L'annonce a fait l'effet d'une douche froide. Début février, Patrick Gerolami, à la tête d'un cabinet d'audit spécialisé dans la restauration (Communication CHR audit conseil), basé dans le Gard, est informé de plusieurs contrôles opérés par les Fraudes dans des bars et restaurants servant des vins au verre. « Plusieurs avertissements et un procès-verbal ont été dressés pour non-respect de l'article 16 du décret-loi du 30 juillet 1935 », rapporte Patrick Gerolami.
Demi de bière contre ballon de vin
Ce texte oblige les bars et restaurants servant des boissons au verre à mettre à la disposition des consommateurs des verres portant une marque gravée précisant la centilisation. Une pratique courante pour la bière, servie dans des verres marqués à 25 ou 50 cl. Mais rares sont les restaurateurs qui utilisent des ballons ou des tulipes gravés. « Notre mission est de défendre le consommateur, argumente Marie Taillard, du service de communication de la Direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF). Et le meilleur moyen de s'assurer que celui qui commande un verre de vin ne sera pas floué, c'est d'obliger les restaurateurs à utiliser des verres indiquant la contenance. » Les Fraudes font cette mise au point dans un contexte de développement rapide du service au verre.
Le problème est que les verres gravés sont rares. « Il ne nous reste plus qu'à faire pression sur nos fournisseurs pour qu'ils nous livrent ces nouveaux outils en quantité, indique Jean-Pierre Chedal, coprésident de la branche des restaurateurs au Synhorcat (Syndicat national des hôteliers restaurateurs, cafetiers et traiteurs), fort de 10 000 adhérents. Nous allons aborder le sujet avec la Fédération nationale des boissons », l'organisation professionnelle qui regroupe les fournisseurs des restaurateurs.
Reste à savoir si ces organisations vont demander à la viticulture de mettre la main à la poche, comme le font les brasseurs en fournissant les verres.
En attendant, le Synhorcat espère que les Fraudes seront clémentes, le temps pour la restauration de se retourner. Il est vrai que la sanction prévue en cas de non-respect de la loi est de taille : jusqu'à deux ans de prison et/ou 37 500 € d'amende.