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CATASTROPHES CLIMATIQUES La grêle plus méchante que jamais

La vigne - n°256 - septembre 2013 - page 8

Rarement la grêle a été aussi destructrice que cet été. Le point sur les dévastations qu'elle a provoquées.

Bordeaux : Une violence inouïe

2 août, vers 21 heures. Un orage de grêle d'une ampleur sans précédent s'abat sur l'Entre-deux-Mers et les côtes de Castillon, en Gironde. Du jamais vu de mémoire de vigneron. Selon l'Anelfa (Association nationale d'étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques), deux cellules orageuses se sont abattues sur ce département et, moins violemment, sur la Dordogne. Elles ont traversé la Gironde, suivant une même trajectoire, vers le nord-est. Elles ont déversé des grêlons de 3 cm de diamètre en moyenne, une taille peu fréquente mais pas exceptionnelle. Ce qui rend cet épisode inédit, c'est bien la conjonction de trois phénomènes : des grêlons de grosse taille, extrêmement nombreux et une importante surface au sol touchée.

Au lendemain de la catastrophe, les images de désolation filmées par un vidéaste amateur de la télévision associative Télé canal Créonais (voir notre article du mercredi 7 août sur le site www.lavigne-mag.fr) montrent, sur des kilomètres, des vignes totalement effeuillées ou couchées par le vent, comme s'il s'agissait de blé. Au cœur de l'été, le vignoble prend des allures de plein hiver…

En quelques minutes, des vignerons ont vu le fruit d'une année culturale – les interventions à la vigne étaient quasiment terminées pour la plupart – dévasté. Les plus touchés sont comme assommés par la catastrophe. Durant les jours suivants, les conseillers de la chambre d'agriculture ont sillonné le vignoble pour mesurer l'énormité des dégâts. Mais il va falloir un peu de temps pour en prendre toute la dimension.

Le 28 août, la préfecture communique des chiffres. L'orage du 2 août a touché 24 000 ha de vignes à plus de 30 %, dont plus de 4 700 ha subissant plus de 80 % de dégâts. Il a couvert une traînée d'environ 70 km partant des Landes girondines, sur la rive gauche de la Garonne, pour traverser l'Entre-deux-Mers et continuer en direction de la Dordogne. Trois communes du Haut Médoc et trois autres du Nord Fronsadais ont été aussi affectées, mais plus ponctuellement.

70 % des surfaces touchées sont classées en AOC Bordeaux et Entre-deux-Mers, 7 % sont en AOC Saint-Émilion et 23 % en AOC Côtes de Castillon. « Cette appellation est touchée à plus de 80 % de son aire », précise Laurent Courau, directeur du service Territoires de la chambre d'agriculture de Gironde.

Côté humain, on estime qu'entre 300 et 500 exploitations ont été frappées. Côté financier, la perte de chiffre d'affaires est évaluée à 156 millions d'euros, « rien que pour les viticulteurs, spécifie Laurent Courau. Nous avons pris en compte les pertes de récolte pour 2013 mais nous avons aussi estimé que les vignes frappées à plus de 80 % représenteraient une perte de récolte sur 2014 de 30 % en moyenne ».

Le 30 août, Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture, se rend sur place pour visiter deux exploitations sévèrement touchées. À Saint-Magne-de-Castillon, Yannick Sabaté, à la tête du château Fontbaude, lui tend une grappe ravagée par la grêle. « On s'est fait mitrailler, monsieur le ministre, lui dit-il. Nous avons perdu 60 % de notre récolte, même plus. » En temps normal, cette propriété familiale de 20 ha produit 950 hl par an sous l'appellation Castillon Côtes de Bordeaux. Cette année, Yannick Sabaté et son frère Christian devront se contenter de 200 à 250 hl. Le ministre ne reste que dix minutes sur les lieux. Déjà, il est temps de partir.

