Chez les politiciens et les syndicalistes qui défendent le maintien des droits de plantation, le 19 mars restera comme un tournant. Ce jour-là, ils ont réussi à mobiliser tous leurs partisans pour participer à un colloque organisé par le parti populaire européen au Parlement de Bruxelles. La Cnaoc n'est pas étrangère à cette réussite. Elle avait passé la consigne aux présidents des syndicats viticoles de venir. Ils étaient au moins une quarantaine de Français parmi les deux cents environ venus de toute l'Europe.
Deux semaines plus tard, bon nombre de participants au colloque se sont retrouvés au congrès de la Cnaoc, à Beaune (Côte-d'Or), le 3 avril. Si bien qu'ils ont parlé du même sujet. « Nous allons réussir à revenir sur la libéralisation de la plantation de vignes. J'en suis sûre », a déclaré Astrid Lulling. Cette députée européenne sait de quoi elle parle. Présidente de l'intergroupe vin au Parlement européen, elle combat la libéralisation des plantations depuis le début. Elle a organisé le colloque du 19 mars à Bruxelles avec son collègue Michel Dantin, spécialiste de l'agriculture au Parlement européen.
« Au Conseil, il ne manque qu'une petite trentaine de voix pour avoir une majorité qualifiée en faveur du maintien des droits, a-t-elle poursuivi. Nous les aurons. Je suis confiante. Je crois que Dacian Ciolos (le commissaire européen à l'Agriculture NDLR) est en train de bouger dans la bonne direction. Le problème, c'est après. Dacian Ciolos dit que si on revient sur la libéralisation, il faut savoir comment on va gérer les droits de plantation. »
Solution de remplacement
Là, tout est à inventer. En effet, s'il paraît acquis que la commission « va bouger », il est tout aussi certain qu'elle refusera de conserver le système actuel tel quel. Le principe de l'interdiction de planter des vignes nouvelles en Europe paraît condamné. Par quoi le remplacer ? Personne n'a encore la réponse.
La production demande un système de régulation des plantations qui s'imposerait à tous les pays producteurs et pour tous les vins. À l'inverse, le négoce veut que la nouvelle législation laisse à chacun le soin de choisir : les interprofessions qui voudraient réguler les plantations chez elles pourraient le faire, les autres laisseraient chacun libre de planter ce qu'il veut. La logique libérale de la commission pourrait leur donner l'avantage.
Les négociations pour trouver un compromis entre la libéralisation pure et simple et l'interdiction de planter seront ardues