Le broyeur Oonyx A530V coûte 25 000 euros HT. Il sera doté sous peu d'une goulotte réglable hydrauliquement. Un mât télescopique pourrait à terme être installé pour permettre le déchargement des big-bags depuis la cabine. M. CAILLON
La chaudière Oonyx est livrée dans un conteneur. L'installation intègre un silo de stockage des sarments modulable. M. CAILLON
Champagne : Oonyx conçoit une chaudière et un broyeur spécifiques
Le broyeur Oonyx A530V s'inspire d'un modèle forestier. L'engin est pourvu de couteaux. Il se monte sur un enjambeur ou un porteur. Un pick-up muni de quinze dents ramasse les sarments et les conduit vers deux rouleaux ameneurs. Ces derniers, tournant en sens inverse, happent les sarments et les dirigent vers un rotor transversal muni de deux couteaux qui les déchiquettent. Le rotor, doté sur sa partie arrière de deux ailettes, propulse le broyat dans une goulotte qui l'achemine dans un big-bag d'un mètre cube, suspendu à un portique fixé sur le plateau de l'enjambeur.
Le 11 décembre, la société champenoise Oonyx a présenté cet équipement dans l'Aube. La démonstration a eu lieu dans une vigne de 1,10 m de largeur, en légère pente, appartenant à Alain Réaut, vigneron à Courteron. Le sol y est portant et sans cailloux. Les sarments ont été réunis en andains lors de la taille.
Compte tenu du volume de bois à broyer et de la largeur du broyeur (77 cm), le chauffeur avance prudemment, entre 1,3 et 1,5 km/h. Il surveille en particulier la montée des sarments dans le broyeur. De temps à autre en effet, l'un d'entre eux se coince et bloque une dent du pick-up ou un des deux balais qui canalisent les bois à l'entrée de la machine. Le conducteur s'arrête alors, il fait tourner le pick-up en sens inverse pour le débourrer, puis reprend sa marche.
Arrivé en bout d'un rang, il s'immobilise pour de bon. La démonstration est terminée. Le big-bag en toile ajourée est plein de broyats nettement coupés et non filandreux. Il comporte très peu de particules fines.
Des améliorations en vue. Corinne Cop, responsable commerciale chez Oonyx, nous explique la suite normale d'un chantier de collecte : « Lorsque le premier big-bag est plein, le chauffeur descend de l'enjambeur pour orienter manuellement la goulotte vers le second sac. Quand celui-ci est plein, il dépose les deux sacs sur un plateau à l'aide d'une fourche élévatrice. » Pour faciliter la tâche du conducteur, Oonyx proposera d'ici peu un réglage hydraulique de la goulotte. Un mât télescopique permettant un déchargement des big-bags depuis la cabine pourrait aussi être installé. Enfin, la largeur du broyeur passera de 77 à 72 cm.
Une fois la quantité souhaitée récoltée (1 ha de vigne produit en moyenne 2,2 tonnes de sarments), les big-bags sont ramenés sur l'exploitation et stockés. Là, ils sèchent pendant un an. Durant ce temps, ils perdent plus de 20 % de leur poids, passant de 280 kg après la récolte à 220 kg. « La température du broyat à l'intérieur n'excède pas 37 degrés. Ce qui évite l'effet de compostage. Les sarments broyés par l'Oonyx conservent un meilleur pouvoir calorifique que les bois déchiquetés par un broyeur à marteaux », souligne Corinne Cop. Le calibrage du bois est meilleur. Il permet d'assurer une alimentation régulière de la chaudière et d'améliorer son rendement.
Le broyat séché peut servir de combustible pour le chauffage. Oonyx vend une chaudière à cet effet. Fabriquée par l'entreprise danoise Passat Energy, elle est livrée dans un conteneur qui intègre aussi un silo de stockage du combustible de 2,50 à 16 m3 et l'évacuation des fumées. Un racleur pousseur assure l'alimentation régulière de la chaudière en sarments. « Il y a beaucoup moins de risque de bourrage qu'avec une vis sans fin », précise Corinne Cop. Elle peut aussi fonctionner avec un mélange de sarments et de plaquettes forestières.
