Cette saison, deux lycées viticoles girondins ont expérimenté des appareils à panneaux récupérateurs sur une de leurs parcelles. Celui de la Tour blanche, à Bommes, a utilisé le pulvé traîné à jets portés Koléôs de Dhugues. De son côté, celui de Libourne-Montagne a mis à l'épreuve le Lipco GSG-NV2 à jets portés à flux tangentiels commercialisé par Clemens (voir « La Vigne » n° 256, p. 39).
Les deux appareils traitent deux rangs complets par passage. La Tour blanche a employé le Koléôs à cinq reprises. Libourne-Montagne a sorti le Lipco six fois. Les deux lycées ont commencé au stade 5 à 6 feuilles étalées pour terminer à la fermeture de la grappe. Lors des tests, ils ont évolué à la même vitesse (5 km/h), au même régime moteur (1 400 tr/min), à la même pression (4 bars) et, jusqu'au stade fin floraison inclus, avec les mêmes buses. Voici les résultats obtenus.
Dépôt de bouillie : Un peu faible sous les feuilles
Les deux pulvérisateurs assurent une couverture suffisante de la vigne et une répartition homogène de la bouillie entre le haut et le bas du plan de palissage. L'un comme l'autre couvrent très bien – presque trop – la face supérieure des feuilles. Mais tous deux peinent à couvrir leur face inférieure et l'intérieur du feuillage. Les dépôts sur les grappes sont également faibles.
Dérive : Très contenue
Lors du traitement réalisé début juillet, les deux lycées ont mesuré la perte au sol et estimé la perte en l'air. Le Koléôs n'a dispersé que 4 % de produit sur le sol et 8 % en l'air. Le GSG en a perdu 11 % au sol et à peine 2 % en l'air ! « Ces pulvés polluent beaucoup moins l'environnement que les appareils classiques, observe Mélanie Chenard, directrice de l'exploitation du lycée de Libourne-Montagne. Si au moins ils pouvaient être utilisés près des zones habitées… »
Récupération : Très efficace
Le Koléôs, doté de panneaux grands et larges, récupère 47 % de produit en moyenne sur la saison. Dans une parcelle comportant 15 % de manquants, le taux de récupération atteint le record de 78 % au stade 5 à 6 feuilles. Il est de 33 % au stade grain de pois et, fait surprenant, remonte à 42 % à la fermeture de la grappe. « Nous avions écimé juste avant le traitement. La haie foliaire était plus perméable », explique Alex Barrau, directeur d'exploitation de Château la Tour blanche.
De son côté, le Lipco GSG récupère en moyenne 38 % de la bouillie diffusée, un beau résultat au regard de la taille de ses panneaux, presque deux fois moins larges que ceux du Dhugues. Cela tient à la spécificité des flux tangentiels. Ces derniers, en même temps qu'ils projettent le produit, aspirent la bouillie passée au travers du feuillage et venant du côté opposé. La circulation de l'air, en boucle entre les panneaux, optimise à la fois la pulvérisation et la récupération.
Facture phyto : De belles économies
Les deux exploitations ont comparé l'économie réalisée avec les panneaux récupérateurs par rapport à un programme à pleine dose tout au long de la saison et par rapport à Optidose, un module consistant à adapter les doses à la végétation et au risque de maladie, qu'ils appliquent déjà. Le lycée de la Tour blanche a réalisé sept passages durant la saison. S'il avait réalisé tous les traitements à pleine dose, l'IFT aurait été de 13 et le coût de 283,60 €/ha. Avec le programme Optidose, l'établissement a déboursé 176,50 €/ha pour un IFT de 8,2. Grâce au Koléôs, la dépense tombe à 101,80 €/ha et l'IFT à 4,8.
À Libourne, les résultats sont un peu différents. Le lycée a réalisé onze passages qui lui auraient coûté 725,70 €/ha à pleine dose pour un IFT de 19. Avec le programme Optidose, il a payé 536,70 €/ha pour un IFT de 14,4. Grâce au GSG, la dépense en phytos a chuté à 423,90 €/ha et l'IFT à 10,9.
Débit de chantier : Le bât blesse
Les deux appareils sont peu énergivores. Le tracteur qui entraîne le Koléôs affiche une consommation horaire très raisonnable de 5,5 litres. Celui qui emmène le GSG ne brûle que 3 l/h. Cependant, ramenée à l'hectare, l'économie de carburant est très relative, car les deux appareils ne pulvérisent que deux rangs par passage. Leur débit de chantier en souffre. Le Koléôs traite 1,46 ha/h et le GSG, dans des rangs courts, seulement 1,15 ha/h.
Dans les deux cas, c'est deux fois moins que les appareils utilisés habituellement sur les deux exploitations : un pneumatique traitant trois rangs en face par face à la Tour blanche et un appareil à jets portés protégeant quatre rangs en face par face au lycée Libourne-Montagne.
Côté pratique : Des appareils maniables mais pas très stables
Les deux tractoristes, Matthieu Lalet, à Libourne-Montagne, et Benoît Constantin, à la Tour blanche, ont apprécié la commodité des appareils. « L'écartement des essieux du Lipco permet une bonne stabilité et la faible émission de bruit rend la conduite confortable. L'appareil est aussi facile à nettoyer », souligne le premier. « Le Koléôs est facile d'utilisation. Il est assez performant tant qu'il n'y a pas de contre-pente », remarque le second.
Signalons que le Koléôs peut être équipé d'un essieu bogie et de roues stabilisatrices en bas des panneaux extérieurs. Lipco propose également l'essieu bogie en option sur le GSG.