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À Pommard, le vignoble a été atteint à 80 %. Il s'agit de la troisième année de grêle. © R. LAFABREGUE/AFP PHOTO
La fleur s'étant bien déroulée et la pression phytosanitaire restant basse, les viticulteurs espéraient un millésime 2014 plus faciles que les deux précédents. Était-ce trop beau pour être vrai ? En ce mois de juin, des orages de grêles se sont abattus sur de nombreuses régions, mettant à mal ce calme trompeur.
Gironde, Charentes : Une nuit dantesque
Une vague orageuse et son cortège de grêlons ont déferlé sur le Médoc dans la nuit du 8 au 9 juin. Le nord-est de la zone, et particulièrement les communes de Prignac-en-Médoc, Blaignan, Ordonnac et Saint-Yzans-de-Médoc, ont été sévèrement touchés.
Hugues Delayat, propriétaire du château Hourbanon, situé sur la commune de Prignac-en-Médoc, n'a pu que constater les dégâts. « J'ai vu les efforts de l'année réduits à néant. Il n'y avait plus de feuillage. Entre 60 et 90 % des grappes ont été détruites », lâche-t-il. Ce vigneron, qui a déjà perdu 70 % de sa récolte au printemps 2013, va faire le dos rond une nouvelle fois.
Des mesures de soutien sont demandées par l'interprofession afin d'aider les viticulteurs sinistrés qui ne sont pas assurés. Entre autres, ils souhaitent bénéficier d'une exonération sur le foncier non bâti et d'un allégement de cotisations sociales. COLETTE GOINÈRE
Les mêmes rafales de vent qu'en Gironde, des grêlons gros comme des balles de ping-pong, puis des trombes d'eau. La nuit du dimanche 8 au lundi 9 juin a aussi été dantesque dans la région de Cognac, et particulièrement sur une bande diagonale large de 10 km allant du sud-ouest au nord-ouest du vignoble. La chambre d'agriculture de Charente estime que 8 000 ha sont endommagés.
Les dégâts sont variables mais, pour certaines parcelles, la perte de récolte est de 100 %. « Les rameaux sont abîmés, les grappes coupées », constate tristement Philippe Bouyer, viticulteur entre Pons et Cognac. Se pose déjà la question de la taille l'hiver prochain et de la difficulté à trouver des bois sains.
Deux réunions, présidées par le préfet de Charente, se sont déroulées le 12 et 16 juin. Plusieurs mesures, telles que la possibilité de réaménager les cotisations sociales MSA ou d'avoir recours à l'activité partielle pour les salariés des exploitations sinistrées, ont été annoncées. Une nouvelle réunion est prévue courant juillet afin d'étudier de nouvelles mesures. MYRIAM GUILLEMAUD
Bourgogne : L'acharnement
Plus de 2000 ha de vignoble ont été détériorés par la grêle, a indiqué le 1er juillet la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB). Suite aux violents orages du 28 juin, des dégâts sont à déplorer sur un large secteur allant du Beaujolais à la Côte de Nuits.
Le secteur du Nord Mâconnais, particulièrement à Plottes (Saône-et-Loire), a subi de terribles dégâts. « Jusqu'à 100 % de pertes de récolte, avec des baguettes marquées par les grêlons », déplore Marc Sangoy, le président de la cave de Lugny. Plus au nord, dans le Chalonnais, ce sont les secteurs de Laives, Bray, Saint-Boil et Etiveau qui ont également été fortement touchés (jusqu'à 80 % de pertes).
Mais c'est sur la côte de Beaune, encore une fois, que les plus importants dégâts sont à déplorer. En Côte-d'Or, les vignobles de Beaune, Pommard et Volnay ont été atteints à 70-80 %. Soit 475 ha touchés à Beaune, 340 à Pommard et 250 à Volnay. Dans le vignoble de Meursault, 360 ha ont été sinistrés à 80 % pour certains grands crus. Des dégâts sont également recensés à Ladoix et Aloxe-Corton ainsi qu'une partie des secteurs de Vosne, Chambolle et des Hautes côtes de Nuits.
Une centaine de viticulteurs ont manifesté leur inquiétude devant la sous-préfecture de Beaune le lundi 30 juin. Ils espèrent tous un soutien de l'état.
CÉDRIC MICHELIN
Languedoc : Plusieurs coups durs
Un orage de grêle particulièrement violent a touché le vignoble de La Clape, proche de Narbonne (Aude), le vendredi 13 juin. La chambre d'agriculture a évalué à 250 ha la surface endommagée avec des dégâts allant de 40 à 100 %.
Au niveau de l'épicentre de la cellule orageuse, dans le secteur de Moujan et de Ricardelle, ni les grappes et encore moins les feuilles ont réchappé au déluge. Pour le domaine de la Ricardelle (27 ha) et le château de la Ricardelle (38 ha), la totalité de la récolte est perdue.La violence de l'orage a même endommagé les bois et les bourgeons latents, ce qui compromet fortement la récolte du millésime prochain. Les phénomènes de grêles étant rares dans la région, les deux propriétés avaient renoncé depuis quelques années à souscrire une assurance.
Quelques jours plus tard, de nouveaux orages ont éclaté dans la plaine narbonnaise (18 juin) et sur le Razès, à l'ouest du département (23 juin). Les dégâts constatés sont variables en fonction des secteurs (10 à 80 %).
À ce jour, aucune mesure de soutien pour les viticulteurs sinistrés n'a été prise. Une demande de dégrèvement de l'impôt foncier et des cotisations MSA a été demandée à la DDTM.
ADÈLE ARNAUD
