ImprimerSous les caves Bouvet-Ladubay s'étirent de longues galeries d'extraction de pierre de taille. En 2002, ce négociant, célèbre pour ses saumurs effervescents, les a confiées à un sculpteur.
'Rien n'est plus indispensable à la finesse des bulles que l'art et les artistes. ' Patrice Monmousseau, PDG de Bouvet-Ladubay, amateur de contemporain, n'a de cesse de mêler l'art du vin et l'art de vivre. Ce fut l'objet de l'ouverture, en 1992, d'un lieu culturel dédié à la création contemporaine, la galerie Bouvet-Ladubay. Ce centre d'art, composé de neuf salles, s'étend sur 800 m² et accueille deux ou trois expositions par an. Soixante artistes et grands noms de l'art contemporain, comme Ben ou César, s'y sont déjà succédé.
C'est un lieu de rencontres, de découvertes, d'ouverture, accessible à tous gratuitement. ' C'est une harmonie entre le vin, le lieu, l'esprit et les lignes d'aujourd'hui ', indique la maison, à Saint-Hilaire-Saint-Florent, commune qui jouxte Saumur (Maine-et-Loire). Avec ce ' petit plus ', elle a voulu ' lier intimement l'art du vin, l'art de vivre de nos jours, l'art de construire de la région et les arts contemporains '.
Cependant, lorsque Philippe Cormand, sculpteur sur pierre, glace ou bois, propose de réaliser une sculpture de glace, Philippe Monmousseau refuse : il n'a aucun goût pour l'éphémère. Il lui commande une oeuvre, la cathédrale engloutie, qui s'inscrira dans la pierre des galeries d'extraction du tuffeau de la maison. Ces galeries ont été réaménagées en caves.
La cathédrale engloutie, inaugurée en juillet 2002, totalise 35 sculptures créées à même le tuffeau sur 600 m de galeries. ' Elles sont là pour honorer la mémoire des carriers, des tailleurs de pierre, des sculpteurs et des bâtisseurs qui ont façonné le patrimoine du Val de Loire , explique Jean-Maurice Belayche, directeur des relations publiques de Bouvet-Ladubay. Elles sont là comme un hommage et un clin d'oeil aux moines chassés de Saumur par Foulque Nera, en 1025. Ils se sont installés sur les hauteurs surplombant le Thouet. Ils ont creusé les premières galeries pour extraire le tuffeau qui servira à ériger l'abbaye La belle Anjou, consacrée en 1040. ' Ses caves et galeries seraient aujourd'hui celles de la maison Bouvet-Ladubay.
Philippe Cormand a recréé dans la pierre, des fragments de cette ancienne abbaye. Les sculptures évoquent des éléments de chapiteaux d'abbaye, de murs de châteaux ou de donjons, elles représentent des moines, des motifs vinaires, des raisins, des verres de vin, ce dernier étant indissociable de la vie des moines.
Ce petit parcours de 600 m commence par une brève présentation de la maison et un rappel historique de ces moines, pendant huit minutes au son d'une musique lyrique de Vangélis, celle du film Lune de fiel de Roman Polanski. Puis le visiteur déambule librement dans les galeries humides. Environ 40 000 personnes sont accueillies tous les ans. La visite (1 euros) comprend ensuite la dégustation des trois produits phares de la maison : le saumur brut blanc Saphir millésimé (8,68 euros), le rosé brut Excellence (8,68 euros) et le rouge Bouvet Rubis en méthode traditionnelle demi-sec (8,29 euros). Ces sculptures sont dédiées à tous les ouvriers et au personnel de Bouvet-Ladubay, depuis sa fondation en 1851.
