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ACTUS - FRANCE

HVE : les premiers diplômés

Aude Lutun - La vigne - n°243 - juin 2012 - page 23

CERTIFICATION - CERTIFICATION Les premiers vignerons viennent d'obtenir leur certification HVE (haute valeur environnementale). Ils sont trois auxquels s'ajoute un négociant. Tous sont Champenois.
Éric Rodez, premier viticulteur français à avoir obtenu la certification HVE, cultive ses vignes à Ambonnay, dans la Marne.

Éric Rodez, premier viticulteur français à avoir obtenu la certification HVE, cultive ses vignes à Ambonnay, dans la Marne.

Michel Loriot, viticulteur à Festigny, lui aussi certifié HVE, a pour objectif de réduire significativement son IFT.

Michel Loriot, viticulteur à Festigny, lui aussi certifié HVE, a pour objectif de réduire significativement son IFT.

Jean-Pierre Vazart, à Chouilly, s'est d'abord engagé pour la certification Qualenvi avant de se lancer naturellement dans la certification HVE.

Jean-Pierre Vazart, à Chouilly, s'est d'abord engagé pour la certification Qualenvi avant de se lancer naturellement dans la certification HVE.

« J'étais doublement motivé, précise Éric Rodez, à Ambonnay (Marne), premier viticulteur français à avoir obtenu la certification HVE le 12 mars 2012. En interne, cela m'a permis d'approfondir le travail que je mène depuis bientôt trente ans, qui consiste à laisser l'empreinte la moins forte possible de mon activité aux générations suivantes. Je viens d'être également certifié bio. La démarche HVE est complémentaire car, en culture biologique et biodynamique, on tient peu compte de la limitation des intrants. Nous sommes limités en cuivre mais pas en soufre. Et c'est surtout le volet biodiversité de la certification HVE que j'ai trouvé intéressant, avec la mise en place de haies ou de talus. En externe, cette certification me permet de prouver que ce que je fais correspond bien à ce que je dis.»

Préserver la biodiversité

Après Éric Rodez, deux autres vignerons de la Marne et un négociant, également champenois, ont été certifiés : Jean-Pierre Vazart, à Chouilly, Michel Loriot, à Festigny, et Bollinger (voir pages 40 et 41). Pour eux aussi, c'est une récompense inscrite dans la continuité d'une démarche menée depuis plusieurs années.

« Je me suis engagé après avoir obtenu la certification Qualenvi, délivrée par les Vignerons indépendants de France, se souvient Jean-Pierre Vazart. Nous avions bien avancé dans ce cadre, avec beaucoup d'émulation. La certification HVE s'est imposée comme l'étape d'après. » Il lui restait quelques points à améliorer, notamment sur la biodiversité. Jean-Pierre Vazart va donc planter une haie de 150 mètres au bord d'une vigne qu'il vient d'arracher et réfléchit à installer une ruche. Dans le même esprit, Michel Loriot va démonter une vieille cabane de vigne pour installer un bosquet à la place. Quant à Éric Rodez, il laisse dans une parcelle un arbre « qui le gène ». Ces petites décisions ne représentent pas le cœur de la certification, mais s'inscrivent dans un ensemble d'actions complémentaires.

Traitements à demi-dose

L'un a opté pour la voie B de certification, les deux autres pour la voie A. Ces derniers ont donc été jugés sur quatre critères : le respect de la biodiversité, la fertilisation, la gestion de l'eau et leurs pratiques phytosanitaires. Le calcul des IFT est un point important de ce dernier volet car il faut traiter moins que la moyenne de sa région.

« Mon objectif est de réduire significativement mon IFT, confirme Michel Loriot. Cette année, au 1erCette année, au 1 juin, j'avais réalisé mes deux premiers traitements à demi-dose. Cette approche peut faire peur, mais on ne prend pas de risque, car la végétation est réduite. La concentration en produits reste donc la même. »

Tous les trois soulignent l'effort à réaliser sur le plan administratif. « Avec Qualenvi, nous avions déjà mis en place une traçabilité importante, témoigne Michel Loriot. Pour obtenir la certification HVE, il y a un travail supplémentaire de recherche de documents pour prouver nos actions. » La préparation de l'audit prend également du temps pour être précis et exhaustif dans les réponses à fournir aux auditeurs. C'est le prix à payer pour pouvoir s'afficher de haute valeur environnementale.

L'audit, mode d'emploi

« L'audit dure une demi-journée, précise Fabien Zedde, directeur d'Ocacia, l'organisme qui a certifié les trois vignerons. Nous rappelons brièvement comment nous allons procéder, puis nous demandons au viticulteur de nous fournir les données nous permettant de calculer ses points pour chaque objectif qu'il doit atteindre. » Vient ensuite l'observation sur le terrain pendant laquelle les auditeurs valident les déclarations des vignerons. « Le tour des vignes et des installations permet aussi d'échanger de manière moins encadrée », poursuit Fabien Zedde. À l'issue de la demi-journée, Ocacia soumet le dossier à son comité de certification comprenant trois collèges : des viticulteurs, des utilisateurs du produit (consommateurs de vin) et des personnes qualifiées. Puis elle informe les vignerons concernés de sa décision.

Accessible à tous les vignerons

Les Vignerons indépendants de France (Vif) font plancher une élève ingénieure sur la certification HVE dans le cadre de son mémoire de fin d'étude. Ils veulent savoir si cette certification est adaptée à la viticulture. Bonne nouvelle, « nous n'avons pas identifié de freins majeurs qui empêcheraient un viticulteur d'accéder à cette certification, explique Laurent Brault, des Vif. Simplement, les vignerons qui vendent tout en vrac ont intérêt à passer par l'option A, qui prend en compte les quatre critères ». Une cinquantaine de vignerons indépendants sont fi ns prêts à passer leur audit de certification.

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