À 25 km de là, à Saint-Léon, le château de Castelneau l'attend. Là, c'est pire. Loïc de Roquefeuil, le propriétaire des lieux, l'assure : il ne récoltera rien sur ses 30 ha. « Tout est anéanti. Il ne reste pas une seule grappe, montre-t-il au ministre. J'avais trouvé des marchés à l'export. Je n'ai pas de vins en stock. Je n'aurai rien à vendre l'année prochaine. » C'est alors que Bernard Daraignes, coopérateur et entrepreneur de travaux viticoles à Espiet (Gironde), prend la parole. Il n'était pas invité. Mais il est quand même venu. Son exploitation et tous ses clients se trouvent dans la zone grêlée. Il estime avoir perdu 80 % de sa récolte.

« Je devais venir travailler chez monsieur de Roquefeuil le 5 août, déclare-t-il. La grêle a tout annulé. Depuis, mon entreprise est totalement arrêtée. » Il précise encore qu'il « faut 4 000 à 5 000 €/ha pour faire venir une récolte » et que « des viticulteurs seront obligés d'arrêter ». Il demande que l'on autorise les sinistrés à vendre des parcelles en terrain à bâtir pour qu'ils puissent se renflouer. Le ministre écoute, regarde et explique : « Je ne suis pas là pour distribuer une enveloppe, mais pour mieux répondre aux besoins. Nous allons utiliser tout ce qui est autorisé pour faciliter la vie des viticulteurs. » Même si ces propos se veulent rassurant, les vignerons touchés le savent bien, ils devront trouver seuls le ressort pour surmonter le désastre du 2 août.

Côte-d'Or : 30 000 hl perdus

« Il a grêlé. Il est tombé plus de 60 mm d'eau. Le vent a projeté les grêlons contre la végétation. Et ça a tourbillonné pendant 45 minutes », rapporte Jean-Pierre Guillemot, du domaine Pierre Guillemot, à Savigny-lès-Beaune, juste après l'orage qui s'est abattu sur la Côte-d'Or dans l'après-midi du 23 juillet.

Dans les vignes, les dégâts sont considérables : rameaux présentant de nombreux impacts, feuilles et raisins très abîmés, grumes fendues et ravinement dans les parcelles. Outre Savigny-lès-Beaune, les communes les plus impactées sont Pernand-Vergelesses, Chorey, Beaune, Volnay, Pommard et Meursault. Les parcelles d'appellation villages et premiers crus situées en pied et milieu de coteau et le grand cru corton-charlemagne ont subi les dégâts les plus importants.

Les premières estimations de la chambre d'agriculture de Côte-d'Or font état de 1 700 à 2 000 ha touchés entre 10 et 100 %. Les derniers chiffres communiqués par le BIVB début septembre ramènent les surfaces touchées entre 1 300 et 1 400 ha pour une perte totale estimée à 30 000 hl.

Saône-et-Loire : Trois minutes en enfer

À voir le ciel ce samedi 24 août au matin, Bertrand Gobet, le chef de culture du château de Bel avenir, s'attendait bien à « quelques orages »… Mais là, il a eu comme un avant-goût de « la fin du monde ». Il raconte. « En quelques minutes, le vent s'est mis à forcir avec des rafales à plus de 150 km/h. Toutes les toitures du domaine ont souffert. Et puis, d'un coup, la grêle est tombée, très dru. Les grêlons n'étaient pas bien gros, de 4 à 5 mm, mais exceptionnellement denses. Avec la force du vent, cela a fait comme un hachoir sur les vignes. » Trois minutes plus tard, « il n'y avait plus de feuilles ».

Située à La Chapelle-de-Guinchay, l'exploitation produit trois appellations : Beaujolais, Beaujolais-villages et Bourgogne blanc sur 12 ha d'un seul tenant. « Tout a été détruit », constate le salarié qui s'inquiète pour la récolte 2014. Outre la perte de récolte, la propriété a également souffert des dégâts sur les toitures de son chai et des habitations du viticulteur et du propriétaire.

