Le 4 décembre dernier, le président de l'Onivins, Denis Verdier, invitait toutes les organisations professionnelles à une journée de réflexion sur l'avenir de la filière.
Le 4 décembre, toutes les composantes de la viticulture étaient conviées à une table ronde, ce qui ne s'était pas produit depuis bien longtemps. Après la rédaction de différents rapports (Cap 2010, Ambition 2010, etc.), l'heure est à la synthèse, mais aussi à celle de la prise de décisions. Pour traiter les sujets en profondeur, les participants étaient réunis en quatre groupes de travail sur les thèmes suivants : la segmentation de l'offre française, la communication et la promotion, l'organisation de la filière par bassins de production, la structuration de l'aval de la filière, sujet incluant les partenariats amont-aval.
Chacun de ces groupes était orchestré par un président, assisté de deux secrétaires prenant des notes. Dans le groupe de travail sur la segmentation de l'offre, une ébauche de consensus est en train de naître. D'un côté, il y aurait les vins à indication géographique (les IG) qui s'appuieraient sur la notion de terroir. Cette famille comprendrait les AOC, les AOVDQS, catégorie que pourraient rejoindre les AOC souhaitant assouplir leurs conditions de production, et les VPRD (vins produits dans une région déterminée), accueillant certains VDP de petite zone, désireux de rehausser leurs conditions de production. L'autre grande famille serait plus technologique. Elle comprendrait les vins de table et les VDP avec mention du cépage. Elle bénéficierait d'une plus grande liberté sur le plan des pratiques oenologiques (copeaux de bois, etc.).
Si tous les intervenants sont globalement d'accord sur ces deux logiques de marché - l'une axée sur le terroir, l'autre sur le cépage et l'assouplissement des règles - le point d'achoppement concerne l'éventuelle création d'un vin de cépages des pays de France (voir La Vigne du mois de novembre, page 22). Le négoce est pour. Les vins de pays d'Oc sont contre, Jacques Gravegeal, président du Syndicat des vins de pays d'Oc, qualifiant même cette proposition de ' suicide collectif '.
Certains professionnels estiment que les VDP d'Oc devront choisir entre la notion de terroir et une plus grande liberté de production. Ils jugent qu'ils ne peuvent pas surfer sur les deux, sous peine de bloquer la volonté de clarification de l'offre de la filière. D'autres voient dans ce projet de création de vins de cépages des pays de France la réplique française des VDPCE tant décriés.
Sur ce thème sensible, la Confédération des coopératives vinicoles de France (CCVF) reste prudente. ' Tout doit être fait pour protéger et développer les VDP d'Oc, nous a précisé Denis Verdier, parlant sous sa casquette de président de la CCVF. Il faut avoir les moyens de conquérir de nouveaux marchés en introduisant une souplesse dans les méthodes de vinification. Il ne faut pas détruire les concepts qui ont du succès, comme les AOC ou les VDP d'Oc, mais juste créer un nouveau produit pour être plus efficace. Cette création ne pourra se faire qu'en concertation avec le négoce, avec lequel nous devrons avoir un accord politique pour mettre en place des garde-fous. '
Dans l'atelier communication et promotion, les participants se sont mis d'accord sur l'intérêt de cofinancer l'Afivins, avec l'Etat et Bruxelles. Pour autant, ils n'ont pris aucune décision quant au montant de l'effort à fournir. ' En 20 ans, la consommation de vins a été divisée par deux en France, alors que les ventes de bières et d'alcools forts ont légèrement augmenté , constate Jean-Marie Sanchis, président du syndicat de l'AOC Corbières et membre de cet atelier. Il faut absolument clarifier et moderniser l'image du vin auprès des consommateurs . ' Cet intervenant a également rappelé la nécessité pour chaque vigneron de s'impliquer davantage dans l'accueil et le tourisme viticole.
En ce qui concerne l'organisation de la filière par bassins de production, les participants ont évoqué l'intérêt pour les vins reposant sur une indication géographique d'être gérés par l'Inao, au même titre que les AOC. Reste à savoir à quel comité ils se rattacheraient.
Le dernier atelier touchait aux relations entre producteurs et négociants. La mise en place de contrats pluriannuels (3 ans minimum), basés sur des mercuriales interprofessionnelles moyennes, auxquelles il serait possible d'ajouter des bonus selon les millésimes, tend à faire son chemin. Ce type de contrats est très développé en Champagne et commence à l'être dans la vallée du Rhône. Il favorise la confiance entre les partenaires et permet à chacun d'avoir une vision de son entreprise à moyen terme.
Chacun de ces ateliers a fait l'objet d'un rapport. Les professionnels vont de nouveau se revoir à la mi-décembre pour rediscuter des points en suspens et transmettre les propositions au ministre, dont les décisions devraient être connues début 2003.