« Tant que je serai aux affaires, je miserai sur la viticulture ; ce n'est pas qu'une question économique, c'est aussi une marque de civilisation », clame Georges Frêche, à qui veut l'entendre. Certes, la campagne des régionales est lancée et l'actuel président du conseil régional du Languedoc-Roussillon est en course pour un nouveau mandat. Mais force est de constater qu'au cours des cinq dernières années, la région n'a pas lésiné sur les moyens pour aider sa viticulture.
Le conseil régional a débloqué plus de 60 M€ sur cinq ans pour conquérir de nouveaux marchés à l'export et relancer les ventes sur le marché français. Et très récemment, son président s'est engagé à accroître les moyens de Sud de France, la marque ombrelle lancée en 2006, dont le budget serait porté de 12 M€ en 2009 à 25 M€ en 2010.
Dès 2005, la stratégie est fixée : « Le Languedoc-Roussillon a fait d'énormes efforts qualitatifs. Nous avons des vins remarquables, mais nous ne savons pas les vendre », constate Georges Frêche. Pour y remédier, la région cible ses aides sur les investissements vers la commercialisation et la promotion.
Festivals Sud de France dans les grandes villes étrangères
Un partenariat est d'abord établi avec les interprofessions régionales, la région abondant à part égale leurs budgets de communication. Mais en 2008, suite à l'échec de l'interprofession unique qu'elle appelle de ses vœux, la région recadre sa stratégie : exit les aides aux interprofessions, les fonds régionaux seront distribués directement aux entreprises qui investissent à l'export.
Georges Frêche prône une communication commune pour l'ensemble des vins régionaux. Il va s'en donner les moyens grâce à sa marque Sud de France et à son bras armé, Sud de France Export. Cette société anonyme d'économie mixte œuvre pour le développement des entreprises régionales à l'exportation. Elle les aide à participer à des salons internationaux ou à des conventions d'affaires. Elle organise des événements promotionnels.
Cette année par exemple, Sud de France export a lancé des festivals Sud de France dans une dizaine de grandes villes du monde entier : Londres, New York, Shanghai, Milan, Rome ainsi qu'au Brésil et au Mexique.
L'événement vise à promouvoir les produits et l'art de vivre Sud de France auprès du grand public. Il implique toutes les catégories de distributeurs et de prescripteurs : restaurants, cavistes, hôtels, grande distribution, importateurs et associations de sommeliers… Pendant quinze jours, tout ce beau monde met en avant les vins Sud de France. Et une grande campagne de publicité et d'événements pour la presse soutient le festival.
Seule ombre au tableau : les actions de la région se télescopent parfois avec celles menées par les interprofessions, désorientant les importateurs qui comprennent mal cette multiplicité d'intervenants. La relance du projet d'interprofession unique permettra sans doute une meilleure coordination. Autre point faible : l'utilisation du pictogramme Sud de France n'est soumise à aucune exigence qualitative, d'où le risque d'une dévalorisation de la marque si certains vins ne sont pas à la hauteur.
Un million d'euros pour la viticulture bio
Une partie de la manne régionale est accordée directement aux entreprises exportatrices sur la base d'un projet stratégique de développement à l'export. Elles peuvent obtenir des aides pour recruter des commerciaux, réaliser des études de marché ou de marketing, créer des structures commerciales entre entreprises. Elles peuvent même obtenir de quoi améliorer leur fonds de roulement. Ainsi, Foncalieu vignobles a obtenu une subvention de 738 000 euros, ainsi qu'une avance remboursable de 500 000 euros pour son projet de développement stratégique : fusion de la cave coopérative de Puisserguier avec les Vignerons du Pays d'Ensérune, amélioration de l'outil de conditionnement, développement de la force de vente, de communication et de marketing. Ce coup de pouce régional lui permet en outre de bénéficier de fonds Feader pour un montant de 268 000 euros.
La région a également mis en place un « cluster » de trente entreprises qui investissent à l'international. « Ce sont nos poids lourds. Nous souhaitons nous appuyer sur eux pour développer nos exportations », explique Fabrice Verdier, vice-président de la Commission agriculture au conseil régional. Ce cluster se réunit périodiquement pour échanger et réfléchir à de nouvelles actions.
Dernièrement, la région a choisi de soutenir le développement du bio. « C'est un marché en pleine progression, argumente Fabrice Verdier. Et nous sommes bien placés pour nous positionner sur ce créneau ». Un million d'euros a été alloué en 2009 pour la conversion bio des viticulteurs, la formation professionnelle, l'expérimentation et la promotion des vins bio.
« La viticulture est la première activité agricole du Languedoc-Roussillon. Elle représente 25 000 emplois directs et un milliard d'euros de chiffre d'affaires. Mais au-delà de cet impact économique, c'est un enjeu de paysage et d'aménagement du territoire. 83 000 ha ont été arrachés depuis 2000. Il faut tout faire pour limiter cette érosion, qui menace de transformer nos paysages », martèle Fabrice Verdier.
Des résultats encourageants sur le marché chinois
Le Languedoc-Roussillon est la région française qui affiche le meilleur taux de croissance en Chine.
Au premier semestre 2009, les exportations d'AOC du Languedoc-Roussillon ont triplé en valeur et en volume sur le marché chinois par rapport à la même période de 2008. La progression des vins de pays, elle, est moindre en volume (+ 50 %), mais atteint + 90 % en valeur. Les importateurs chinois qui s'intéressaient avant tout aux vins d'entrée de gamme, à moins de un euro par col prix départ, commencent à rechercher des produits plus haut de gamme.
« C'est le résultat du travail mené par Sud de France Export et la maison du Languedoc-Roussillon à Shangai », indique-t-on à Sud de France Export.