'Il existe une force viticole, mais elle est très dispersée. Le monde viticole dispose d'un soutien local fort, mais d'un soutien national faible, en raison du double langage de nombreux hommes politiques. Je suis lobbyiste pour les chasseurs, qui ont les mêmes particularités locales que le monde du vin. Mais les chasseurs ont su définir un socle commun minimum, qu'ils savent bien défendre avec un système pyramidal, qui fait circuler l'information. Ils emploient en plus des lobbyistes professionnels, qui sont en contact permanent avec les personnes qui détiennent le pouvoir. Dans le monde de l'influence, il ne faut pas compter que sur ses propres forces, mais aussi sur celles de l'adversaire. Pour le vin, l'adversaire, c'est le monde de la santé publique. Le vin a pourtant de grands atouts : il est rattaché au terroir et à la ruralité, qui sont des valeurs porteuses. Ce potentiel est gaspillé par la dispersion et le manque de réalisme. De même que j'ai conseillé aux chasseurs d'arrêter de chercher les journalistes chasseurs pour trouver des soutiens dans la presse, je dirais aux viticulteurs que ce ne sont pas les critiques gastronomiques qu'il faut toucher, mais les journalistes qui écrivent sur la santé publique et sur la ruralité. Le réseau du vin se trompe de cible et laisse le champ libre à l'adversaire, très présent auprès des acteurs nationaux.
En deux à trois ans, on peut inverser une tendance. Il suffirait d'investir 20 % des budgets de communication dans le lobbying pour être efficace. Il est bon aussi de rappeler qu'à l'approche des élections, nous entrons dans une période où les hommes politiques sont plus à l'écoute, parce que menacés. Là encore, cela vaut le coup d'investir pendant quelques mois pour récolter pendant cinq ans... '