“Faucheurs d'avenir”

En août, des faucheurs volontaires d'OGM ont pénétré dans une parcelle expérimentale plantée de vignes génétiquement modifiées à l'Inra de Colmar (Haut-Rhin) pour la détruire. L'Inra menait un essai de vignes génétiquement modifiées (de porte-greffes, NDLR) pour résister au court-noué. C'est le principe de précaution qui est levé par les faucheurs volontaires pour se justifier quand ils annihilent le fruit de plusieurs années de recherche. Leur communication est bien orchestrée puisqu'avec ces actions coup de poing, ils attirent les médias, puis brandissent des peurs communes à tous, s'attirant ainsi la sympathie du plus grand nombre. Au centre de leur argumentaire, on trouve : la dissémination accidentelle d'espèces dangereuses, les répercussions incontrôlables sur le milieu et sur notre alimentation, et la menace que représenterait la création de nouvelles espèces pour les générations futures. Pour eux, si les essais venaient à s'étendre, le retour en arrière serait impossible. Quoi qu'il en soit, si les recherches n'ont pas encore démontré la réelle efficacité des plants transgéniques, elles n'ont pas non plus prouvé leur nocivité. En prenant pour cible l'Inra, les faucheurs volontaires s'attaquent à un organisme d'État qui n'a pas d'objectifs mercantiles directs, contrairement aux semenciers. En tant que consommateurs, nous souhaitons tous conserver le choix de se nourrir, ou non, des raisins et des vins issus de vignes transgéniques. Cependant, si ce n'est pas la France qui mène ces recherches, ce sera un autre pays, ou des investisseurs privés à l'éthique peut-être plus discutable. Enfin, une chose est sûre : en s'attaquant à la recherche on s'interdit de savoir, donc de comprendre, et éventuellement de se prémunir des dangers…