ImprimerDeux nouvelles collections littéraires témoignent de l'intérêt des éditeurs pour l'univers du vin : Ecrivins chez Stock et Le sang de la vigne chez Fayard.
C'est le désir de lire de la littérature sur le vin qui a motivé Philippe Claudel à créer la collection Ecrivins, aux éditions Stock. L'auteur des Ames grises, prix Renaudot 2003, a imaginé une collection où seront sollicités des auteurs qu'il aime, pas nécessairement des experts. A eux d'écrire dans une totale liberté de forme et de style. A chacun d'apporter son univers. ' On veut aborder différents tons, différents mondes, différents bonheurs ou différentes perditions, sans faire référence à une idée définitive du vin ', précise Philippe Claudel. La collection a vu le jour au mois de mars 2004.
Déjà, trois titres ont été publiés : Chez Marcel Lapierre de Sébastien Lapaque, journaliste au Figaro et romancier, offre un hommage à un homme du vin talentueux, farouchement individualiste. Dès 1988, il est sacré pape du morgon par le magazine Gault et Millau, précurseur dans la remise en cause de certaines pratiques oenologiques (sulfitage, chaptalisation...). Il est le père spirituel des viticulteurs adeptes des vins dits naturels. Cet ouvrage est une promenade au coeur du Beaujolais. C'est aussi un livre politique, car la mondialisation, la ' parkerisation ' des grands vins et ses conséquences y sont débattues.
Avec Ivresses du fils, Daniel Arsand, romancier et éditeur, a signé un ouvrage autobiographique. Il évoque son enfance jusqu'à l'âge adulte. Le vin y apparaît comme un fil conducteur, à travers les souvenirs de cuites aux conséquences parfois fâcheuses. Par exemple, à 13 ans, frustré de n'être autorisé à déguster son premier vin que coupé d'eau, la curiosité le pousse à aller plus loin, à l'insu de ses parents. Il boit à même le litron et croit masquer son forfait en se tamponnant les lèvres du parfum maternel. Cela n'arrange en rien son haleine. Lorsque sa mère l'embrasse, elle lui flanque une magistrale paire de claques !
Un Vin de paille, de Patrick Cloux, romancier et représentant pour la maison d'édition Actes Sud, dépeint la basse Auvergne du milieu du XIX e siècle, où la vie locale était dominée par la culture d'un vin ' populaire '. 200 000 personnes y vivaient de la viticulture.
Deux autres livres paraîtront avant la fin de l'année, de Pierre Charasse et Jean-Claude Pirotte, puis le rythme de parution va se stabiliser autour de trois ou quatre livres par an.
Le vin inspire un autre éditeur. En janvier 2004, Fayard a lancé sa collection Le sang de la vigne, des romans policiers ancrés dans les terroirs viticoles. Un héros y apparaît : Benjamin Cooker, détective oenologue flanqué d'un assistant, Virgile Lanssion. Outre une grande propension à déguster et à fumer le cigare, il élude des meurtres. Les intrigues qui se nouent révèlent la part d'ombre qui se niche derrière les caves et les chais.
Quatre livres ont été publiés à ce jour aux noms évocateurs : Mission à Haut-Brion, Noces d'or à Yquem, Cauchemar dans les Côtes de Nuits et Pour qui sonne l'Angélus . Dans Noces d'or à Yquem, un couple de vieillards est retrouvé étranglé dans son lit. Le mystère de la mort des époux Lacombe, employés des postes et fidèles des vendanges du château Yquem, entraîne Benjamin Cooker dans une enquête qui le mène jusqu'à Londres pour un dénouement inattendu, mais où les dégustations ne manquent pas... Dans Pour qui sonne l'Angélus , Benjamin Cooker délaisse ses terres bordelaises pour une étape à Vouvray, où il croit rencontrer un alter ego en la personne d'un Britannique, grand amateur et collectionneur, qui se révélera n'être qu'un escroc.
Jean-Pierre Alaux, rédacteur en chef du magazine Cigares & Co, et Noël Balen, producteur musical et auteur de livres sur le jazz, vont publier dix titres au cours de 2004, qui entraîneront les lecteurs vers d'autres terroirs tels que l'Armagnac, le Cognac, le Beaujolais...
