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Il est 17 heures. Fabrice Lucchini adjuge la pièce des Présidents à Jacques Boisseau, après avoir motivé les acheteurs en leur expliquant à quel point l'heureux propriétaire aurait du succès auprès de la gent féminine… © HOSPICES DE BEAUNE
La vente se déroule dans les halles de Beaune. Ici, c'est le commissaire-priseur François Curiel qui est au marteau. Devant lui, dans l'allée, on aperçoit un crieur (ou spotter) qui relaie les enchères des acheteurs de la salle. Au fond, derrière la vitre, les passants peuvent suivre le déroulement de la vente. © C. DE NADAILLAC
Le Professeur David Khayat (à gauche) est intervenu pour inciter les acheteurs potentiels à monter les enchères. Il a insisté sur le fait que le cancer est la première cause de mortalité en France. © HOSPICES DE BEAUNE
Dimanche 21 novembre. La salle des halles de Beaune (Côte-d'Or) est comble. Tous les grands négoces de la place sont là : Albert Bichot, Louis Jadot, Louis Latour, Patriarche père et fils, Michel Picard… Ils se tiennent prêts à participer à la 150e vente aux enchères des Hospices de Beaune. Des particuliers de diverses nationalités sont également présents, tel que cet Ecossais en tenue traditionnelle. A l'extérieur, derrière les vitres des halles, les badauds se pressent. Ils vont suivre la vente grâce à des hautparleurs. Il est 14 h 45, c'est le coup d'envoi. Le millésime 2010 n'étant pas pléthorique, il n'y a que 643 pièces à la vente, contre 799 en 2009.
La mise aux enchères s'ouvre avec un Beaune premier cru, Cuvée Dames Hospitalières. Pour ce premier lot, François Curiel, de chez Christie's, est au marteau. Les enchères restent calmes ; la salle est encore froide. La pièce de 228 litres part à 4 500 euros, soit le haut de la fourchette d'estimation. Les trois lots suivants sont eux aussi adjugés à l'estimation haute, voire légèrement au-dessus.
A 15 h 30, Fabrice Lucchini, président d'honneur de la vente, s'improvise commissaire-priseur, histoire de réchauffer l'ambiance. Est-ce la conséquence de son intervention ? De suite les prix s'envolent. Le Clos de la Roche grand cru est adjugé à 40 000 et 41 000 euros. Soit 10 000 euros de plus que la fourchette haute de l'estimation Christie's !
La pièce des Présidents atteint le prix record de 400 000 euros
A 16 h 30, c'est le clou de la vente. La pièce des Présidents est mise aux enchères à la bougie. Contrairement aux autres fûts, dont les bénéfices vont à l'hôpital des Hospices, l'argent récolté avec cette barrique de 500 litres de Beaune premier cru est reversé à des associations. Cette année, les bénéficiaires sont l'association des climats du vignoble de Bourgogne, qui milite pour l'inscription de la région au patrimoine mondial de l'Unesco, et Avec, une association de lutte contre le cancer. Aubert de Villaine pour la première et le professeur David Khayat pour la seconde, encouragent les potentiels acheteurs à faire monter les enchères, les exhortant notamment à « éradiquer ce fléau qui tue 150 000 personnes par an ». Fabrice Lucchini prend le marteau. L'occasion d'un show mémorable. Entre des citations de Victor Hugo et un remake de Johnny Hallyday, le comédien harangue les acheteurs. Durant plus d'une demi-heure, on assiste à une valse des paddles, ces étiquettes portant le numéro de l'acquéreur, entrecoupée d'applaudissements. Le prix ne cesse de grimper : 150, 250, 300, 350, 400 000 euros ! Un record. Sous une nuée d'applaudissements, l'acquéreur Jacques Boisseau, de la maison Patriarche, nuance : « C'est déjà une somme, mais il en faudra beaucoup plus encore pour faire avancer la recherche contre cette foutue maladie. »
Il est 17 heures. La pression retombe, et la salle se vide partiellement. La vente classique reprend son cours, avec un Pommard, qui monte une fois encore au-dessus de son estimation. Quelque temps plus tard, le lot le plus prestigieux arrive. Le Bâtard-Montrachet grand cru est adjugé à 63 000 euros. La vente se termine à 20 h 30 sur un Beaune premier cru. Malgré le faible nombre de lots, elle a rapporté 5 132 075 euros, frais inclus. Soit une hausse du prix moyen des pièces par rapport à 2009 de 12 % pour les rouges et de 16 % pour les blancs. Un très bon cru en somme...
