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DOSSIER - ŒNOTOURISME : Les régions vont de l'avant

PAYS NANTAIS La nouvelle carte à jouer

La vigne - n°227 - janvier 2011 - page 56

Loire-Atlantique tourisme va déposer un dossier de candidature à la marque Vignobles & découvertes pour tout le territoire du Muscadet, englobant soixante-dix communes.

Le 10 mai 2010 à Vallet, 140 professionnels du vin et du tourisme participent au séminaire « Accords tourisme et vins en Loire-Atlantique ». L'objectif ? Faire de la Loire-Atlantique une destination œnotouristique incontournable. Cette forte participation est le signe que le sujet intéresse beaucoup de monde. Il faut dire que le vignoble nantais présente plusieurs atouts.

« C'est le plus grand vignoble de vin blanc monocépage au monde. Il est planté avec un cépage unique : le melon de Bourgogne. Il est positionné entre Loire et Océan et présente une grande diversité de paysages », rapporte Béatrice Chabasse, responsable du pôle développement des produits à Loire-Atlantique tourisme. Et « 23 % des Français désignent la gastronomie et le vin comme le premier attrait touristique du Muscadet », ajoute Anne-Sophie Lerouge, d'InterLoire.

50 caves touristiques

L'offre est riche, mais peu structurée. « Lorsque nous avons commencé à travailler avec InterLoire qui coordonne l'œnotourisme dans tout le Val de Loire, nous nous sommes rendu compte qu'il n'y avait pas de réseau. Seules des petites actions étaient en place. Nous avons voulu y remédier », explique Béatrice Chabasse.

Depuis, les choses bougent. Loire-Atlantique tourisme a annoncé en juillet dernier la candidature du Muscadet à la marque Vignobles & découvertes. Elle souhaite l'obtenir pour tout le vignoble, soit une zone qui englobe soixante-dix communes et quatre AOC : Muscadet, Muscadet-Sèvre-et-Maine, Muscadet-coteaux-de-la-Loire et Muscadet-côtes-de-Grandlieu. Les communautés de communes, les pays touristiques, InterLoire et les vignerons indépendants soutiennent la démarche. Ce projet très ambitieux dépasse largement le périmètre de 30 km imposé par le cahier des charges de la marque. Qu'à cela ne tienne ! « Ce territoire est une unité », justifie Gwenaelle Class, chargée de mission à Loire-Atlantique tourisme. Pour obtenir la marque, viticulteurs, hébergeurs, restaurateurs, sites de visite et prestataires de loisirs devront travailler ensemble.

Côté viticulteurs, Loire-Atlantique tourisme peut compter sur le réseau des caves touristiques des vignobles de Loire mis en place en 2006 par InterLoire. « Cinquante caves du vignoble nantais portent le label “cave touristique”. Une dizaine d'entre-elles ont reçu un diplôme d'Excellence. Mais 50 caves labellisées sur un total de 600, c'est peu. Mais la mise en place de la marque devrait en augmenter le nombre », rapporte Anne-Sophie Lerouge. Ces caves proposent des prestations très variées. Certaines organisent des randonnées, des visites de vigne, des animations pour les enfants. D'autres sont de véritables petits châteaux et organisent des mariages, des séminaires… Plusieurs proposent également des hébergements.

Côté hébergements et restauration, là encore Loire-Atlantique tourisme s'appuiera sur ceux qui disposent de labels et ont une démarche qualité. Les restaurants doivent notamment mettre en avant les AOC Muscadet sur leur carte.

Pour les sites patrimoniaux, seuls seront retenus ceux qui ont misé sur la qualité de l'accueil et qui proposent des visites adaptées aux grands et aux petits. C'est notamment le cas des sites qui adhèrent à la charte « Oh là là quelle aventure ». Le vignoble en compte six, parmi lesquels le musée du vignoble au Pallet qui accueille près de 10 000 personnes par an.

Une randonnée à succès

Le cahier des charges de la marque Vignobles & découvertes insiste également sur la mise en avant d'événements. Là encore, Loire-Atlantique tourisme va s'appuyer sur l'existant. A titre d'exemple, en septembre a lieu Vigne vin et rando en Val de Loire. Organisée par InterLoire, la dernière édition a remporté un franc succès. Près de 1 000 personnes y ont participé dans le vignoble nantais, soit plus du double par rapport à l'an passé. « Nous allons renforcer l'organisation, développer des offres packagées autour de cet événement », rapporte Gwenaelle Class.

Loire-Atlantique tourisme va accompagner ceux qui vont se lancer dans la démarche Vignobles & découvertes. En 2001, l'agence mettra en place des formations en anglais pour apprendre à parler des vins du Muscadet dans la langue de Shakespeare. Elle organisera aussi une formation à l'accueil. « L'objectif est de les aider à mettre en place un discours séducteur autour du vin qui ne soit pas uniquement technique, explique Gwenaelle Class, afin d'intéresser tous les visiteurs et pas seulement les passionnés. »

200 000

200 000 œnotouristes vont chaque année dans le Muscadet, selon une estimation d'InterLoire. Ils dépensent en moyenne 80 € en achat de vin contre 80 à 100 € dans le reste du Val de Loire.

