Actuellement, 18 % des bidons vides de produits de traitement sont éliminés comme il se doit. 1 000 t de produits inutilisables vont être collectés d'ici à la fin 2002. C'est le résultat de l'action coordonnée par une société mise sur pied par la filière agricole.
Les emballages vides et les produits périmés posent un problème : comment s'en débarrasser ? Ces déchets, appelés EVPP (emballage vide de produit phytosanitaire) et PPNU (produit phytosanitaire non utilisable), embarrassent les exploitations viticoles. Devant les évolutions réglementaires et le développement de cahiers des charges imposant le respect de l'environnement, des démarches ont vu le jour afin de trouver des voies d'élimination. Citons PicAgri, en 1991, qui visait à promouvoir les opérations de récupération de déchets. Depuis le mois de juillet 2001, la société Adivalor (Agriculteurs, distributeurs, industriels pour la valorisation des déchets phytosanitaires) a pris le relais. Elle a été créée avec la mission de bâtir une filière pérenne de destruction des déchets phytosanitaires. Car il faut savoir que, depuis 1975 (article L. 541-2 du code de l'environnement), le brûlage des bidons vides ou leur enfouissement sont strictement interdits par la loi et donc passibles d'amendes... un risque que prennent pyromanes et fossoyeurs.
Les EVPP ne sont pas des déchets comme les autres. Depuis avril 2002 (annexe II du décret n° 2002-540), ils sont classés parmi les déchets dangereux. Par conséquent, une fois collectés, ils doivent être orientés vers l'un des cinq sites d'incinération qui leur sont destinés. Auparavant, ils ont pu passer ou non par l'un des cinq sites de prétraitement pour compactage ou broyage. En France, les EVPP sont brûlés dans des incinérateurs DIS (déchets industriels spéciaux), avec récupération de l'énergie. Coordonnées par Adivalor, les collectes sont mises en place localement par les organisations professionnelles et par 699 distributeurs. Ces derniers mettent à disposition 3 000 sites de collecte. Organisées environ trois fois par an, les collectes sont annoncées à grand renfort de tracts, plaquettes, articles dans les journaux, affiches, et même annonces radiophoniques comme dans l'Aude. Les exploitants apportent les bidons rincés et les déposent dans des sacs transparents, pour qu'ils soient acheminés dans des sites de traitement.
Selon une enquête, menée par DLC Conseil et BVA auprès de 1 002 exploitants agricoles, 93 % sont informés des collectes d'EVPP et 86 % ont ou vont participer à une opération. Des résultats encourageants. Pourtant, les écarts sont manifestes entre l'intention et l'action : seulement 18 % du total des EVPP seront collectés en 2002, soit 1 400 t. Mais la mobilisation est grandissante : 669 t en 2001, 900 t sur le premier semestre 2002. Hors de nos frontières, le taux peut atteindre des sommets : 100 % aux Pays-Bas, 90 % en Belgique, 40 % en Allemagne, 30 % aux Etats-Unis.
Des améliorations sont attendues par les agriculteurs. Ils demandent la mise à disposition d'un grand sac. Ils pourraient alors stocker les bidons dans l'attente de la collecte. De même, la participation s'améliorerait si le nombre de jours de collecte augmentait et si elle ne portait pas seulement sur les bidons de 25 l et moins, comme c'est le cas aujourd'hui. Ces revendications semblent entendues. ' Nous étudions la possibilité de fournir un sac consigné aux agriculteurs, et celle de mettre à leur disposition, pour environ 50 euros, des systèmes pour le fixer ', explique Sébastien Souchon, d'Adivalor. Par ailleurs, à partir de 2004, l'ensemble des emballages pourrait être collecté.
Il faudra au moins quatre ans pour venir à bout du stock de produits périmés, estimé à 8 000 t. Menées au cours des six premiers mois 2002, les premières opérations de collecte de ces PPNU ont permis d'en éliminer 250 t dans la Loire, le Lot-et-Garonne, la Côte-d'Or, le Vaucluse, l'Yonne et la Lorraine. D'ici à fin 2002, 1 000 t devraient être collectées. Une opération de 300 t vient, par ailleurs, de se terminer en Champagne-Ardenne.
Ces opérations sont coûteuses et Adivalor assure, pour l'instant, la maîtrise d'ouvrage du transport et du traitement dans les centres autorisés grâce aux aides publiques (760 000 euros/an sur quatre ans) et des agences de l'eau. En 2003, la pérennisation de la filière devrait être testée en Ile-de-France et en Nord-Pas-de-Calais. Dans les régions viticoles, des opérations sont déjà planifiées en Pyrénées-Orientales et Atlantiques en janvier 2003, en Isère et Bouches-du-Rhône en février 2003. Les vignerons regrettent cependant que rien ne soit encore prévu pour l'élimination de l'arsénite de soude. C'est un poison dont il faudra trouver le moyen de se débarrasser.