La crise s'estompe dans le Languedoc-Roussillon. C'est ce que montrent les chiffres de l'Observatoire viticole régional présentés le 14 février par le CERFrance Midi-Méditerranée. Sur un échantillon d'un millier d'exploitations de l'Aude, de l'Hérault, du Gard et des Pyrénées-Orientales, 57 % dégagent des bénéfices en 2011, contre seulement 18 ou 19 % en plein cœur de la crise, en 2005 et 2006.
La récolte de 2012 va amplifier les différences
Toutes ne profitent pas de l'embellie. Les résultats, une fois la main-d'œuvre familiale payée, restent négatifs dès lors que le produit brut n'atteint pas 3 500 €/ha. En 2001, c'est le cas de 35 % des coopérateurs et de 8 % des vignerons en cave particulière. En pleine crise, ils étaient respectivement 85 et 40 % en dessous de ce seuil. Le rendement moyen de ces viticulteurs est inférieur aux autres. Pour cette raison, ils n'arrivent pas à couvrir leurs frais.
« Dans chaque catégorie de vin, compte tenu des coûts et des cours du vrac, il y a un rendement d'équilibre à atteindre pour s'en sortir », note Bernard Anthérieu, du CERFrance Gard, qui analyse les résultats de l'observatoire régional.
La baisse de la récolte en 2012 va encore amplifier les différences entre exploitations pour 2013. Dans les Pyrénées-Orientales, le rendement est redescendu à 30 hl/ha de moyenne départementale après avoir atteint 41 hl/ha en 2011. « Dans la vallée de l'Agly, beaucoup de vignerons ont rentré moins de 20 hl/ha, affirme Denis Pigouche, responsable départemental du syndicat des vignerons du Midi. Ils sont dans une situation très difficile. Nous avons réactivé toutes les mesures de crise pour les accompagner au mieux. »
« L'espoir revient »
Dans l'Hérault, la bonne année 2011 a permis de réduire l'endettement à court terme. « Avec des cours qui se raffermissent, l'espoir revient, constate Guilhem Vigroux, secrétaire général de la FDSEA. Les vignerons ont envie d'investir. Mais ils restent prudents. Certains sont encore en difficulté et auront besoin de plus d'une bonne année pour se rétablir. » La crise, longue et forte, a marqué les esprits, et l'installation ne redémarre pas.
Dans l'Aude, le constat est le même. « La situation se stabilise. Mais il est un peu tôt pour parler de sortie de crise. Les trésoreries restent tendues et, pour faire face à la hausse des charges, nous avons besoin que les cours progressent encore », affirme Jean-François Rémy, président du syndicat Jeunes agriculteurs.