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Chai dans le sable : le clin d'oeil de Tursan à son histoire

La vigne - n°167 - juillet 2005 - page 0

En février, le Syndicat des vins de Tursan enterrait trois fûts dans le sable, à Hossegor. Il vient de les sortir de leur chai naturel. Au profit d'une association caritative, cette opération s'inspire de l'histoire du vignoble landais.

Vendredi 17 juin, l'opération Mémoire de Tursan, décidée et financée par le Syndicat des vins de Tursan, se déroulait sur les dunes d'Hossegor, dans les Landes. Sous l'oeil attentif d'une centaine d'invités, deux fûts de chêne, contenant du rouge de l'appellation landaise, et un fût de blanc ont été extraits de leur chai de sable.
Ils y avaient été enfouis le 2 février 2005, à 4 m de profondeur, en mémoire des temps anciens. Car, dès le Moyen Âge, les vins de Tursan étaient acheminés en gabarre sur l'Adour, depuis le port de Saint-Sever jusqu'à celui du Boucau. Plus tard, après le XVI e siècle, ils étaient déchargés à Bayonne, qui était alors une importante place de commerce.

Les vins étaient ainsi transportés sur 110 km par la voie fluviale. Ils étaient conditionnés en tonneaux, puis troqués sur le marché régional contre d'autres marchandises (seigle, morue séchée...). Ou ils étaient expédiés par la mer vers l'étranger (Angleterre, Ecosse, Hollande...).
' Au XVIIe siècle, Bayonne exportait 26 000 barriques, souligne Francis Brumont, professeur d'histoire de la faculté de Toulouse. Les deux tiers du vin des Landes provenaient de la région de Tursan. Cela représentait 5 000 à 6 000 ha de vigne, les rendements n'excédant guère 10 à 12 hl/ha. ' Aujourd'hui, le vignoble de Tursan, les vins de pays des Landes et de Chalosse ne couvrent plus que 620 ha.
Dans l'attente d'être chargés sur les navires de commerce, les tonneaux étaient stockés dans les entrepôts du port, ' sans doute dans des caves au sol de sable '. Il n'en fallait guère plus à l'équipe des vignerons de Tursan pour monter cette opération de promotion ' rendant un hommage symbolique à l'histoire '.
Après les discours d'usage, un aréopage de personnalités locales (élus, représentants de la vie publique, clients professionnels...) se pressent autour de la fosse de quelques mètres carrés, préalablement creusée dans la dune, pour assister au clou de l'opération. Sous un soleil de plomb, par un ciel bleu resplendissant et sur fond d'océan, deux employés donnent quelques coups de pelle pour dégager les barriques du sable. Puis ils les amarrent solidement à un crochet et font signe au conducteur du tractopelle qu'il peut activer la manoeuvre.

Soudain, le premier fût émerge du sable, s'élève dans les airs, virevolte sur lui-même avant d'être précautionneusement déposé quelques mètres plus loin. Béret bleu sur la tête, tablier de sommelier bordeaux ou noir autour de la taille, les viticulteurs de la cave coopérative des vignerons landais s'activent pour conditionner le contenu des trois fûts en 450 magnums. La cuvée Expérience 2005 est née. Elle est commercialisée 10 euros le col au profit de Chrysalide, une association de parents d'enfants déficients mentaux qui oeuvre pour leur intégration dans la société.
Le passage en fût a apporté de la rondeur et un boisé inhabituel au vin. Le blanc est un assemblage de manseng, sauvignon, et baroque. Le rouge est constitué de cabernet franc, tannat et cabernet-sauvignon. ' Tursan a un nom qui sonne bien , souligne Jean-Marie Comptier directeur de la cave coopérative. On doit pouvoir le faire sonner plus fort et ancrer l'appellation dans son département, même si elle est située loin dans les terres. ' L'opération Mémoire de Tursan aura lieu désormais tous les deux ans. Elle sera calée sur le calendrier du salon international Vinexpo, à Bordeaux, pour mieux faire connaître ' le vignoble secret des Landes '.

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