Le domaine Lamé-Deslile-Boucard a abordé positivement l'obligation de se mettre aux nouvelles normes de sécurité. Il est mieux organisé. Il a gagné du temps.
En 1999, l'exploitation familiale Lamé-Deslile-Boucard, à Ingrandes-de-Touraine, s'engage dans la démarche Terra Vitis. En 2004, elle est qualifiée en agriculture raisonnée. A chaque étape, elle s'assure de respecter les lois et les règlements concernant la santé et la sécurité du personnel. ' C'est la poursuite d'un travail entrepris il y a longtemps, explique Philippe Boucard. Déjà, mon père passait pour un extraterrestre parce qu'il était l'un des premiers à traiter avec un casque, équipé d'un filtre à air. J'ai toujours été sensibilisé à ces questions de sécurité du personnel... et aussi des exploitants. '
Plutôt que d'envisager les normes comme des contraintes, le vigneron évoque sa responsabilité morale en cas d'accident, avant même d'aborder son éventuelle responsabilité pénale de chef d'entreprise. ' C'est important que les salariés sachent que l'on se préoccupe de leur sécurité. De plus, notre personnel est qualifié et polyvalent, difficile à remplacer. ' Son exploitation emploie quatre salariés à plein temps, et les membres de sa famille.
Mais la polyvalence est justement une difficulté en matière de sécurité. ' Les salariés utilisent de nombreux outils et machines dangereux. Les risques sont multiples. C'est donc difficile de faire de la prévention. '
La mise aux normes des matériels roulants s'est faite au fur et à mesure du remplacement des anciennes machines par de nouvelles, satisfaisant aux exigences de sécurité. ' Il y a eu un gros effort des constructeurs en la matière. Mais il reste des progrès à accomplir. Plus les solutions sont pratiques, plus on est sûr que les consignes seront respectées. '
L'exploitation a pris du recul en 2003 pour rédiger, avec Benoît Evin, conseiller à la MSA de Touraine, le document d'évaluation des risques. ' Cela nous a permis de faire le tour de l'exploitation, de hiérarchiser les risques et les changements à effectuer. ' Dans le cadre de la qualification agriculture raisonnée, l'exploitation a même organisé une journée de formation sur la sécurité. ' Nous profitons de mars, un mois où nous avons le temps. C'est important que tout le monde soit sensibilisé. '
S'il se félicite de dispositifs comme les gyrophares sur les tracteurs, Philippe Boucard n'en dénonce pas moins quelques règles aberrantes. ' Nous devons réviser le chariot-élévateur tous les six mois, alors qu'il ne sert que 8 h par semaine, cinq fois moins que dans l'industrie. C'est stupide. ' Malgré tout, il reste persuadé que la réflexion sur la sécurité est indispensable, qu'elle permet de mieux s'organiser et de gagner du temps. Il en veut pour preuve son local de produits phytosanitaires qu'il a dû installer en 1999 pour adhérer à Terra Vitis. Depuis, les produits, les tenues et les équipements de sécurité sont parfaitement rangés !