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ACTUS - RÉGIONS

ALSACE Une tribune pour les anti-OGM

Christophe Reibel - La vigne - n°235 - octobre 2011 - page 12

Les Faucheurs qui ont détruit les porte-greffes OGM de l'Inra en 2010 ont comparu devant le tribunal de Colmar.
Les prévenus ont été soutenus pendant tout le procès par une centaine de sympathisants. © C. REIBEL

Les prévenus ont été soutenus pendant tout le procès par une centaine de sympathisants. © C. REIBEL

Soixante faucheurs d'OGM ont comparu devant le tribunal correctionnel de Colmar du 28 au 30 septembre. À 5 h 30, le matin du 15 août 2010, ils avaient pénétré dans une parcelle d'essai de l'Inra de Colmar pour couper soixante-dix pieds de vignes en petits morceaux. L'opération avait duré six minutes chrono. Ces ceps étaient greffés sur des porte-greffes transgéniques avec lesquels l'Inra comptait lutter contre le court-noué.

Les prévenus ont admis le saccage de l'essai. Certains étaient des récidivistes du fauchage d'OGM, d'autres néophytes ou simplement solidaires de leurs camarades. Mais ces faits sont rapidement passés au second plan. L'important aux yeux des prévenus était de faire de leur procès celui de l'ensemble des OGM. « On fauche pour vous rencontrer », a lâché l'un d'eux à l'adresse de Martine Al Kanje, la présidente du tribunal.

Lors des auditions, chacun a présenté ses motivations, à commencer par la nécessité de refuser toute expérimentation sur les OGM. Jean-Pierre Frick, l'un des prévenus, viticulteur en biodynamie dans le Haut-Rhin, a expliqué que « la viticulture bio et les OGM sont incompatibles, parce qu'il y a dissémination. C'est insidieux, car on ne le voit pas tout de suite ».

Désinformation et préjugés

L'Inra a fustigé la « désinformation » et les « préjugés » qui nuisent au débat. « En empêchant les chercheurs de travailler, les Faucheurs tuent toute possibilité d'innovation dans les plantes » a fait remarquer l'institut.

L'audition des témoins a été l'occasion d'une seconde passe d'armes entre les anti et les pro-OGM. Le risque est avéré pour les premiers, qui estiment avoir agi en état de nécessité. Il est hypothétique pour les seconds pour qui « une crainte ne saurait justifier l'infraction ».

Durant les trois jours du procès, les prévenus ont été soutenus par une grosse centaine de sympathisants venus assister aux débats et participer à des discussions et forums quotidiens. Le ministère public a requis trois mois de prison avec sursis contre cinquante-quatre des prévenus et cent jours-amendes à 20 euros par jour contre les six autres, qui ont déjà été condamnés. Le jugement devait être rendu le 14 octobre.

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