Un axe stratégique pour InterLoire

Dès 2006, InterLoire a inscrit l'œnotourisme comme un axe stratégique du développement du vignoble ligérien. Depuis cette date, l'interprofession des vins du Muscadet, d'Anjou-Saumur et de Touraine a décidé d'y consacrer 200 000 euros par an sur un budget total de 9 millions d'euros et d'y affecter un chargé de mission. Soutenue par les deux régions Centre et Pays de la Loire, cette politique est conduite par un comité de pilotage auquel InterLoire a associé tous les acteurs du tourisme. Pour garantir une offre touristique de qualité, une charte touristique des vignobles de Loire a été mise en place dès 2006, fixant douze engagements, dont le respect des horaires d'ouverture. Un cabinet extérieur audite tous les trois ans les vignerons qui s'engagent à suivre cette charte pour leur attribuer le label « Caves touristiques vignoble de Loire ». « Notre démarche de mise en réseau des acteurs et de qualification des caves a été citée en exemple par le Conseil supérieur de l'œnotourisme, se félicite Anne-Sophie Lerouge, en charge de ce dossier à InterLoire. Il n'était pas évident de faire admettre aux vignerons l'importance d‘ouvrir à des horaires réguliers. Mais nous comptons aujourd'hui 320 caves labelisées parmi lesquelles les petites exploitations familiales sont bien représentées. »

Pour faire connaître le Val de Loire comme destination œnotouristique, InterLoire mise depuis sept ans sur l'événement « Vin, vignes et randonnées en Val de Loire ». Le premier week-end de septembre, de Nantes jusqu'à Blois, les vignerons organisent simultanément une douzaine de randonnées dans les vignes. Cette année, l'interprofession a également distribué à 200 000 exemplaires un supplément de « TGV magazine » dédié au tourisme dans le vignoble. Et elle a été la première à lancer une application pour IPhone qui présente l'ensemble des caves touristiques et un agenda des manifestations. Quant au réseau que constituent les Maisons des vins de Nantes, Saumur, Angers et Tours, il sert « d'office du tourisme du vin » en proposant, en plus de la découverte des vins, des informations sur les activités offertes dans le vignoble. InterLoire veut poursuivre la professionnalisation de l'offre en organisant des formations et en exploitant les données de son « observatoire œnotouristique » qui interroge chaque année l'ensemble des caves labélisées.

« Dans les caves touristiques, le panier moyen est de 100 euros, explique Anne-Sophie Lerouge. Mais ce n'est pas le seul intérêt de l'œnotourisme. On instaure une relation durable entre les consommateurs et notre vignoble. On fabrique ainsi de véritables ambassadeurs des vins de Loire. L'œnotourisme nous permet aussi de développer la notoriété du vignoble : à l'heure où il est difficile de parler du vin dans les médias, on parvient plus facilement à faire parler du vignoble en tant que destination touristique. »

Le Point de vue de

Jean-Yves Auradon, du domaine Cœur de Loire à La Chapelle-Heulin (Loire-Atlantique), 12 ha

« L'animation d'ateliers est devenue ma principale activité »

 © T. PASQUET

© T. PASQUET

Sa prestation

« J'ai acheté le domaine en 2004 et j'ai décidé d'emblée de développer une offre œnotouristique. J'ai entièrement rénové les bâtiments et créé une salle de réunion avec un écran, un bar à vin, un restaurant, une bibliothèque. En tout il y a 600 m2 d'espace d'accueil. En 2006, j'ai mis en place différents ateliers pour expliquer aux visiteurs toutes les facettes du vin. Chaque atelier dure une heure. Dans l'atelier vigneron, les visiteurs effectuent un petit parcours où ils découvrent la culture de la vigne. Dans l'atelier œnologique, les visiteurs sont amenés à jouer à l'œnologue. En saison, ils réalisent eux-mêmes des analyses de la maturité. Ils peuvent également participer à l'atelier d'initiation à la dégustation. Dans l'atelier caviste, ils apprennent à décrypter les étiquettes. Et dans celui accords mets et vins, ils découvrent tout l'art du service du vin. De tous ces ateliers, c'est celui sur l'initiation à la dégustation qui remporte le plus de succès. Côté tarifs, pour les particuliers, il faut compter 7,50 € la participation à un atelier. Nous recevons également des entreprises ou des groupes auxquels je facture un forfait que je négocie avec eux. En plus des ateliers, nous proposons des prestations à la carte comme l'organisation de séminaires avec, au choix des clients, des ateliers dégustation, un apéritif vigneron, un dîner… »

Son organisation

« J'organise les ateliers tout au long de l'année sur rendez-vous. Et je reçois entre 3 000 et 4 000 personnes par an. Nous sommes deux à travailler sur le domaine. Je m'occupe uniquement de l'œnotourisme et l'autre personne s'occupe de la production. Pour animer les ateliers, je travaille avec des prestataires. Côté communication, je me fais connaître grâce à des prescripteurs comme l'office du tourisme et les agences qui créent des événements… »

Ses bénéfices

« L'œnotourisme ne peut pas faire vivre une structure tous les jours, car elle est saisonnière. Mais c'est une activité qui procure un retour économique positif. Compte tenu de la crise dans le Muscadet, si je n'avais pas développé mes ateliers j'aurais mis la clé sous la porte. L'œnotourisme est devenue ma principale activité. Et représente deux fois le chiffre d'affaires que je réalise avec la viticulture. »

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :