Lancée en 2001, la campagne publicitaire des vins de Bordeaux a été renouvelée fin 2003. Elle met en scène neuf vignerons et négociants, aussi ' glamour ' et raffinés que des mannequins.
Ils ont créé la surprise. Les neuf jeunes gens qui figurent sur les visuels de la campagne de publicité du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) ne sont pas des mannequins. Ce sont tous des vignerons ou des négociants bordelais. En chair et en os. Avec cette galerie de portraits glamour et raffinés à souhait, l'interprofession a voulu ' mettre en avant la nouvelle génération du vignoble ', explique Valérie Descudet, responsable des relations de presse. Et montrer que ' le vigneron n'est pas ce personnage âgé et buriné que l'on représente systématiquement '.
' Lorsque je suis dans mes vignes ou dans ma cave, je suis en salopette. Mais mon travail consiste aussi à vendre mon vin. Dans ce cas, j'adopte une tenue plus adaptée. Il faut faire bonne impression ', renchérit Catherine Gachet, du Clos Dady, à Preignac, qui représente Sauternes et Graves.
La campagne vise aussi à rapprocher le bordeaux des jeunes. ' Nous avons voulu leur montrer que les professionnels leur ressemblent ', argumente Annie Poussielgues, présidente de l'agence Créhalet Pouget Poussielgues (CPP), qui l'a conçue.
Lancée en 2001, la campagne a fait l'objet d'une seconde vague en 2003. Cette fois, c'est Jean-Marie Périer, photographe des stars du show-biz, qui a réalisé les prises de vue. Conditions : avoir entre 25 et 45 ans et appartenir à la filière.
Catherine Gachet avoue s'être lancée dans la compétition pour ' apporter sa contribution à la défense de l'appellation Sauternes, aujourd'hui sinistrée '. James Bonardel, négociant éleveur, choisi pour le visuel des Côtes de Bordeaux voulait, de son côté, ' montrer que le bordeaux n'est pas un vin ni ringard, ni poussiéreux '.
' Nous avons reçu plus de 210 candidatures ', se souvient Valérie Descudet. Jean-Marie Périer a fait la sélection finale à Bordeaux. ' Il a choisi les personnes les plus à l'aise devant l'appareil photographique, indique Annie Poussielgues. Elles devaient aussi avoir une image sympathique et sérieuse qui corresponde au message de convivialité que nous souhaitions faire passer. '
Tous les participants ont pris gracieusement sur leur temps pour se plier aux prises de vue. Lorsqu'il a appris qu'il était sélectionné pour représenter les appellations Bordeaux et Bordeaux supérieur, Edouard de Fonroque, négociant, s'est senti ' flatté. J'étais fier d'apprendre que mon style collait à l'expression des bordeaux. De plus, mes clients m'ont vu sur le visuel et m'ont fait des remarques très positives '.
Les séances photo ont eu lieu en studio. Tous les participants en gardent un bon souvenir. ' J'ai vécu ces moments comme une aventure ', confie James Bonnardel. Quant au résultat, il a fait l'unanimité. ' J'aime énormément le visuel qui symbolise les Côtes de Bordeaux. Il a un côté tendance et décalé qui dynamise l'image de nos vins ', poursuit-il. Catherine Gachet retient, quant à elle, la ' dimension humaine de cette campagne, car elle met des visages sur une appellation '. Elle regrette l'attitude de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa), qui a censuré l'affiche Sauternes sur laquelle elle figurait. ' On m'a reproché d'avoir le verre trop près de la bouche. Les emmanchures de ma robe étaient soi-disant trop échancrées. ' Du coup, elle a dû refaire des photographies à Paris, en robe du soir à manches longues.
N'en déplaise à ces pourfendeurs, la campagne a séduit nos contemporains. Le musée de la Publicité a fait entrer ces images dans sa collection. Et l'affiche Médoc, incarnée par Marianne Lubberhuizen, une séduisante jeune femme aux yeux bleus et maître de chai, a reçu le prix 2004 de l'Académie nationale des arts de la rue.