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Exportations de vins et spiritueux Record Ballu

Chantal Sarrazin - La vigne - n°240 - mars 2012 - page 8

À force de parcourir le monde, les Français ont redonné un nouveau souffle à leurs exportations de vins et de cognac, particulièrement en Asie et en Amérique du Nord.
LE RECORD est battu en valeur mais en volume les exportations n'ont toujours pas dépassé les niveaux atteints en 2007. © XINHUA/ZUMA/REA

LE RECORD est battu en valeur mais en volume les exportations n'ont toujours pas dépassé les niveaux atteints en 2007. © XINHUA/ZUMA/REA

Exportations de vins et spiritueux : record battu

Exportations de vins et spiritueux : record battu

En ce mois de mars, Louis-Fabrice Latour sillonne les États-Unis. Le président du directoire de la maison bourguignonne Louis Latour y effectue actuellement une tournée de plusieurs semaines. Il y rencontre ses importateurs et distributeurs ainsi que les équipes de sa filiale créée il y a vingt ans outre-Atlantique.

Dans un mois et demi, Patrick Gestin, le président du négoce bordelais CVBG Dourthe-Kressmann, s'envolera pour la Chine. Il ira présenter les bordeaux de la marque Dourthe à Chengdu, Gangzhou… Des villes moins connues que Shanghai, mais dont la population dépasse le million d'habitants.

Vignerons, directeurs ou responsables export de coops parcourent également l'Asie et l'Amérique à la recherche de clients. Résultat : nos ventes de vins et cognacs dans ces deux régions du monde s'envolent. En 2011, les exportations françaises de vins et spiritueux ont franchi la barre des 10 milliards d'euros (10,06 milliards : 6,97 pour les vins et 3,09 pour les spiritueux). « Un record historique », souligne Benoît Stenne, délégué général adjoint de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS).

La valeur des exportations 2011 dépasse d'un milliard d'euros celle de 2010. Côté vins, Bordeaux contribue au premier chef à cette croissance : 45 % du milliard supplémentaire provient du vignoble girondin. Sans hésiter, Patrick Gestin donne l'explication : « En l'espace de deux à trois ans, les vins de Bordeaux ont créé un nouveau marché, la Chine. Il pèse à lui seul autant que les trois suivants ! » Selon lui, les Chinois se passionnent autant pour les grands crus que pour les milieux de gamme bordelais, tirant ainsi l'ensemble de la région.

Reconstitution des stocks

Les cognacs, deuxième carburant du moteur exportateur de la France, doivent aussi leurs performances au marché chinois. « Nos produits y sont soutenus par des marques fortes, dit Patrice Pinet, président des cognacs Courvoisier. C'est un point essentiel de notre succès, notamment en Asie où les consommateurs sont très sensibles à l'image et à la notoriété. » La Champagne, la Bourgogne, les Côtes du Rhône et les vins IGP sont les autres contributeurs aux bons scores de la France à l'export.

« Après deux ans de crise, la demande est repartie aux États-Unis ainsi qu'au Canada, explique Louis-Fabrice Latour. La Bourgogne et Bordeaux ont été servis par la qualité du millésime 2009, largement repris dans les colonnes des médias. »

Autre facteur de la reprise : les importateurs nord-américains ont reconstitué leurs stocks après avoir puisé dans leurs réserves durant la récession. Pour le Bourguignon, ce marché doit demeurer une priorité. « Nous devons y poursuivre nos efforts, la consommation de vin y croît de 2 à 3 % par an et c'est devenu le premier marché de consommation de vin au monde ! »

Les acheteurs européens ont également reconstitué leurs stocks. « Les Français ont plutôt bien tiré leur épingle du jeu en Grande-Bretagne et en Allemagne, même s'ils ne retrouvent pas leurs niveaux d'antan, estime Louis-Fabrice Latour. Seule la Belgique fait exception. C'est un marché mûr où l'Italie et l'Espagne montent en puissance. » La France tire aussi profit de la baisse de forme de l'Australie.