« Le château de Bel avenir est la propriété la plus touchée », indique Gérard Trichard, vice-président FDSEA de l'Union viticole de Saône-et-Loire. Les premières constatations sur le terrain montrent que cette minitornade a impacté une centaine d'hectares de vignes entre 30 et 100 %. Une dizaine d'exploitations viticoles sont plus ou moins touchées. Gérard Trichard, âgé de 60 ans, assure : « Je n'avais jamais vu des intempéries d'une telle violence. »

Côtes du Rhône : Crozes-Hermitage blessée

Un tiers du vignoble de Crozes-Hermitage a subi des dégâts après l'orage de grêle du 9 juillet dernier. Il a touché les communes du sud de l'appellation : Beaumont Monteux, La Roche-de-Glun, Pont-de-l'Isère… « Les exploitations ont perdu 5 à 100 % de leur récolte, suivant les cas, déclare Pierre Combat, le président de l'appellation. Une dizaine de vignerons sont dans des situations complexes. »

Les fruits ont éclaté sous la grêle. Quelques jeunes plantiers ont cassé. Pierre Combat estime à 10 % la perte de récolte à l'échelle de son appellation qui produit environ 60 000 hl par an. « Cet épisode n'aura pas d'impact sur la qualité, ajoute-t-il. Il est intervenu tôt dans l'été. Les vignes ont eu le temps de sécher. » Le syndicat demande que les vignerons sinistrés obtiennent l'autorisation d'acheter des raisins ou des moûts à leurs voisins.

L'assurance récolte remise en chantier

Responsables professionnels et pouvoirs publics se rendent à l'évidence : l'assurance récolte n'est pas adaptée à la viticulture. Malgré l'aide de l'État, les franchises sont trop élevées et les primes trop chères. Du coup, peu de viticulteurs s'assurent alors qu'ils ne sont plus couverts par les calamités agricoles, sauf pour les pertes de fonds. Comment y remédier ? En août, Jérôme Despey, président du conseil des vins de FranceAgriMer, a évoqué l'idée de rendre l'assurance obligatoire. Une possibilité que le ministre de l'Agriculture a clairement exclue lors de son déplacement à Bordeaux, le 30 août. « L'assurance obligatoire est pour les atteintes aux tiers, a indiqué Stéphane Le Foll. Avec l'assurance récolte, on s'assure pour soi. On ne peut pas la rendre obligatoire. » Constatant que les aléas climatiques sont de plus en plus violents et fréquents, il a chargé un groupe de travail de trouver des solutions pour rendre l'assurance récolte plus attractive afin de mutualiser plus largement les risques. Ce groupe doit « faire des propositions d'ici un ou deux mois », a promis le ministre.

Une batterie de mesures pour le Bordelais

Après la catastrophe, plusieurs mesures se mettent en place en Gironde au bénéfice des sinistrés. La plus originale autorise l'achat de vin sans prendre le statut de négociant. Le volume acheté ajouté à la propre récolte du vigneron ne devra pas dépasser 80 % de sa production moyenne déclarée au cours des cinq dernières campagnes. Les vins ne peuvent être achetés qu'en vrac et ce jusqu'au 31 juillet 2014 au plus tard. Les sinistrés ont aussi l'autorisation d'acheter de la vendange. Toujours dans le but d'assurer leur approvisionnement, les conventions de mise à disposition de vignes sont facilitées. Début septembre, la Safer en avait passé 40 pour 400 ha.

Le hic : les demandes affluent, mais les offres sont rares du fait d'un manque de récolte dû à la coulure. Bien d'autres mesures sont prises : dégrèvements de la taxe sur le foncier non bâti, prise en charge d'une part des cotisations sociales, recours au chômage partiel au-dessus de la durée légale et prêts de trésorerie à taux zéro grâce à une aide du conseil régional d'Aquitaine. Le conseil général de la Gironde réfléchit quant à lui à des aides directes qui seront accordées au cas par cas. Il devrait débloquer 300 000 euros qui seront affectés en priorité aux 75 exploitations en très grande difficulté. Le dispositif devrait être calé le 23 septembre. Enfin, un guichet unique devrait se mettre en place, géré par la DDTM.

