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CAVE RUINART. La colline Saint-Nicaise de Reims compte plus de 370 crayères et 25 km de caves. Avec ce cliché, Amarante Puget met en lumière la verticalité et l'étroitesse de ces lieux.
CAVE TAITTINGER. Les anciennes crayères sont utilisées depuis plusieurs siècles par les maisons de Champagne. La température et le taux d'humidité constants permettent une maturation optimale des vins stockés ici pendant deux à trois ans.
CAVE POMMERY. « L'escalier de Pommery fait prendre toute la mesure de la plongée sous terre des crayères », témoigne Amarante Puget. Les 116 marches plongent à 30 mètres sous terre, où reposent 20 millions de bouteilles. PHOTOS A. PUGET
«La géographie champenoise a ceci d'exceptionnel, lorsqu'on promène ses pas dans ses entrailles, de donner au visiteur cette impression étrange d'être plongé dans des chambres secrètes de l'Égypte antique. Et lorsqu'on refait surface, la vision de ses lignes qui grimpent jusqu'à toucher le ciel semble être une invitation à boire avec Dieu… On est dans le mystère de la grande pyramide et d'un apéritif mystique unique ! » C'est par ces mots poétiques que l'acteur Pierre Arditi évoque les crayères, principalement situées sous la butte Saint- Nicaise, à Reims (Marne), et sous les vignes qui les surplombent.
Ces crayères sont l'un des trois piliers de la candidature des « Coteaux, maisons et caves de Champagne » au patrimoine mondial de l'Unesco. À l'occasion de cette candidature, une exposition de photographies des plus belles crayères réalisée par Amarante Puget circule en Champagne depuis les journées du Patrimoine de septembre 2011. « J'étais déjà venue faire des reportages en Champagne, mais jamais sous terre, confie la photographe. J'ai été impressionnée par la hauteur de certaines crayères, qui peuvent être vertigineuses, comme chez Pommery ou chez Veuve Clicquot. L'aspect labyrinthique des crayères et des caves est également très surprenant. On ne s'attend pas à voir autant de chemins sous terre. » Pour éviter de se perdre, les maisons de Champagne ont même nommé chaque chemin ou y ont inscrit des repères.
Température constante de 10°C
Ce sont les Romains qui, au Ve siècle, ont troué la terre pour extraire le matériau nécessaire à la construction des routes et maisons de Reims. Le carrier creusait un trou carré ou rond d'un mètre de diamètre environ, jusqu'à la craie. Puis il ouvrait le puits en surveillant un éventuel éboulement. Aujourd'hui, ces crayères présentent l'avantage d'avoir une température constante de 10°C. La plupart d'entre elles sont profondes de 20 à 25 mètres, mais certaines dépassent les 40 mètres.
Après avoir permis l'extraction de plus d'un million de mètres cubes de craie, les 370crayères rémoises ont été délaissées pendant de nombreuses années. Les maisons de Champagne, qui ont commencé à éclore il y a trois siècles, ont vite perçu le potentiel de ces lieux et ont creusé des galeries pour y installer leurs caves. Les bouteilles de champagne y ont pris leur quartier et ont cohabité avec l'Histoire. Il en reste des traces émouvantes, telle cette photographie qui montre une croix rouge juxtaposant l'inscription « Abri », rappelant le rôle protecteur de ces caves lors de la Première guerre mondiale.
