Il est 10 h 15 ce samedi 25 février au Salon de l'agriculture à la porte de Versailles, à Paris. Nicolas Sarkozy n'est plus qu'à quelques pas du pavillon des vins. On ne le voit pas encore. Mais l'avant-garde de ses gardes du corps est là, aux aguets. Il est prévu qu'il fasse une halte sur ce stand organisé par le Cniv, le comité de liaison des interprofessions de vins d'AOC.
Étienne Laporte, le responsable du stand, prépare trois verres pour le chef de l'État : un blanc, un rosé et un rouge. Nicolas Sarkozy va-t-il déguster ces vins, lui qui ne boit jamais ? Non. Il est simplement prévu qu'il les hume. « Le Président veut comprendre le lien entre les arômes, les cépages et les terroirs. Le blanc, par exemple, est un sauvignon très minéral. C'est un signe qu'il est de Bourgogne », explique Étienne Laporte.
« Préparez également de l'eau au cas où il aurait soif. Il arrive », lui demande-t-on.
Mais pendant qu'Étienne Laporte s'active, Michel Bernard, vice-président du Cniv, Jérôme Despey, président du conseil des vins de FranceAgriMer et Marie-Christine Tarby, présidente de Vin & société, quittent soudainement leur stand. On vient de leur faire signe que Nicolas Sarkozy, à deux allées de là, ne viendra pas à leur rencontre. C'est à eux d'aller vers lui.
Nous les rejoignons. Jérôme Despey discute avec le chef de l'État. Mais impossible d'approcher pour entendre ce qui se dit, tellement l'attroupement est compact.
Entretien aigre-doux
« Il a fallu que je l'arrête, expliquera- t-il le lundi 26 février lors d'une conférence de presse. Je lui ai dit : "Monsieur le Président, si un secteur qui pèse 9 milliards d'euros à l'exportation ne mérite pas qu'on s'y arrête, vous pouvez continuer". Du coup, il s'est arrêté pour écouter. J'ai évoqué le poids de la viticulture. J'ai rappelé qu'il fallait préserver les droits de plantation. Il a réaffirmé son soutien total sur ce dossier. Je lui ai remis le badge de la filière vin "Fiers et responsables 2012", pour qu'il soit l'ambassadeur de la viticulture française au niveau mondial. »
Mais sur ce dernier sujet, l'entretien a été aigre-doux. « Je lui ai expliqué que la viticulture lui demandait d'être son ambassadeur, pas de boire du vin, a poursuivi Jérôme Despey. Elle veut qu'il soit fier de ce secteur. Il m'a trouvé un peu lourd sur ce sujet. Il m'a rappelé que nous avions déjà parlé de cela. Il m'a dit : "Vous me le dites une première fois, j'entends. Vous me le redites une deuxième fois, je me dis que vous me prenez pour un vieux. Vous me le dites une troisième fois, vous me prenez pour un couillon !"»
Malgré cet accroc, le Cniv dresse un bilan satisfaisant du salon, le public et de nombreux politiciens s'étant arrêtés sur le pavillon des vins.