Bon sens

Que les étudiants dégustent de temps en temps du vin au restaurant universitaire ? Ce serait une bonne chose aux yeux du célèbre animateur Jean-Pierre Coffe et de Jean-Robert Pitte, ancien président de l'université de la Sorbonne. « L'initiation à une consommation modérée de vin est un excellent moyen de lutte contre l'alcoolisme et un enrichissement de la culture gustative », écrivent-ils dans un rapport, rendu à la ministre de l'Enseignement supérieur, sur les moyens d'améliorer la restauration universitaire. Ils suggèrent que des jeunes viticulteurs viennent réaliser des animations ponctuelles pour les étudiants. Au passage, ils saluent le travail de Vin & Société. Leur proposition a eu un retentissement extraordinaire. Tous les journaux en ont parlé, avec neutralité, si ce n'est avec bienveillance. Il y a quelques mois encore, la même proposition aurait provoqué un déluge de réactions indignées. Mais pas cette fois. Comme si une brise de fraîcheur et de bon sens soufflait à nouveau, perçant la chape de plomb que fait peser l'ordre hygiéniste sur tous les discours publics autour du vin.

Au même moment, on apprenait une autre bonne nouvelle. La cour d'appel de Paris a confirmé la condamnation de l'Anpaa dans une affaire l'opposant à l'interprofession des vins de Bordeaux. L'association de lutte contre l'alcoolisme réclamait 40 000 euros au CIVB pour avoir diffusé des affiches où l'on voit une jeune viticultrice un verre à la main. Mais la justice lui a donné tort. Elle rappelle que la loi ne vise pas à interdire toutes publicités pour les boissons alcoolisées, mais à exclure celles qui incitent à une consommation abusive.

Le CSA ferait bien d'en prendre de la graine. Il s'apprête à interdire la chaîne de télévision thématique Edonys à émettre depuis la France. Cette nouvelle chaîne veut se consacrer entièrement au vin. Elle veut filmer des dégustations et faire part de ses coups de cœur. Le CSA a dit « niet ». Edonys se prépare donc à s'installer au Luxembourg, comme la radio RTL l'avait fait dans les années trente pour préserver sa liberté. La chaîne ne manquera pas de souligner ce parallèle pour mettre les rieurs de son côté et souligner l'absurdité de la situation. Nous, en tout cas, nous sommes du sien.