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Capsules de champagne

La vigne - n°143 - mai 2003 - page 0

Environ trente mille collectionneurs seraient accros aux plaques de muselets, communément appelées capsules. Des séries sont destinées à étancher leur soif.

C'est un marché qui pétille. Deux fois par an, le monde des collectionneurs de capsules de champagne (ou plaques de muselets, leur vrai nom) est en effervescence, lors des bourses de Bergère-les-Vertus le 1 er mai, et de Vertus le 11 novembre. Chaque dimanche, les brocantes de la Champagne sont assidûment fréquentées par les amateurs. Un vague chiffre circule, impossible à confirmer, sur le nombre de ces aficionados : ils seraient pas moins de trente mille.
' Il existe environ quinze mille capsules de champagne personnalisées ', estime un collectionneur averti. La gamme est large : capsules à encoches estampées ou peintes, en aluminium ou en acier, polychromes, à languette, crantées, pleines ou trouées au centre... En revanche, les capsules génériques, où seul apparaît le mot champagne, sont snobées par les amateurs.
Les premières capsules sont apparues vers 1880. Pragmatique, un vigneron de l'époque, Adolphe Jacquesson, inventa ces plaques de métal en fer blanc qui fixent le bouchon contre le goulot grâce à une cage métallique, le muselet. Cela permettait de remplacer les ficelles sujettes à la moisissure ou à l'appétit des rongeurs, deux causes de l'éjection prématurée du bouchon. Sa trouvaille eut un bel avenir.

Il existe trois types de placomusophile (nom des collectionneurs, provenant des mots plaque et muselet) : les passionnés de plaques anciennes, les chercheurs d'image qui s'attachent à la singularité, à la couleur ou au thème représenté, et les amateurs de champagne. Ces derniers sont les plus rares. Ils ne gardent que les bouteilles qu'ils ont goûtées.
Certaines capsules possèdent une languette imprimée. Elles proviendraient d'un fabricant de Bordeaux et auraient été utilisées de 1906 à 1934 par Pol Roger, Charles Heidsieck, Perrier-Jouët et par une toute petite marque, Ballon de Truchsess, à Reims, dont il n'existerait qu'un seul véritable exemplaire. Une rareté. Tout comme les Pol Roger à languettes millésimées. Ah ! Que ne donnerait pas un collectionneur pour les obtenir. Notamment celle de 1923, estimée à 2 000, voire 3 000 euros. La petite histoire veut que Churchill, grand amateur de champagne, ait ' sifflé ' toutes les bouteilles du millésime.

Si, pendant longtemps, les capsules ont affiché des portraits d'ancêtres de vignerons (comme la veuve Cliquot), les armoiries de la famille ou l'emblème de la ville, depuis quelques années, les décors se diversifient. Certaines cuvées millésimées de Taittinger sont habillées, capsules comprises, par un peintre contemporain, comme Vasarely. Dans le genre ludique et branché, la série Tintin a été éditée par Brochet Hervieux. Plus agronomique, René Goutorbe, vigneron et pépiniériste à Ay (Marne), présente ses voeux en offrant à ses clients des plaques de muselets avec la photographie des cépages de la région.
Aujourd'hui, les prix atteints par certaines plaques suscitent bien des convoitises et occasionnent même des fraudes notoires, des trafics illicites ou la création de capsules uniquement destinées à la collection, ne voyant jamais le goulot d'une bouteille. Claude Lambert, un fervent collectionneur, a édité un Répertoire des plaques de muselets de champagne qui donne leur cote. Une véritable bible pour les amateurs !

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