Vouvray joue sur les rendements pour passer le cap

Avec 1 500 ha touchés par la grêle le 17 juin, dont 500 à 600 ha meurtris à plus de 80 %, la vendange à Vouvray (Indre-et-Loire) sera maigre. « Nous avons perdu 30 à 40 % de notre récolte », déplore Jean-Michel Pieaux, président du syndicat des vins. Pour faire face, le syndicat mise sur des mesures dérogatoires aux rendements afin de faciliter les transactions de raisins « sans spéculation » entre exploitants. « Nous avons demandé et obtenu auprès du Crinao une baisse des rendements de base de 52 hl/ha à 45 hl/ha pour les vins tranquilles et de 65 hl/ha à 55 hl/ha pour les mousseux, détaille Jean-Michel Pieaux. Mais les vignerons pourront demander un dépassement du plafond limite de classement individuel, jusqu'à 60 hl/ha pour les vins tranquilles et 75 hl/ha pour les bulles. Dans les secteurs non grêlés, le millésime sera de qualité. Ce serait dommage de ne pas en faire bénéficier les vignerons touchés. » Les viticulteurs non grêlés pourront ainsi récolter plus que d'habitude afin de vendre le surplus aux sinistrés. Un arrêté préfectoral autorisant les achats de vendanges a été pris cet été. Sur le plan commercial, les vignerons ont pu constater avec plaisir le soutien du public. Le 16 juillet, lors d'un concert solidaire à Tours (Indre et-Loire), « nous avons récolté un peu d'argent pour aider les exploitants en difficulté », sourit Jean-Michel Pieaux. Quant à la traditionnelle foire aux vins du 15 août à Vouvray, elle a connu un succès historique.

Les dispositifs antigrêles ont sauvé les vignes à Bergerac

FRANCIS DANGLADE devant le poste antigrêle de Montbazillac (Dordogne).

FRANCIS DANGLADE devant le poste antigrêle de Montbazillac (Dordogne).

Les générateurs antigrêles de l'Adelfa de Dordogne, Association départementale d'étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques, ont permis d'éviter le pire dans le vignoble bergeracois. C'est la conviction de Francis Danglade, président de l'association. La grêle qui s'est abattue le vendredi 2 août sur la Dordogne et la Gironde n'a pas fait de dégâts sur les vignes « au cœur d'une zone délimitée par les communes du Fleix à l'ouest, Beaumont-du-Périgord à l'est, Lembras au nord et Soumensac au sud », explique-t-il. Dans ce périmètre, dix-sept générateurs antigrêles ont été activés par des opérateurs bénévoles trois heures avant l'orage. « En bordure de cette zone, au Fleix, un viticulteur a été touché à 25-30 % », observe Francis Danglade pour argumenter de l'efficacité de son dispositif. Ces générateurs envoient dans les nuages des « noyaux de congélation artificielle », détaille Claude Berthet, directrice de l'Anelfa, Association nationale d'étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques. Ces noyaux, formés à partir d'une solution d'acétone et d'iodure d'argent, diminuent « la taille et le nombre de grêlons de 50 % », soutient-elle. Installés depuis cinq ans dans le vignoble bergeracois, chaque poste « coûte en général 2 000 euros par an », précise Francis Danglade. Le dispositif est financé par le conseil général de Dordogne, la chambre d'agriculture, les collectivités locales et, pour près de la moitié, par le syndicat des viticulteurs de Bergerac.

Le Point de vue de

Henri Féret, château Féret-Lambert, 22 ha en AOC Bordeaux supérieur, à Grézillac (Gironde)

« La totalité de la récolte perdue en quinze minutes »

