Agilor, du Crédit agricole, est un prêt que les pépiniéristes proposent aux vignerons pour acheter leurs plants, à un taux de 4 à 5 %. Devant le succès de cette formule, les autres banques ont conçu des offres équivalentes ou concurrentes.
Pour faciliter l'achat de matériel agricole, les banques ont mis en place des produits de financement, en partenariat avec des constructeurs et des concessionnaires. Parmi ces prêts, se trouvent Agilor du Crédit agricole, Reflexagri de la BNP, Agrilis Mat de la Banque populaire, Actimat du Crédit mutuel agricole et rural... Le principe est simple : le fournisseur propose à l'acheteur un prêt pour financer son achat. Le viticulteur n'a pas besoin de passer à son agence et le concessionnaire de matériel agricole a l'assurance d'être payé, puisque c'est la banque qui lui verse l'argent.
La nouveauté dans ce domaine, c'est l'extension de ces propositions de financement à l'achat de plants de vigne et au palissage. C'est le Crédit agricole qui a ouvert la voie. ' Notre offre a débuté dans deux départements dynamiques dans le secteur de la pépinière, le Gard et le Vaucluse, ce dernier étant le premier producteur de plants au niveau national ', annonce Hubert de Vassal, responsable du marché de l'agriculture au Crédit agricole Alpes-Provence. Les premières conventions ont été signées en avril 2002, avec une vingtaine de pépiniéristes dans le Vaucluse et une trentaine dans le Gard. ' Dans toutes les activités, nous assistons à une demande de centralisation des services. La pépinière n'y échappe pas ', poursuit Hubert de Vassal.
Au-delà, il s'agissait également de faire face à une nouvelle règle du jeu imposée par l'Europe. L'an dernier, ce changement a conduit à l'interdiction de cumuler les aides à la restructuration et le financement de l'achat des plants correspondants, au moyen de prêts bonifiés. En effet, le règlement communautaire 1 257/99 stipule que les mesures financées dans le cadre du développement rural par les Etats membres ne peuvent pas faire l'objet d'un financement par une OCM (organisation commune de marché).
Or, l'OCM du vin comporte des aides à la restructuration du vignoble, et donc à la plantation. C'est la raison pour laquelle les prêts bonifiés - assimilés à des aides publiques - intervenant dans ce même domaine ont été suspendus.
' Dans notre agence, ces prêts représentaient entre 500 à 600 dossiers par an , commente Patrice Rigaud, correspondant Agilor à la caisse régionale du Crédit agricole du Gard. Il fallait trouver des solutions pour pallier leur forte diminution. D'où l'idée d'étendre le procédé Agilor, dont les taux se rapprochent de ceux des prêts bonifiés, à l'achat de plants de vignes et au palissage. ' Depuis l'an dernier, l'agence a traité près de 300 dossiers dans ce cadre.
Les taux Agilor pépinière sont similaires à ceux qui sont pratiqués pour l'achat de matériel agricole. Ils sont compris entre 4 et 5 % pour des périodes de remboursement de cinq, six ou sept ans. Le pépiniériste ou le concessionnaire peuvent prendre à leur charge une partie, voire l'intégralité, des intérêts financiers du prêt. Cette démarche peut ramener les taux à 3 %, 2 %, voire 0 % ! La date de remboursement de la première échéance peut être différée à vingt et un mois. Pour les achats de plants de vigne, la durée de remboursement a été prolongée jusqu'à dix ans. L'offre Agilor est disponible sur l'ensemble du territoire.
BNP Paribas a, elle aussi, décidé de se mettre sur les rails. Son produit de financement du matériel agricole, Reflexagri, permettra d'acheter des plants de vigne dans le courant de l'année. Là aussi, la durée de remboursement a été étendue pour mieux répondre aux spécificités d'une plantation. Elle s'étire sur un délai de neuf ans, avec un premier remboursement qui peut être différé à vingt-quatre mois. Les taux se situent entre 4 et 4,5 %, pour des périodes de remboursement de quatre, cinq ou sept ans. La banque, qui s'intéresse de près au secteur viticole, a en outre conclu des conventions de partenariat avec des fournisseurs de piquets au niveau régional.
Toutefois, pour le financement des prêts de plantation, BNP Paribas met en avant les prêts classiques sur des périodes plus longues (neuf ans) avec un différé de trente-six mois. ' Les produits de financement mis en place avec les fournisseurs de l'agriculture présentent un intérêt évident : ils sont simples et pratiques à mettre en oeuvre, mais ils restent relativement statiques et, dans ce sens, ne vont pas toujours au devant des clients , estime Arnaud Boyer, responsable du marché de l'agriculture du groupe. Or, les montages et les solutions peuvent être différents en fonction de la situation de l'agriculteur. Le traitement et l'aménagement des offres de financement deviennent de véritables outils de gestion et d'optimisation fiscale. ' Dans certains cas, il vaut donc mieux discuter avec son banquier.
Le Crédit mutuel agricole et rural mise, lui aussi, sur les prêts ordinaires pour financer les achats de plants, mais également sur les prêts conventionnés. ' Il s'agit de prêts à taux réduit qui sont imposés et plafonnés par l'Etat et sur lesquels nous pouvons faire des conditions intéressantes. Ils représentent une bonne alternative aux prêts bonifiés ', indique Jean-Pierre Béranger, responsable du marché agricole à l'antenne de Valence.
Avec la disparition de ces derniers, l'initiative lancée par le Crédit agricole auprès des pépiniéristes ne devrait pas manquer de faire des émules.