Après deux ans de suivi post- homologation et d'essais de la firme ISK, le flazasulfuron semble réhabilité. Belchim, qui commercialise le Katana, relance ce désherbant sur tout le territoire.
'Le dossier du flazasulfuron est aujourd'hui quasiment clos ', estime Benoît Herlemont, rapporteur vigne de la Protection des végétaux (PV). En 2000, un jaunissement prononcé touchait des vignes traitées avec cette molécule en Champagne, en Charentes et en Chablisien. La firme ISK, fabricant de l'herbicide, avait préféré suspendre sa commercialisation en 2001.
Afin ' d'accompagner le retour du produit sur le marché ', la PV a mis en place un suivi post-homologation en 2002 et 2003 en Aquitaine, en Languedoc-Roussillon, en Beaujolais, en Midi-Pyrénées en 2002 et en Bourgogne en 2003. Dans ces régions, les viticulteurs ont reçu un formulaire pour signaler aux services régionaux d'éventuels problèmes sur les parcelles désherbées au Katana. Il ne s'agit donc pas d'essais. Les résultats dépendent de la participation des viticulteurs, la PV n'intervenant que pour contrôler les cas signalés. En 2002 et 2003, ce réseau de surveillance n'a pas mis en évidence de chlorose accentuée.
Autre élément à sa décharge : les symptômes de phytotoxicité de cette molécule sont différents du jaunissement de 2000. En appliquant quatre fois la dose recommandée sur des vignes de trois ans en pots, on observe trois phénomènes temporaires, selon la PV : les entre-noeuds raccourcissent ; le nombre de feuilles est modifié après un mois ; les nervures se décolorent, mais sans chlorose, ni nécrose entre les nervures.
En parallèle, ISK a mis en place des actions de suivi en Champagne, dans les Charentes et en Chablisien, où le flazasulfuron n'était plus distribué. Les essais comparaient le Katana à un désherbant témoin, le Fenican, sur des parcelles chlorosantes, à dose simple ou double. Les différences entre les deux produits ont été jugées non significatives. ' Les résultats n'établissent pas de lien entre les applications de flazasulfuron et l'apparition de phénomènes de jaunissement du feuillage en 2000 ', conclut l'étude de la PV. Même conclusion pour Thierry Nuytten, chef de produit flazasulfuron pour ISK.
Cela suffit pour que Belchim annonce son intention de relancer le produit dans ces régions. ' Nous recevons de nombreuses manifestations d'intérêt pour ce désherbant, du fait du retrait imminent de la terbuthylazine ', confie Thierry Nuytten. ' Nous avons demandé aux distributeurs de sélectionner les viticulteurs auxquels ils vendront le produit, annonce Richard Guillou, chez Belchim. Les parcelles chlorosantes seront évitées. '
Interrogé, le CIVC reste discret : ' Le problème est réglé chez nous depuis longtemps, à l'amiable, donc de façon confidentielle , pose Dominique Moncomble à l'interprofession champenoise. Si le produit revient, nous nous baserons sur ce que nous en savons pour élaborer nos préconisations. Nous tiendrons compte des avantages que les Champenois lui ont trouvés en 2000, au point de l'utiliser sur la moitié du vignoble, mais aussi des conséquences engendrées . '
Reste qu'aucune explication définitive n'est avancée pour les phénomènes observés en 2000. ' Une somme d'éléments a conduit à des problèmes en certains endroits ', avance Richard Guillou, peut-être en exacerbant les symptômes sur les parcelles sensibles.