L'an dernier, la plupart des régions d'appellation ont réussi à reconquérir des parts de marché à l'exportation. En fin d'année, les affaires ont repris.
'Après deux années difficiles, les résultats sont encourageants, observe Philippe Castéja, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS). A partir du mois d'août, il y a eu une légère inversion de tendance. Depuis, la baisse des vins tranquilles semble se tasser. '
En 2005, la France a exporté 12,2 Mhl de vins tranquilles, soit 2,3 % de moins qu'en 2004, pour une valeur de 3,5 mdeuros (- 2,2 %). Nos expéditions ont à nouveau baissé vers l'Union européenne, où le Royaume-Uni ' reste une destination très difficile ', et vers le Japon. En revanche, elles ont progressé vers les Etats-Unis, portées ' par la remontée du dollar face à l'euro '. Ce pays semble avoir achevé la campagne de boycott, initiée en 2003 après l'opposition de la France à la guerre contre l'Irak. Bordeaux, par exemple, y a progressé de 13 % en volume et de 10 % en valeur.
Au total, les exportations de vins et spiritueux se sont élevées à 7,74 mdeuros l'an dernier. ' C'est l'équivalent de 124 Airbus A 320 , affirme Philippe Castéja. Notre secteur est le troisième secteur d'exportation français après l'aéronautique et l'automobile. ' Il a produit 86 % de l'excédent agroalimentaire français.
La Bourgogne, la Champagne et Cognac se distinguent. La première progresse fortement en volume (6,8 %). ' Nous sommes en hausse sur quatorze de nos quinze premières destinations en valeur ', commente Frédéric Duprey, du BIVB. La Suisse est la seule destination en recul. ' Récemment, en Nouvelle-Zélande, on nous a présenté une étude selon laquelle les vins fruités et frais sont l'avenir. La Bourgogne est sur ce créneau-là ', avance Philippe Castéja.
La Champagne progresse surtout en valeur (6,3 %) et établit un nouveau record selon ce critère. Les opérateurs savent ' exporter des cuvées plutôt chères, observe Yves Bénard, président de l'Union des maisons de Champagne. 43 % des bouteilles sont consommées à l'étranger, mais elles représentent la moitié de la valeur. '
Cognac marque des points en volume et en valeur. ' Les trois qualités (VS, VSOP et les vieilles) progressent. Nos sorties sont en hausse sur les trois continents , apprécie Jacques Lacarrière, président de l'interpresssion (BNIC). Les négociants sont optimistes. Ils ont augmenté de 11 % leurs achats aux viticulteurs. '
Si l'on s'en tient aux statistiques de la FEVS (voir tableau), le Val de Loire vient lui aussi d'achever une excellente année. Cependant, les chiffres sont faussés par le fait que des côtes-du-rhône de plus de 13° ont été comptabilisés comme des muscadets de plus de 13°. Selon Interloire, l'erreur porte sur 33 000 hl. Si l'on réaffecte correctement ces vins, les exportations du Val de Loire ne progressent que de 4,2 % en volume. Celles des Côtes du Rhône sont en hausse de 2,4 %, alors que la FEVS les annonce en recul.
Pour l'Alsace, le Beaujolais, Bergerac, Bordeaux et les vins de pays, il n'y a pas de doute : les exportations refluent. Le revers est particulièrement net pour les vins de pays de l'Aude, du Gard et de l'Hérault (voir page 68). Les VDP d'Oc souffrent un peu moins. Ils assurent qu'ils ne resteront pas sur ce mauvais résultat. Ils comptent bien reconquérir le terrain perdu, forts de leur nouvelle bannière Sud de la France.