 © S. KLEIN/DIVERGENCE

© S. KLEIN/DIVERGENCE

« C'était le 2 août. Avec mon épouse, nous prenions l'apéritif sur la terrasse. Il était 20 h 30. D'un coup, le ciel bleu a viré au jaune et au noir. Des grêlons de la grosseur d'une demi-balle de pingpong sont tombés. La tornade a duré quinze minutes. Nous nous sommes précipités dans les vignes. Le paysage était devenu lunaire. Il n'y avait plus de vie. On a constaté l'ampleur de la catastrophe : les raisins éclatés au sol, les feuilles hachées menu, les bois meurtris. Nous venions de perdre 100 % de notre récolte. Les pertes s'élèvent à 200 000 euros, uniquement au titre des frais de culture que nous avions engagés à ce moment-là. La veille, notre douzaine d'ouvriers venait juste de terminer trois semaines d'effeuillage ! Ce n'est pas la première fois que la grêle sévit sur notre propriété familiale. En dix ans, nous avons été touchés quatre fois. Depuis le 2 août, nous n'avons rien fait dans les vignes. On a laissé le vent et le soleil cicatriser. De petites feuilles repoussent sur le haut. Avec mon associé, Olivier Sulzer, nous avons décidé de prendre une assurance qui couvre l'investissement du travail à la vigne. Jusqu'alors, nous estimions être assurés par nos stocks. Nous produisons 120 000 bouteilles, écoulées à 70 % à l'export. Nous possédons encore du 2008 en bouteilles et la totalité de notre 2012. Mais cette fois, nous arrêtons de nous entêter : nous allons nous assurer. De même, nous avons recouru aux conventions de mise à disposition de vignes que permet la Safer pour obtenir un fermage sur 6 ha. De quoi avoir 300 hl. Nous n'attendons rien de personne. S'il y a des prêts à taux zéro, bien sûr, nous en profiterons. La perte sèche occasionnée par la grêle sera lissée sur plusieurs années. Mais il va falloir redoubler d'efforts en termes commerciaux. Il faudra dégager 25 % de plus de chiffre d'affaires sur deux ou trois ans. Nous projetions d'agrandir le chai en fin d'année. Cela attendra. Je considère qu'il y a des viticulteurs plus malheureux que moi. J‘exerce en parallèle le métier de courtier. J'ai des revenus complémentaires. »

Le Point de vue de

Alain Barreau, coexploitant des châteaux Haut-Garriga et Coutreau, 80 ha à Grézillac (Gironde)

« Je suis inquiet pour 2014 »

 © P. ROY

© P. ROY

« Ce 2 août, avec mon frère, nous avions mis en route notre poste Adelfa en fin d'après-midi. La grêle est arrivée vers 21 heures.

Cela a été très bref : quinze minutes maximum. Mais d'une extrême violence. Les grêlons n'étaient pas très gros, mais d'une densité incroyable. En quelques minutes, le sol a été recouvert de 10 cm de glace. Je n'avais jamais vu cela !

Certains ont tout perdu. Ce n'est pas notre cas. Sur les 80 ha de notre exploitation, 50 ha ont été touchés à plus de 80 %. Sur certaines parcelles, il n'y a plus rien : ni feuilles, ni raisins. Juste les rameaux. Environ 15 ha ont souffert entre 30 et 80 %. Enfin, une quinzaine d'hectares ont été épargnés. Depuis, nous avons cherché à sauver ce qui peut l'être. Je viens de faire le dernier traitement sur une parcelle où des feuilles ont un peu repoussé. J'espère y voir mûrir le raisin, mais la véraison a été comme bloquée pendant une quinzaine de jours. Je pense vendanger ces vignes vers le 15 octobre, si le temps le permet.

Mais je n'utiliserai pas la machine à vendanger, car les sarments sont trop abîmés. Je m'inquiète des conséquences pour 2014. Il y en aura, mais dans quelle proportion ? Notre exploitation compte six salariés : faute de pouvoir leur donner du travail, ils ont dû solder leurs congés. Trois d'entre eux sont au chômage partiel en attendant les vendanges. J'ai fait le point avec mon comptable sur le financement de l'entreprise. Je vais négocier un emprunt à court terme pour faire face aux échéances. Peut-être que les intérêts seront pris en charge par les pouvoirs publics. Côté commercialisation, je vais privilégier mes ventes aux particuliers par rapport au vrac. J'ai un gros client en rosé en bib qu'il ne faut pas perdre. Je vais donc passer le maximum dans la couleur. Pour les blancs, je vais prendre le statut de négociant pour acheter du vin et fournir ma clientèle. Il va falloir faire beaucoup d'économies pour tenir. J'ai déjà annulé une commande d'engrais passée en juillet. »

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