérative passe par une qualité des vins irréprochable. C'est pourquoi les vignerons sont soumis au respect d'un cahier des charges précis, notifiant la conduite de la taille, l'ébourgeonnage, un nombre de grappes par pied. L'objectif est la maîtrise du rendement.
Depuis deux ans, des commissions techniques ont été mises en place pour visiter toutes les parcelles cinq fois dans l'année : en avril, fin mai, début juillet, début août et début septembre. Là encore, Luc Tisserand joue un rôle actif en prenant la responsabilité d'une de ces dix commissions, composées chacune de quatre adhérents. ' Je consacre cinq journées dans l'année à ces tournées et je regarde à chaque fois 42 à 43 parcelles. Ce ne sont pas des mesures répressives. Notre objectif est pédagogique. Ces commissions ont permis aux adhérents du Sud de connaître ceux du Nord . ' Une démarche de traçabilité et de lutte raisonnée est en cours et devrait aboutir d'ici à cinq ans.
Par ailleurs, au moins deux prélèvements par parcelle avant les vendanges sont obligatoires afin de juger de l'état de la maturité des raisins. Une réunion de prévendange est organisée pour que tous les adhérents sachent comment les effectuer et quelles sont les consignes d'apports. Ces derniers sont gérés en partenariat avec les responsables des Cuma présentes dans le vignoble. Luc Tisserand en fait parti. Il assure l'interface entre sa Cuma et la coopérative, et organise le circuit de cueillette. A la réception de la vendange, celle-ci est évaluée et notée en fonction de l'état sanitaire et de la présence de feuilles ou de sarments. Le paiement se fait selon la qualité et des bennes peuvent être refusées. ' Le vigneron et la coopérative ont des devoirs l'un envers l'autre. Le vigneron a le devoir de bien mener sa vigne pour fournir une matière première de qualité et la coopérative doit valoriser au mieux le produit ', justifie Luc Tisserand.