La coopération est en plein processus de concentration. Les caves s'organisent pour s'adapter et résister à la crise. Fusion ou regroupement, les possibilités sont variées.
Denis Verdier l'a proclamé lors du congrès national de la CCVF, en juillet dernier : ' 900 caves coopératives en France, c'est trop. ' Les regroupements et les fusions sont une priorité. La Fédération des caves coopératives du Var en est convaincue. Elle encourage la fusion des douze caves productrices de Coteaux varois, ' une AOC en difficulté '. Elle soutient la création d'une cave unique, avec le maintien des caveaux de vente. Elle étudie d'autres projets. Roque Pertusa, président, déclare : ' Cet automne, nous lançons une étude de rapprochement. Le processus de concentration est nécessaire car nos caves sont petites : 20 000 hl en moyenne pour le Var, avec les deux tiers produisant moins. La taille critique de rentabilité dépend de leur orientation commerciale : les marchés de niche ou la grande distribution. '
Certaines caves ont déjà franchi le pas de la fusion. Les caves de Saint-Cyr et La Cadière-d'Azur (Var) ont fusionné au mois de février 2004. Elles y ont trouvé chacune leur intérêt : remonter le niveau de rémunération des sociétaires pour l'une, compléter la gamme de produits et répartir la production sur deux sites de vinification pour l'autre. ' La fusion est un gros chantier. Avec le recul, nous sommes satisfaits. Le foncier est stable et nous avons étendu notre présence commerciale ', confie Sébastien Martinez, responsable du sociétariat.
Quant aux caves de Flayosc et de Draguignan (Var), elles sont en cours de fusion. Les conseils d'administration ont adopté le protocole de fusion en janvier 2006. La création de la nouvelle entité juridique est prévue pour le mois de novembre. ' Les caves sont toutes les deux enclavées, car situées en plein centre-ville. Elles doivent être remises aux normes. Nous souhaitons, à terme, les vendre et créer un nouveau site de vinification ', explique Alain Dupuis, président de la Cave de Flayosc.
Les deux caves veulent conserver leur caveau. Celle de Draguignan, plus spécialisée en vins de pays, y vendra toujours sa cuvée spéciale qui fonctionne bien, et celle de Flayosc, sa gamme d'AOC créée il y a un an. En revanche, tout le reste de la production sera vendu en vrac au Cercle des vignerons de Provence.
Ce groupement de producteurs est issu du rachat de l'Union des caves de Provence par les Celliers Saint-Louis début 2005. ' Nous avons mis en commun nos moyens industriels, logistiques et commerciaux ', explique Philippe Brel, directeur général du Cercle des vignerons de Provence. Avec près de 2 700 viticulteurs exploitants, appartenant à 29 caves coopératives et 15 caves particulières, le Cercle est le leader de son bassin de production. ' Le rachat nous a fourni des apporteurs et un réseau. Nous avons pu maintenir nos parts de marché ', affirme Guy Degionanni, président.
En Aquitaine, des rapprochements s'opèrent également. Début 2005, la Cave des hauts de Gironde a fusionné avec trois autres caves. La nouvelle structure produit 160 000 hl. La Cave des hauts de Gironde continue sa dynamique de rapprochement. Début 2006, elle a créé un GIE avec les Vignerons d'Uni-Médoc et Prodiffu, dédié aux marchés à l'exportation.
Au niveau régional, à la suite d'audits réalisés par des cabinets de consultants, la fédération a mis l'accent sur l'amélioration de la force de commercialisation. Deux grands projets sont en cours.
Dans l'Entre-deux-Mers, une union de six caves va voir le jour autour d'un rapprochement commercial. Chaque cave apporterait toute sa production, hormis celle destinée à la vente au caveau. L'union a prévu d'être opérationnelle dès la fin des vendanges 2006.
Dans le Blayais, plusieurs caves envisagent de se regrouper. ' La volonté de se rapprocher est forte, surtout au niveau commercial. C'est la seule façon de peser sur le marché, explique Bernard Solans, président de la Fédération d'Aquitaine. La viticulture est à un tournant. Elle doit maîtriser toute la chaîne, de la production à la commercialisation. '
Dans le Gard, ' il faut faire émerger des caves pouvant être compétitives, avec un prix de revient acceptable, une bonne technologie et des compétences humaines fortes , clame Denis Verdier, président de la Fédération départementale. La fusion des caves est une priorité, elle va obligatoirement de pair avec l'élaboration d'un solide projet d'entreprise pour se rapprocher du marché. '
Depuis avril dernier, les cadres de la fédération sillonnent le département pour accompagner cette démarche. Une petite dizaine de rapprochements est en cours, à des stades plus ou moins avancés. Citons en exemple les Caves de Tresques et des 4 chemins. Elles ont fusionné autour d'un projet de création d'un site unique, Laudun, et d'un projet commercial.
La coopération se réorganise, les mentalités évoluent. La France ne baisse pas les bras.