La mise en commun de matériel permet de baisser les coûts de mécanisation, et donc les frais de culture de la vigne. C'est ce qui ressort d'une étude réalisée par la chambre d'agriculture du Var. Elle a comparé les charges directes, c'est-à-dire les charges d'approvisionnement, de main-d'oeuvre et de mécanisation selon plusieurs itinéraires : conventionnel, raisonné et biologique, avec ou sans Cuma. Ces itinéraires ont été simulés pour des exploitations viticoles varoises type, de 15 à 20 ha, avec une densité de 4 000 ceps/ha palissés. Le moins onéreux est la viticulture raisonnée en Cuma : 2 860 euros/ha/an pour entretenir la vigne et récolter ses raisins ; le plus cher, c'est la viticulture biologique hors Cuma : 3 930 euros/ha/an.
En viticulture conventionnelle, les coûts seuls de mécanisation se montent à 1 193 euros/ha avec du matériel individuel et à 713 euros dans le cas d'une Cuma, soit une économie de 40 %. Au final, le recours à la Cuma permet d'économiser 15 % du coût direct d'exploitation et 2 % en temps de travail. Le gain est similaire en viticulture raisonnée (voir infographie).
Plusieurs Cuma viticoles ont également calculé leurs coûts de revient. Celle des Deux Vignobles, située à Villefranche-de-Lonchat (Dordogne), l'a fait pour le chantier récolte tout compris (matériel, transport, chauffeur, gasoil, entretien...). Suivant l'écartement des vignes, les vendanges coûtent, en moyenne, 200 euros/ha/an. A la Cuma du Tertre Saint-Vincent, à Saint-Vincent-de-Pertignas (Gironde), le coût est de 244 euros. Or, selon la chambre d'agriculture de la Gironde, lorsqu'une exploitation de la région fait appel à une entreprise, les vendanges lui reviennent à 301 euros/ha dans des vignes à 3 m et 416 euros pour des vignes à 2 m.
Yvon Milhavet, viticulteur sur 22 ha, est adhérent à la Cuma intégrale de La Grappe occitane, à Quarante (Hérault). Comme les autres membres, il n'a aucun matériel viticole en propre. Il a calculé que les charges d'exploitation lui reviennent à 1 612 euros/ha/an dans ses vignes d'un interrang de 2,50 m. La mécanisation lui coûte 522 euros, dont 225 euros pour le chantier récolte. A cela s'ajoutent les produits phytosanitaires et de désherbage : 511 euros et les autres charges (impôts, assurances...) 578 euros/ha/an.
Pour une exploitation similaire à la sienne, mais ayant des équipements individuels, les centres de gestion estiment que les frais d'exploitation se montent à 2 000 euros. De plus, sa Cuma étant ancienne, le fonds de roulement est important : les capitaux propres s'élèvent à 76 733 euros. Cela permet aux adhérents de ne payer les travaux qu'un an plus tard et d'étaler les traites des viticulteurs en difficulté.
A la Cuma intégrale de La Croix blanche, à Milly-laMartine (Saône-et-Loire), le coût de mécanisation est revenu à 1 428 euros/ha en 2004. Pour la même année, le centre de gestion du département a calculé que la mécanisation d'un viticulteur en individuel coûte 2 825 euros/an, soit deux fois plus qu'en Cuma. On retrouve le même écart que celui calculé par la chambre d'agriculture du Var.
De plus, le fait d'être en Cuma permet d'être mieux équipé qu'en individuel et de réaliser encore d'autres économies. Selon Robert Perrin, président de la Cuma La Croix blanche, grâce à l'achat d'un DPAE pour leur pulvérisateur, les adhérents réduisent la consommation de phytos. ' En individuel, je n'aurais pas acheté de DPAE, car cela coûte cher. Là, les frais étaient partagés, nous avons sauté le pas et nous ne le regrettons pas : avant, nous faisions le calcul de la dose suivant la surface cadastrale, soit 60 ha. Depuis que nous avons le DPAE, nous ne prenons plus en compte les tournières, ce qui fait 55 ha. Nous économisons donc le produit de 5 ha. Du coup, l'appareil est largement amorti. '