Quatre broyeurs Oonyx et deux chaudières fonctionnent à ce jour. La société Alabeurthe diffuse ces matériels à Beaune (Côte-d'Or), Sancerre (Cher) et Chablis (Yonne). Oonyx est également représenté dans le Beaujolais, en Champagne et dans le Bordelais.
Le broyeur A530V coûte 25 000 euros HT. Le prix de l'installation d'une chaudière à sarments avec silo modulable atteint 30 625 euros, soit 60 % de plus que son équivalent en fioul. Pour une consommation annuelle de douze tonnes de sarments, le montant en combustible, pour vingt ans, s'élève à 36 130 euros. Pour chauffer une même surface et avoir la même chaleur, il faudrait brûler 6 000 litres de fioul par an, ce qui coûterait, toujours en vingt ans, 144 000 euros de plus selon Oonyx. L'investissement serait donc assez rapidement amorti.
Gard : La Cuma veut monter un service
Se chauffer aux sarments de vigne... L'idée prend bonne tournure dans le Gard. Depuis plus de cinq ans, la chambre d'agriculture, avec l'appui du département, travaille sur la création d'une filière de production de granulés à partir de sarments.
La Cuma du Gard s'est déjà équipée l'an dernier d'une presse à sarments de l'Italien Caeb (voir la photo). Cette machine les ramasse sur le rang pour fabriquer et expulser des ballots en bout de rangée. Elle est capable de stocker jusqu'à huit ballots avant de les déposer. La quantité de sarments humides récoltés varie de 600 à 1 500 kg/ha en fonction du cépage, du mode de palissage, de la taille et du prétaillage. Le coût du ramassage est de l'ordre de 100 €/ha, mais le coût du kilo de sarments ramassés varie du simple au double du fait des écarts de rendement.
Développer une filière de production. Cette année, la Cuma du Gard va tester différentes machines permettant de transformer ces sarments en granulés, notamment la granuleuse Caeb, présentée en démonstration en décembre dernier dans ce département. L'équipement complet sera transportable sur une remorque et pourra travailler directement sur l'exploitation des viticulteurs intéressés.
L'équipement Caeb est constitué de deux machines. La première est une broyeuse capable de broyer une balle à la minute. La seconde travaille en continu à partir du broyat stocké dans le silo tampon et produit 50 kg/h de granulés. Les ballots de sarments doivent au préalable être stockés au sec pendant six mois pour que leur taux d'humidité soit ramené de 44 à 12 %. « Cette année, nous allons tester cet équipement en phase de mise au point », précise Renaud Cavalier, chef du service agroéquipement de la chambre d'agriculture gardoise.
L'idée est ensuite de développer une filière de production avec deux voies possibles : le circuit court, où le viticulteur récupère les granulés pour se chauffer, ou la commercialisation par le biais de Cévennes Composites, une entreprise locale qui va monter un projet industriel de fabrication de pellets d'une capacité d'une tonne par heure. Les viticulteurs pourront ainsi lui vendre directement les sarments en ballots ou en broyats, sans être obligés de les stocker pour les faire sécher.
Une expérimentation sera menée cette année sur 80 ha en partenariat avec l'agglomération d'Alès (Gard), qui envisage d'utiliser les pellets pour le chauffage de ses équipements publics.
Les granulés de sarments sont utilisables dans des chaudières polycombustibles actuellement disponibles sur le marché. Quelques adaptations doivent encore être étudiées, pour les poêles des particuliers, car les granulés de sarments de vigne produisent plus de cendre que ceux d'autres bois. Des poêles à pellets adaptés aux sarments sont déjà vendus par des constructeurs italiens.
« Le marché des granulés est en pleine croissance. Il y a une forte demande des particuliers comme des collectivités », soutient Renaud Cavalier. Avec un potentiel de production de 50 000 ha de vignes, le Gard a de quoi approvisionner ce marché en pleine expansion.