« La France doit couvrir tous les segments »

Toutefois, les grands exportateurs s'interdisent de crier victoire. Patrick Gestin voit dans les bons résultats français de 2011, « une reprise après la mévente de 2009 et 2010 ». Pour preuve, avec 6,9 milliards d'euros, la valeur de nos seules exportations de vin n'a pas retrouvé le niveau de 2007 qui s'était établi à un peu plus de 7 milliards d'euros.

En volume, nos exportations de vin n'ont progressé que de 1,8 % par rapport à 2010 alors qu'en valeur, la hausse est de 11,9 %. « C'est un signe de premiumisation, indique Louis-Fabrice Latour. Pour autant, la France se doit de couvrir tous les segments, y compris les entrées de gamme. Les marchés peuvent se retourner à tous moments, nous ne pouvons pas uniquement offrir des vins chers. » Dans cette optique, les vins de cépage sans indication géographique ont une carte à jouer.

Le Point de vue de

Antoine Touton, château Sainte-Barbe, à Bordeaux (Gironde)

« Le gros lot en Belgique ! »

Antoine Touton, château Sainte-Barbe, à Bordeaux (Gironde)

Antoine Touton, château Sainte-Barbe, à Bordeaux (Gironde)

« En 2011, j'ai vendu tous mes vins du millésime 2009, le plus récent disponible à la vente. Une première depuis dix ans ! Je produis 180 000 cols par an de bordeaux et de bordeaux supérieur. L'export absorbe 80 à 85 % de ce volume. La Chine tire les ventes depuis trois à quatre ans. En 2008, c'est devenu mon premier débouché. La Belgique l'a supplanté l'an dernier. Après deux ans de démarchage, j'y ai décroché le gros lot : une commande pour une enseigne de la grande distribution. Mes vins sont cités dans le guide Hachette, dans la « Revue du vin de France », etc. Cela suscite l'intérêt des importateurs. Un bureau d'agents, situé à Bordeaux, se charge de les vendre à l'exportation. Je les accompagne sur le terrain. C'est impératif dans certains pays comme les États-Unis, mon troisième marché. À New York, les distributeurs reçoivent cinq à six vignerons ou négociants par jour ! Rien n'est jamais acquis. Pour vendre son vin, il faut être sur les routes ! »

Le Point de vue de

Valérie Aigron, responsable export d'Ortas, cave des vignerons de Rasteau (Vaucluse)

« En hausse aux États-Unis »

Valérie Aigron, responsable export d'Ortas, cave des vignerons de Rasteau (Vaucluse)

Valérie Aigron, responsable export d'Ortas, cave des vignerons de Rasteau (Vaucluse)

« En 2011, nos exportations ont progressé de 12 %. Ce circuit représente le tiers de nos ventes, soit un million de cols. Nous avons repris des parts de marché aux États- Unis. En 2009 et 2010, nous avions souffert de la cherté de l'euro par rapport au dollar. En 2011, le retour à une parité favorable a favorisé nos ventes. Nous avons aussi récolté les fruits du travail de fond que nous menons depuis quatre à cinq ans. Whole Food Market, une chaîne de supermarchés bios et haut de gamme, a sélectionné nos rasteau dans le cadre de son opération nationale « Top Ten ». L'enseigne a commandé près de 60 000 cols. Nous devons aussi ce résultat à la bonne image des vins de la vallée du Rhône outre-Atlantique, où on les considère d'un bon rapport qualité/ prix. Parallèlement, nos efforts de prospection au Brésil ont abouti l'an dernier. Nous sommes également présents en Chine, mais nous restons prudents. Les vins de la vallée du Rhône sont moins prisés que les bordeaux. De plus, la distribution reste opaque. »

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REPÈRE

40 % du vignoble français travaille pour l'exportation, selon les calculs de la FEVS. Cet organisme évalue que les 12,9 millions d'hl de vins AOC exportés ont été produits sur 239 000 ha auxquels s'ajoutent 74 000 ha de cognac et un peu d'armagnac. Soit, au total, 313 000 ha pour un vignoble qui couvre environ 790 000 ha. La FEVS ajoute que les vins et spiritueux sont le deuxième poste excédentaire de la balance commerciale française après l'aéronautique.

L'essentiel de l'offre

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