De nombreux viticulteurs ont répondu, le 5 juillet, à l'appel de la FDSEA et des JA. Ils réclament une reprise des cours, une baisse des charges, un assouplissement de la législation...
La fête du vin, qui s'est déroulée place des Quinconces, du 1er au 4 juillet, a été un succès. Paradoxalement, dès le lendemain, des milliers de viticulteurs partaient du même endroit pour manifester dans les rues de Bordeaux. Dans la foule, des bannières flottaient. Leurs slogans étaient scandés par les viticulteurs. ' CIVB : fais ton boulot ! La promo des vins de Bordeaux ', ' Députés, amendez Evin ', ' Moins de charges et plus d'emplois ', ' Négoce : à moins de 1 000 euros, tu creuses nos tombeaux '.
Ces phrases retranscrivent l'opinion des viticulteurs, moroses et impuissants devant la crise. ' Nous ne pouvons pas faire du vin à 750 euros/tonneau, expliquait Laurent Rougier, viticulteur à Saint-Avit-Saint-Nazaire (Gironde). Nous avons investi pour faire un bon produit, et maintenant que nous y sommes arrivés, nous ne le vendons plus. Il y a 20 % de vin en trop, et les négociants en profitent pour tirer tous les prix vers le bas ! Cela ne peut plus durer ! ' ' En dessous de 1 000 euros/tonneau, nous ne pouvons pas payer nos charges , témoignait un jeune, installé depuis 1999. Pour faire un produit de qualité à Bordeaux, la rémunération doit atteindre 1 200 euros . '
Un peu plus loin, Max Silvestrini, président de l'appellation Lussac Saint-Emilion, analysait la situation : ' La réglementation est de plus en plus lourde et compliquée, les charges salariales ont explosé, le coût de la vie ne cesse d'augmenter, et les cours du vrac sont au niveau de ceux d'il y a vingt ans ! C'est une aberration . S'il n'y a pas de réaction immédiate, de nombreuses personnes vont passer à la trappe dans les six prochains mois. ' Christian Destrambes, de Saint-Sulpice, était lui aussi désabusé : ' En France, nous avons des contraintes qu'il n'y a pas ailleurs : les 35 heures, la loi Evin... On ne peut pas y arriver. En plus, le CIVB ne fait pas son travail ; la restauration applique un coefficient de 3,5, ce qui rend le vin trop cher. L'avenir est morose . '
Les viticulteurs étaient plutôt réservés sur les mesures prises par le CIVB le 24 juin : ' On attend de voir ' était le leitmotiv. Certains soulignaient des illogismes : ' On nous parle d'arrachage. Mais l'Europe est en train de légaliser 100 000 ha de vignes illicites. Alors, moi, on ne me fera jamais arracher. S'il y a trop de vin, qu'on commence par arracher là où on n'avait pas le droit de planter . '
Le moral n'était pas au zénith, surtout parmi les 50-60 ans : beaucoup ont mis leurs successions en attente. Heureusement, les jeunes étaient plus optimistes...