De plus en plus de vignerons font jauger leurs cuves. Leurs travaux au chai et leurs déclarations administratives y gagnent en précision. Les prestataires leurs proposent trois services différents.
Pour faire de la qualité, il faut être précis ', constate Pierre Darriet, responsable d'exploitation au château Luchey-Halde, à Pessac-Léognan (Gironde). En 2002, il a fait jauger l'ensemble des 18 cuves de 70 à 120 hl du chai, par la société Michael Paetzold, à Cadaujac (Gironde). ' Il est difficile d'estimer un volume précis sur des cuves tronconiques. Grâce au jaugeage, je connais la capacité millimètre par millimètre. Cela évite les imprécisions au moment des assemblages. Le gain de temps est intéressant, car je n'ai pas besoin de faire des calculs. Cela me permet aussi de savoir quel est exactement l'état de mes stocks, de faire des déclarations de récolte moins approximatives, d'avoir un meilleur suivi de la consume . ' Bref, selon notre interlocuteur, le jaugeage est indispensable pour optimiser le travail du chai. Il est même obligatoire pour les structures ayant un statut de négociant ou de marchand en gros. Pour les autres, il n'est que volontaire, mais ses intérêts sont multiples. Tout d'abord, il permet d'effectuer un contrôle des rendements et d'établir une déclaration de récolte plus précise, de suivre le volume des pertes. Ensuite, il simplifie la gestion et la déclaration des stocks.
Il permet aussi de réaliser un dosage beaucoup plus rigoureux des produits oenologiques. Enfin, il facilite le remplissage des cuves, mais aussi tous les transferts de volumes au moment de l'écoulage, du pressurage, du soutirage ou pour compléter une cuve en vidange.
Il faut savoir qu'entre les volumes donnés par les constructeurs et ceux mesurés, il y a des différences. ' Souvent une cuve de 100 hl en fait 102 hl ', constate Pascal Cugnart, de la société Jaugeage Cugnart, à Epernay, (Marne). Au vu de ces avantages, le jaugeage volontaire se développe. ' Lorsque nous avons commencé notre activité de jaugeage en 1997, le jaugeage volontaire ne représentait que 5 %. Maintenant il représente le quart de l'activité de jaugeage ', rapporte Fabien Boisseleau, de la société Michael Paetzold.
En Champagne, c'est même une habitude du fait de la valeur ajoutée du produit. ' Si un litre tombe par terre, c'est 7,60 euros de perdus ', rapporte Pascal Cugnart.
Il explique que dans cette région, beaucoup de vignerons travaillent avec des prestataires pour les tirages et d'autres opérations facturées à l'hectolitre. ' Mieux vaut alors que le vigneron sache exactement ce qu'il a dans sa cuve. ' D'autres se lancent dans la traçabilité et l'assurance qualité.
Concrètement, comment cela se passe ? Pas question de le faire soi-même ou d'appeler le plombier du coin pour qu'il jauge les cuves avec un compteur d'eau, sous peine de se retrouver avec de grosses erreurs.
Mieux vaut faire appel à une société qui dispose d'un service de métrologie agréé par les Drire (Directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement), et qui a reçu une accréditation du Cofrac. Soit le vigneron opte pour un jaugeage réglementaire, soit il opte pour un jaugeage à usage interne. Dans le premier cas, il doit possèder des cuves qui entrent dans la catégorie ' récipient mesure ', que fournissent les chaudronniers, dès lors qu'on leur en fait la demande. Après le jaugeage, la société lui délivre un certificat de jaugeage qui fera foi auprès des douanes. ' Beaucoup de vignerons, qui achètent de nouvelles cuves, nous demandent ce type de jaugeage pour être tranquille. Le surcoût par rapport à un jaugeage interne est de 0,23 euros/m³, ce qui correspond à la taxe prise par la Drire pour la délivrance du certificat ', constate Pascal Cugnart. A l'opposé, un jaugeage uniquement à usage interne n'a pas de caractère officiel. ' Si le vigneron possède des cuves anciennes pour lesquelles la mise en conformité occasionnerait un coût important, nous utilisons le barème de jaugeage à usage interne ', poursuit Pascal Cugnart.
' Nous nous servons du même matériel pour les deux types de jaugeage ', explique Bruno Chaudet, de la société Cognac jaugeage, à Cognac (Charente). Quant au jaugeage, en lui-même, il peut être soit volumétrique, c'est-à-dire aboutir uniquement à la mesure de la capacité totale de la cuve, soit centimétrique. ' On modélise la forme de la cuve, et on établit une table des volumes, en fonction des hauteurs de liquide à partir des relevés effectués sur la cuve ', explique Fabien Boisseleau.
Pour estimer le coût, la plupart des sociétés font des devis. La société Paetzold facture la prestation en fonction du temps passé . Chez eux, le coût va ainsi varier selon le nombre de cuves à jauger, leur type, leur accessibilité. ' Sur une journée, la fourchette de prix va de 488 euros à 720 euros . ' Chez Jaugeage Cugnart, les tarifs sont établis par tranche de cuve. Mais comme le souligne Fabien Boisseleau, ' tout vigneron ne peut pas supporter le coût d'un jaugeage '.
CONTACTS
Liste des établissements accrédités Cofrac disponible sur le site www.cofrac.fr. Choisir l'option 'recherche d'organisme', puis 'recherche par domaine', dans 'étalonnage', cliquer sur 'mesurage statique des volumes', et opter pour le programme TLC-RDERN (Prog 2-1805).