Et voilà que la Cour des comptes s'en mêle ! Dans son rapport annuel 2003, elle estime que le gouvernement n'en fait pas assez pour lutter contre l'alcoolisme. Au passage, on découvre que le ministère de la Santé avait vu le coup venir. Pour y parer, en 2002, il avait accordé un financement spécial à l'Anpa, lui demandant de faire respecter la loi Evin. Les Bourguignons en ont fait les frais. Les Bordelais pourraient bien être les suivants. Et dire que les dirigeants de la filière se préparent à se battre pour obtenir une révision de cette loi au profit du vin.
Qu'ils fourbissent leurs arguments ! Car, malgré leur soutien à la viticulture, on voit mal les parlementaires atténuer une loi qui vise à protéger les Français contre l'excès d'alcool. Les responsables de la santé publique leur rappelleront qu'il faut tenir le cap. Entre leurs mises en garde et l'élitisme pompeux d'une bonne partie du monde du vin, il y aura de quoi décourager une nouvelle vague de consommateurs. Car la baisse des ventes n'est pas uniquement due à ' l'effet Sarkozy '. Ne revenons pas sur les déceptions nées de nos défaillances qualitatives. Soulignons plutôt cette autre dérive : un pan de la viticulture s'est peu à peu éloigné du grand public à force de repli sur la tradition, de sophistication intellectuelle, de discours hermétiques sur le terroir... Que sais-je encore ?
De nombreuses personnes en ont perdu toute confiance en leur propre jugement, s'agissant du vin. Elles se disent incapables de l'apprécier par elles-mêmes. Il fut un temps où l'on impressionnait son monde en étant compliqué. Simplicité rimait avec indigence. Ce temps est révolu. Le succès des rosés, des Bag-in-Box et des vins de pays prouve que les choses simples ne sont plus perçues comme creuses. Elles sont sans effet, ni artifice inutile. Leur légèreté sème la joie de vivre, encourage les rapports humains. N'est-ce pas cela le vin ?