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Six broyeurs récupérateurs de sarments à l'épreuve du terrain

La vigne - n°162 - février 2005 - page 0

Des viticulteurs s'équipent d'un broyeur récupérateur afin d'éviter les maladies du bois. D'autres réalisent du compost ou, au contraire, limitent la vigueur de leur vigne en sortant la matière organique. Quelques-uns éliminent les débris de sarments pour des questions d'esthétisme ou pour ne pas boucher les évacuations des eaux. Cet équipement divise le temps de travail par deux par rapport à un ramassage manuel.


Jean-Jacques Dubois, de l'entreprise Prestations vitivinicoles Banton Lauret, à Vignonet (Gironde), s'est équipé d'un broyeur Ital'Agri, à la demande de certains clients. Il est satisfait de l'appareil et apprécie la possibilité d'enlever le récupérateur. Il peut ainsi broyer sans récupérer chez d'autres clients. Il pointe quelques insuffisances : le bac est plein tous les 200 pieds environ, ce qui implique de le vider quinze à vingt fois par hectare. Par ailleurs, il faut passer en vitesse lente, sinon le broyeur bourre ou ne récupère pas bien. Une autre limite est la taille de l'outil : ' Il faut avoir des tournières de 6 à 7 m, sinon le haut de la trémie touche les piquets . '
Jean-Pierre Cadret, de la Cuma Prunivitis (Lot-et-Garonne), regrette lui aussi que la trémie ne soit pas plus grande : ' C'est insuffisant pour mes rangs de 220 m. Je dois ramasser le début de chaque rang en premier, puis je fais le reste . ' De plus, quand le bac récupérateur est plein, l'appareil continue à broyer, mais sème tout derrière lui. Il faut donc être vigilant pour s'arrêter à temps. Il a eu un problème la campagne dernière : la tôle extérieure s'est dévissée et est passée dans le broyeur. ' Cette année, l'entreprise a mis une tôle plus épaisse, et a augmenté le nombre de points de fixation . ' Il passe ce broyeur à 5 km/h sans bourrer. Jean-Pierre Cadret trouve le matériel stable, et il n'a aucun problème lors des manoeuvres.

Philippe Gayraud, chef de culture au château Lagrange, à Saint-Julien-de-Beychevelle (Gironde), a opté pour un broyeur récupérateur Grégoire Lagarde. Il est disposé sur le côté droit d'un enjambeur trois roues, ce qui évite de tasser les sarments. Les déchets sont éliminés dans une benne récupératrice d'environ 3 m³. Cette benne ' maison ' est posée sur l'enjambeur, et est vidée environ quatre fois par jour. Philippe Gayraud apprécie le broyeur, mais deux personnes doivent passer derrière pour ramasser les sarments jetés sur les côtés par l'andaineur...
Jacques Pélissié, directeur du château Giscours, à Margaux (Gironde), utilise également le broyeur Grégoire Largarde. Il a fait réaliser des modifications pour que les sarments soient broyés plus finement (3 cm maximum) et qu'ils ne bouchent pas la cheminée. L'appareil passe à 5 km/h dans des vignes peu vigoureuses, et moins vite dans les autres. Le conducteur effectue deux ou trois rangs aller et retour avant d'aller vider. Les sarments sont bien éliminés, mais ' si les tailleurs ne les mettent pas bien au milieu du rang ou si le pick-up est trop haut, il en reste quelques-uns. Du coup, il nous arrive de repasser à pied à certains endroits ', témoigne-t-il. Il a peu de problèmes de bourrage grâce à la puissance des enjambeurs du château. Lorsque les débris de sarments deviennent trop gros, il affûte les marteaux et contre-marteaux, qu'il change tous les 40 à 50 ha.

Alain Cocteau, des champagnes Jeanmaire, à Epernay (Marne), possède un broyeur pour enjambeur Houel et fils depuis trois campagnes. Après quelques réglages au niveau de la cheminée, il utilise le matériel sans problème. Il passe entre 1 et 1,5 km/h et ne bourre jamais. L'entretien est classique. Le broyeur nécessite de la puissance, notamment en dévers. La benne, conçue sur l'exploitation, est installée sur vérins, ce qui permet de la vider facilement dans une remorque (10 fois/ha). Malgré les 450 kg de son engin, Alain Cocteau ne constate pas de tassement de ses sols. Mais il passe les griffes tout de suite après.

Mickaël Mariller, du domaine Rochebin, à Azé (Saône-et-Loire), travaille avec un Boisselet. Depuis son achat en 2000, il n'a eu aucun problème avec. Il le trouve bien étudié, et il apprécie qu'il ne laisse rien dans la vigne. Il ne perd pas de temps par rapport à un broyage simple : ' Je fais facilement 4 à 5 ha par jour , même si la vitesse de passage dépend du sol ', Hervé Philippe, viticulteur à Chardonney (Saône-et-Loire), apprécie lui aussi le matériel. Il a juste réalisé une adaptation : ' L'espace entre les marteaux et la cage a été réduit pour que les bouts de sarment soient plus fins et passent dans l'épandeur à compost . ' Il roule à 3-4 km/h pour éviter tout bourrage. Il n'a pas de problème pour réaliser ses manoeuvres de fin de rang. Par contre, le broyeur est assez lourd. Il évite donc de le passer sur un sol trop humide.

Claude Rousselot-Pailley, viticulteur sur 10 ha à Lavigny (Jura), ramasse ses sarments à l'aide d'un broyeur pour enjambeurs Lauprêtre. Il trouve ce matériel costaud, même s'il a dû adapter la cheminée : ' Il y avait des problèmes de bourrage. La cheminée a été raccourcie et tout est rentré dans l'ordre. Avec l'expérience, on apprend à ralentir lorsqu'il y a des gros morceaux, et on bourre moins . ' L'outil est passé entre 1,5 et 2,5 km/h, et la benne est vidée tous les 25 à 30 ares. Il nécessite beaucoup de puissance : ' J'ai un enjambeur de 150 ch, et le broyeur demande tout. ' Enfin, il graisse régulièrement le matériel, mais ses terres étant grasses, il n'a pas encore eu à recharger ses marteaux.

Le château d'Arsac, en Gironde, possédait un BHE Souslikoff, qu'il n'utilise plus ' à cause de problèmes de bourrage au niveau de la cheminée, explique le chef de culture. Elle est trop droite '. Même constat au château Smith Haut Lafite, à Martillac (Gironde) : ' Le Souslikoff broie grossièrement les sarments, ce qui est idéal pour le compost , souligne Jean-Michel Baudrit, chef de culture. Mais les morceaux bouchent le conduit. ' Il regrette que la vitesse de passage soit faible : 1 à 1,5 km/h. Par contre, il apprécie la maniabilité du matériel. Au niveau de l'entretien, il procède à un graissage régulier, et change les courroies de l'entraînement tous les ans.
Conscient du problème de bourrage, Souslikoff a récemment modifié la forme de sa cheminée. Depuis, il n'y a plus de souci, comme en témoigne Sylvie Rainaud, du château de la Bécade, à Pauillac (Gironde) : ' Le broyeur fait un bon travail. Nous avons eu un problème une seule fois. Tout était mouillé. Du coup, des feuilles se sont collées et ont bouché le conduit. ' L'outil est passé à faible vitesse, et les marteaux ont été rechargés une fois en trois campagnes.
La firme propose un broyeur récupérateur interligne, le BHI. Le rotor broie les sarments et les envoie dans une benne située au-dessus. Elle est montée sur vérins, ce qui facilite son vidage.

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