ImprimerLe 17 décembre, lors d'une réunion à l'Onivins, Jacques Gravegeal, président du Syndicat des vins de pays d'Oc, s'est déclaré farouchement opposé à la création de vins de cépages de France.
La période de Noël, propice aux réconciliations, n'a pas porté chance aux responsables vitivinicoles, réunis le 17 décembre à l'Onivins. Ils s'étaient retrouvés pour s'accorder sur la stratégie à adopter pour améliorer la compétitivité des vins français. Le ministre de l'Agriculture, Hervé Gaymard, avait demandé à Denis Verdier, président de l'Onivins, de rendre, avant la fin de l'année, ses conclusions sur le débat engagé dans la profession à la suite des propositions du groupe de travail Cap 2010.
Après une séance de remue-méninges, organisée par l'office le 4 décembre (voir La Vigne n° 138), les responsables des dix grandes organisations (1) de la filière se sont retrouvés le 17 décembre pour satisfaire à cette demande. Cette soirée en ' groupe restreint ' devait être celle de la synthèse. ' En trois heures, nous avons abordé un seul des quatre points à l'ordre du jour, à savoir la question de la segmentation de l'offre. Et encore, nous ne sommes pas parvenus à un accord ', explique un participant. ' Ce sujet engage l'avenir de la filière. Il n'est pas étonnant qu'il fasse l'objet des plus vifs débats ', tempère un autre. ' Il va falloir poursuivre les discussions, poursuit un troisième, entre nous et dans nos organisations respectives . '
Pour l'instant, la filière reste partagée entre deux positions. Les négociants se montrent très favorables à la création ' d'un espace d'initia- tive ' , tel que le prévoit le groupe de travail Berthomeau : ' La proposition de Cap 2010 nous offre la possibilité d'avoir un réservoir de vins de marque, répondant aux règles internationales. Cette opportunité nous fait aujourd'hui cruellement défaut ', déclare Jean-Louis Vallet, de l'Afed.
A l'opposé, Jacques Gravegeal, président du syndicat des VDP d'Oc, se montre farouchement contre la création d'un vin de cépages de France : ' Cette nouvelle catégorie reviendrait à offrir aux vins d'appellation un déversoir-régulateur de leurs excédents. Mais pour les vins de pays d'Oc, qui représentent 95 % des VDP de cépages actuellement produits en France, c'est l'assurance d'avoir demain des marchés totalement déséquilibrés. Rien que pour le merlot et le cabernet-sauvignon, les surplus aquitains doubleraient les volumes sur le marché des vins de cépages ! '
Entre ces deux camps, la filière se divise. Chose curieuse, la ligne de partage ' est à l'intérieur de chaque organisation ', observe un responsable. Cela explique la difficulté d'arriver à une synthèse ! Pour autant, Denis Verdier se montre confiant. Il note deux avancées notables dans le débat. ' D'abord, il y a consensus pour tabler sur le respect du concept d'appellation. ' En clair, René Renou, président du comité des vins de l'Inao, sort renforcé des discussions. Cela devrait l'aider à tempérer les récentes ardeurs girondines et bourguignonnes, favorables à la mention des cépages et à la libéralisation de certaines pratiques oenologiques.
Par ailleurs, le président de l'office affirme discuter avec les organisations du négoce pour que la création de l'espace d'initiative, qu'elles appellent de leurs voeux, ne soit pas sans contrepartie. ' La production doit avoir l'assurance d'un partage équitable de la valeur ajoutée. ' Et d'expliquer : ' la discussion sur la segmentation conduit forcément au débat relatif au partenariat entre l'amont et l'aval . ' Bref, les échanges professionnels vont se poursuivre lors du conseil de direction de l'Onivins de janvier. On espère une synthèse remise au ministre pour la fin du mois.