L'état sanitaire des raisins s'est dégradé avec les fortes pluies. La récolte n'atteindra probablement pas les 1,2 Mhl prévus. Des négociants s'activent pour s'approvisionner en vins.
«Fin septembre, nous avons acheté 10 000 hl en dix jours, alors que nous ne pensions nous approvisionner qu'à la fin de l'année » , déclare Robert Biecher, de la Maison Jean Biecher & fils (Haut-Rhin). C'est l'un des plus gros acheteurs de vins en vrac d'Alsace. En achetant le riesling à 1,40 euros/l, il anticipe la hausse probable des cours et pourra gagner des marchés en grande distribution ainsi qu'en hard discount, ses principaux clients.
Jean-Paul Goulby, directeur de l'Association des viticulteurs d'Alsace, confirme cet empressement : « Les courtiers s'affairent chez les viticulteurs. Les négociants veulent se couvrir en vins en prévision de la plus faible récolte du millésime 2006. » La pourriture a fait beaucoup de dégâts. C'est le riesling qui en a le plus souffert. « Il risque d'y avoir un échauffement sur les prix, notamment sur le riesling, si les acheteurs craignent d'en manquer », poursuit Jean-Paul Goulby. Maurice Triponel, vice-président du Syndicat national des courtiers et membre du Syndicat d'Alsace, met en garde contre une éventuelle flambée des cours : « Il faut être très prudent. La grande distribution, principal débouché, ne tolère pas de grosses augmentations. Si les cours sont trop élevés, elle s'approvisionnera dans une autre région. Concernant la nouvelle récolte, vu l'état sanitaire, la vinification devra être très soignée. Sinon, les vins ne se vendront pas. »
Cependant, l'emballement n'est pas généralisé. Pierre Heydt-Trimbach, directeur de la Maison Trimbach, explique : « Nous ne changerons pas notre politique d'achats de vrac cette année, car nous avons un stock conséquent de millésimes antérieurs, 2004 et 2005. Il est même probable que nous achèterons moins du nouveau millésime que les années précédentes . » La prudence reste de mise. En 2005-2006, les ventes des trois AOC ont progressé de 5,7 %. Mais l'Alsace n'a fait que rattraper le terrain perdu après la rude campagne 2004-2005.