« Objectif zéro pesticide : la Colombette expérimente de nouveaux cépages résistants ! » L'invitation lancée par François et Vincent Pugibet a attiré du monde, le 25 mai dernier. De nombreux viticulteurs, le président de FranceAgriMer et des élus se sont rendus au domaine la Colombette, à quelques kilomètres au nord de Béziers (Hérault). Les uns sont venus par curiosité, les autres pour appuyer la démarche des Pugibet père et fils, infatigables innovateurs.
Autorisation d'expérimenter à grande échelle
Au programme : la plantation d'une parcelle expérimentale de 80 ares en cabernet Jura, un cépage noir résistant au mildiou et à l'oïdium obtenu par Valentin Blattner, un sélectionneur privé installé dans le Jura suisse. « La viticulture est le plus grand consommateur de pesticides de l'agriculture. Les cépages résistants sont une voie très prometteuse pour une viticulture biologique protégeant le vigneron, le consommateur et l'environnement », s'est félicité Vincent Pugibet.
La manifestation visait également à célébrer l'autorisation accordée par le ministère de l'Agriculture d'expérimenter ces cépages à grande échelle. « Dé- sormais, les viticulteurs peuvent tester leur résistance aux maladies, leur aptitude culturale, leur productivité et leur potentiel qualitatif. Le lien va se resserrer entre recherche et professionnels. Cela va créer une émulation qui sera pro table à tous », affirme le vigneron biterrois.
Vincent Pugibet devient l'agent pour la France de Valentin Blattner et Philippe Borioli, le pépiniériste qui multiplie ses obtentions. Dès cette année, il peut fournir deux variétés résistantes : le cabernet blanc et le cabernet Jura.
Le Point de vue de
Gustave Viennet, château de Raissac, 80 ha à Béziers (Hérault)
« Je vais planter 4 à 5 ha pour essayer »
« Dès l'an prochain, je compte planter 4 à 5 ha de cépages résistants. Je veux les tester sur au moins 4 ha, car c'est la surface nécessaire pour se faire une bonne idée de leur comportement au vignoble. Je veux également tester commercialement les vins issus de ces vignes expérimentales, car c'est encore une grande inconnue. Je planterai sans prime. Il faudra faire l'avance en trésorerie. Mais au final, avec les économies réalisées sur les produits phytos, le temps de travail, le gasoil, etc., je serai gagnant. Au-delà de l'atout économique, la suppression des traitements est un progrès considérable pour la santé des viticulteurs et de leurs salariés, pour celles des consommateurs et pour la protection de l'environnement. »