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Irrigation des vignes en AOC : une procédure compliquée

La vigne - n°176 - mai 2006 - page 0

L'Inao a adopté un décret interdisant l'irrigation des vignes en AOC du 1 mai jusqu'à la récolte. Mais les syndicats pourront obtenir le droit de déroger à cette règle si les conditions du millésime le justifient. Les vignerons devront ensuite déclarer les parcelles qu'ils veulent irriguer.

Cette fois, ce devrait être la bonne. En mars, le Comité national de l'Inao a adopté un nouveau décret sur l'irrigation des vignes en AOC. Ce texte reprend 99 % du décret que le comité avait déjà adopté en juin 2005, qui devait sortir l'année dernière, mais qui n'a jamais été signé par le ministre de l'Agriculture pour des raisons juridiques. Il devrait paraître avant la fin juin. Il précise que l'irrigation des vignes aptes à produire des AOC est interdite du 1 er mai jusqu'à la récolte. Il ajoute qu'il est possible de définir des règles plus strictes par décret d'appellation. Les syndicats peuvent interdire totalement l'irrigation ou étendre la période d'interdiction.
Ce nouveau décret prévoit aussi que l'on puisse déroger à la règle générale : ' Pour une récolte déterminée, si les conditions écologiques le justifient, l'irrigation peut être autorisée à titre exceptionnel entre le 15 juin et jusqu'au 15 août. '

Aux syndicats d'en faire la demande ! Mais avant cela, ils devront inscrire la possibilité d'irriguer dans leur décret. Ils pourront alors déposer une demande auprès de l'Inao, chaque fois que c'est nécessaire, comme lors d'une année de sécheresse. Ils devront l'appuyer sur ' une étude réalisée sur un référentiel de parcelles de son appellation, présentant notamment la situation géographique et climatique des vignes ainsi que leur encépagement ', dit le décret. Les syndicats devront préciser la durée d'irrigation souhaitée et montrer que l'irrigation se fera bien entre les stades fermeture de la grappe et véraison. Le Comité national de l'Inao examinera leur demande. Il fixera les dates de début et de fin d'irrigation. Sa décision devra être approuvée par trois ministères : de l'Agriculture, de l'Economie et de l'Environnement !

Ensuite, les viticulteurs auront à déclarer aux services locaux de l'Inao les parcelles qu'ils souhaitent irriguer, la superficie et les cépages concernés, ainsi que la nature des installations d'irrigation (qui ne doivent pas être enterrées). Les viticulteurs devront faire cette démarche au plus tard le premier jour de l'irrigation.
Pour obtenir l'autorisation d'irriguer, ' on peut imaginer qu'il y aura une procédure semblable à celle prévalant pour l'enrichissement ', explique Yvon Troadec, de l'Inao d'Avignon. Lorsqu'en plein milieu des vendanges, les vignerons demandent à enrichir, une cellule de crise à l'Inao gère leurs demandes au niveau national. Le ministère autorise l'acte par télécopie. Ensuite, le Comité national de l'Inao avalise les autorisations accordées. Enfin, la publication de l'arrêté correspondant au Journal officiel valide la décision. Comme l'enrichissement, l'irrigation n'a pas vocation à être systématique, mais bien exceptionnelle. Il y aura donc sans doute également des demandes d'urgence.
Les Côtes de Provence, où l'on craint des millésimes comme 2003, font partie des appellations les plus sujettes à la sécheresse. ' Dans le cadre de la réécriture de notre décret, annonce Marc Rolley, directeur du Syndicat des Côtes de Provence, nous allons inclure la possibilité de recourir exceptionnellement à l'irrigation du 15 juin au 15 août. Ce recours est nécessaire pour éviter un blocage de maturité, très préjudiciable sur le plan qualitatif, ou lorsque la survie du végétal est en cause . ' Le syndicat rappelle qu'il veillera à la charge maximale à la parcelle car ce dispositif a bien une finalité qualitative.
Le Syndicat des Costières de Nîmes s'intéresse aussi au sujet. Les sols sablo-argileux en galets roulés, au nord de l'appellation dans la région de Nîmes, sèchent assez vite. La maturation y est souvent bloquée. ' On compte inclure la possibilité d'irriguer dans notre décret, en le réécrivant cette année ', estime Nicolas Ponzo, directeur.

Cependant, l'accès aux ressources en eau reste un souci dans certaines zones. Une partie seulement de l'aire d'appellation des Côtes de Provence est desservie par le canal de Provence. Le syndicat a demandé au canal de Provence d'étudier la faisabilité d'extension de son réseau au reste de l'appellation. Celui-ci a répondu que le seul usage agricole ne permettrait pas de rentabiliser les infrastructures. La situation est donc bien délicate.
Le Syndicat des Côtes du Rhône s'inquiète également du manque d'infrastructures d'irrigation. Quoi qu'il en soit, rien ne sera possible légalement avant la parution du nouveau décret.

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